09/02/2023
Parmi les enfants accueillis par les REGNIER à Alligny en Morvan, chez qui Jean GENET a été placé en 1911, Lucie WIRTZ tient, peut-être, une place particulière: dans cette famille pendant au moins cinq ans de 1906 à 1911, elle a été choisie comme marraine de Jean GENET quant il a été baptisé à son arrivée et a été parfois sa confidente. Lucie et ses frères et soeurs seront tous placés à l’assistance publique à la mort de leur mère et confiés , pour la plupart à des familles du Morvan.
Christian WIRTZ, le père de Lucie, est né en 1865 à Schmittviller en Moselle , il est le sixième des douze enfants du deuxième mariage de Nicolas WIRTZ, cordonnier, avec Angélique FREIS. A 25 ans, il est ébéniste à Nancy, ses parents ayant rejoint Paris, il vit avec une ouvrière originaire de la Haute-Saône âgée de 19 ans Marie Madeleine STREICHER qu’il épouse le 26 novembre 1890. Marie Madeleine attend leur premier enfant Emile Antoine Nicolas qui né le 2 février qui suit. En 1891 ou 1892 le couple part pour la région parisienne, ils s’installent à Saint-Denis (93), lui est toujours ébéniste, elle travaille comme journalière, ils ont un deuxième fils Eugène en décembre 1892. Ils déménagent pour Montreuil (93), Christian est devenu gardien de la Paix, son épouse est toujours journalière, une petite fille Marie Madeleine Angélique (1895-1937) y naît en mai 1895, son oncle Joseph WIRTZ sera un des témoins de la naissance. Un an et demi plus t**d, une deuxième fille voit le jour: Madeleine Mélanie; suivront Christian Georges en février 1898, Lucie Joséphine en octobre 1899 et Germaine en avril 1901 à l’Hôpital Saint-Antoine dans le 12ème arrondissement de Paris. Moins d’un an plus t**d, le 24 février 1902, se joue le drame qui va bouleverser la vie de ces enfants, leur mère Marie Madeleine STREICHER qui a juste trente ans, décède dans leur maison de Montreuil; veuf et seul avec sept enfants, Christian WIRTZ, simple sergent de ville doit se résoudre à confier ceux-ci à l’assistance publique de Paris en mars de la même année, tout en se promettant de les faire revenir auprès de lui quand cela sera possible (ce qu’il fera à leur majorité). Un drame n’arrivant jamais seul, la petite Germaine, la benjamine des enfants décède le 10 avril de la même année, cinq jours avant son premier anniversaire, chez sa famille nourricière, les GIRARD, à Alligny en Morvan ou elle avait été placée le mois précédent dans le même hameau que sa soeur Madeleine Mélanie. Que vont devenir les autres frères et soeurs?
L’aîné des enfants Emile François Nicolas WIRTZ né à Nancy en février 1891, est, comme ses frères et soeurs, placé à l’assistance publique en mars 1902 suite au décès de sa mère et probablement, comme eux, confié à une famille d’accueil du Morvan. Il tombe rapidement dans la délinquance, il encourt, dés quinze ans, sa première condamnation pour “bris de clôture”. Sans domicile fixe et vivant du produit de ces rapines, ce robuste et vigoureux jeune homme enchaîne les délits avec différents complices (vols principalement), la fuite et les condamnations (aux nombre de sept), jusqu’au 25 septembre 1912 ou il est définitivement condamné par les assises de l’Indre, à cinq ans de travaux forcés pour l’ensemble de ces délits, il est immédiatement écroué, embarqué sur le navire “La Loire” et envoyé au bagne de Guyane. Il est probablement dirigé vers le bagne de Saint-Laurent (-du-Maroni) ou camp de la transportation car c’est dans cette commune pénitentiaire qu’il décède le 25 mars 1914 à l’age de 23 ans.(1)
Eugène, le deuxième fils né à Saint Denis (93) le 19 décembre 1892, confié lui aussi à l’assistance publique de Paris en 1902, est placé à Alligny en Morvan dans la Nièvre, comme le sera sa soeur Lucy. A 13 ans il est domestique chez Annette GILLOT une cultivatrice du hameau du Marnay, v***e vivant avec son fils meunier et sa mère. Il retrouve dans les années 1910, à Aubervilliers, son père qui s’est remarié. En octobre 1913, il est incorporé dans les régiments de dragons puis de cuirassiers et participe à la campagne contre l’Allemagne jusqu’en août 1919, il s’y distingue, est cité à l’ordre de la division et du régiment (2), est blessé gravement, par b***e, à la main droite et reçoit la Croix de guerre avec étoile d’argent. Enfin libéré, il se marie à son tour à Aubervilliers, en décembre 1919 avec une parfumeuse de vingt ans (il en a vingt-sept), Alice Louise GIRARD (1899-1986). En 1921, il est toujours installé dans cette commune, avec son épouse et leur petite fille d’un an Marceline (Alice Eugénie)(1920-) il y est mécanicien aux usines Saint-Gobain ou son père est gardien et un temps sergent de ville. L’année suivante naît en janvier une deuxième fille Renée Louise (1922-1991), Eugène devient gardien de la paix (parfois nommé sergent de ville), il est domicilié un temps à la préfecture de police de Paris, ils sont de retour à Aubervilliers en décembre 1928. En octobre 1932, il est condamné en correctionnelle à un mois de prison avec sursis et 100fr d’amende pour homicide et blessures par imprudence; un accident automobile du trois décembre précédent ou il a renversé avec son véhicule deux piétons dont l’un deux décédera; cette condamnation lui valu le triste honneur des rubriques judiciaires de la presse régionale qui le surnomma “l’agent écraseur”. En 1939, au mariage de Marceline devenue cartonnière, avec un plâtrier d’origine portugaise, Afonso FERNANDES (1907-), la famille est toujours à Aubervilliers, Eugène est toujours gardien de la paix malgré sa condamnation (probablement dans la police municipale). Sa deuxième fille Renée Louise (1922-1991) épousera par procuration (3) en novembre 1941, Georges Maurice PEIGNÉ (1919-19871) prisonnier à l’Arbeit 698 du stalag IIIB. Eugène WIRTZ décèdera à Saint Denis (93) en 1980 à 87 ans, sa v***e le suivra au même âge en 1986 à Clichy (92).
Marie Madeleine Angélique WIRTZ (1895-1937), la première fille de Christian WIRTZ et Marie Madeleine STREICHER, sera placée, comme ses frères et soeur, à l’assistance publique de Paris en mars 1902 après la mort de sa mère et comme eux, confiée à une famille morvandelle. En 1906, elle est pensionnaire chez Jean CARRION et Jeanne NARJOLLET, un couple de meuniers dans la soixantaine, de Marnay à Alligny en Morvan et originaire de Saône et Loire, ceci dans le même hameau ou son frère Eugène est domestique et à moins de trois kilomètres de la maison de la famille REGNIER qui s’occupe de sa petite soeur Lucie. En 1918 de retour chez son père à Aubervilliers et devenue journalière, elle épouse à 22 ans, Louis Stanislas DEMARS (1891-1959) un mécanicien, fils de cultivateurs locaux, de quatre ans son aîné originaire de La Courneuve, citée voisine, et qui vit à la même adresse qu’elle. Ils resteront toute leur vie à La Courneuve et auront pas moins de six enfants qui pour la plupart fonderont une famille. Marie Madeleine WIRTZ décédera en 1937 à 42ans, Louis Stanislas DEMARS en 1959 à 67 ans.
La deuxième fille et quatrième enfant Madeleine Mélanie WIRTZ (1896-1989) voit le jour à Montreuil en décembre 1896. Comme ses aînés, confiée à l’assistance publique de Paris, elle est placée dans une famille d’Alligny en Morvan: Jean BOIRE maréchal-ferrant et son épouse Jeanne BIDEAULT au hameau de Fétigny à quelques kilomètres seulement de ses frères et soeurs. En octobre 1919, de retour chez son père à Aubervilliers, devenue journalière puis mécanicienne, elle épouse à 22ans, Henri Fernand LEGRAND (1894-1974) un plombier de trois ans son aîné, tout juste sorti de l’armée ou il s’était engagé volontairement pour quatre ans et à peine remis d’une blessure à l’épaule par b***e reçu à Binarville (Bataille de l’Argonne) en octobre 1918. Ils divorceront sept ans plus t**d (octobre 1926) (Henri Ferdinand LEGRAND se remariera en 1931 dans le Val d’Oise avec Henriette Philomène STRAUMANN (1900-1994) et décédera en 1974 à Montmorency, même département). Madeleine Mélanie épouse en 1927 à Aulnay sous Bois (93) en seconde noce Maurice MUNSCH (1893-1961), employé au chemin de fer du Nord, lui-même divorcé, qui décédera à 68 ans à Avallon (89). Madeleine Mélanie WIRTZ décédera au même lieu en 1989 à l’age honorable de 92 ans, on ne lui connaît pas de descendance de ses deux mariages.
Christian Georges WIRTZ……à suivre……