09/10/2025
VÉRIF' - UN LIEN ENTRE VACCINATION CONTRE LE COVID-19 ET CERTAINS CANCERS A-T-IL ÉTÉ RÉVÉLÉ PAR 2 ÉTUDES ?
Le microbiologiste Didier Raoult relaye deux études censées prouver des liens entre vaccination contre le Covid-19 et cancer.
Les auteurs des études eux-mêmes ne s'avancent pas jusqu'à cette conclusion.
Des biais méthodologiques indiquent que le lien de cause à effet n'est pas établi.
Les liens entre vaccination contre le Covid-19 et risques de cancer sont un serpent de mer de la désinformation. À quelques jours du début de la campagne de vaccination, prévue le 14 octobre, le microbiologiste français controversé Didier Raoult alimente à nouveau cette théorie. Sur son compte X, suivi par 1 million d'abonnés, le praticien affirme en effet que "deux études, une italienne et une sud-coréenne (…) rapportent des augmentations des cancers chez les vaccinés de +37%" allant même jusqu’à "+157% sur les cancers du pancréas".
Toujours selon Didier Raoult, ces études auraient été menées pendant un an sur des patients, mettant ainsi en avant "ce qui était indétectable dans les études brèves comme celles réalisées dans le covid sous la pression de Gates et de l’OMS". Que peut-on dire de ces études et sont-elles vraiment fiables ? On fait le point.
Une étude italienne qui reconnaît ses propres limites
La première étude citée a été menée dans la province de Pescara, en Italie, entre juin 2021 et décembre 2023 sur 296 015 patients et a été publiée en juillet 2025. Les auteurs y sont bien moins affirmatifs que Didier Raoult. On peut notamment lire que "les résultats concernant l'association entre vaccination anti-SARS-CoV-2 et hospitalisation pour cancer doivent être considérés comme préliminaires et nécessitent des études complémentaires avec des données plus complètes et un contrôle plus fin des facteurs confondants". L’étude envisage d’ailleurs plusieurs hypothèses qui pourraient expliquer certains cas de cancers : par exemple, les données sur le tabagisme des patients n’étaient pas disponibles. Impossible de savoir si un cancer a été causé par le fait que la personne fumait.
Autre élément reconnu par les auteurs : l'étude porte uniquement sur des patients hospitalisés, dont la majorité était plus âgée que les non-vaccinés, et donc plus susceptibles d’avoir des cancers. Les personnes vaccinées avaient également davantage de facteurs de risques comme du diabète ou de l’hypertension. Et surtout, on peut lire que : "Dans l'échantillon étudié, 3, % des individus présentaient des antécédents d'hospitalisation pour cancer, 2,3% chez les non-vaccinés, 4,2% chez ceux ayant reçu au moins une dose, et 4,6% chez ceux ayant reçu au moins trois doses". Ainsi, les patients vaccinés avaient déjà contracté des cancers par le passé, sans que cela soit lié au vaccin.
Pour le docteur Barrière, cancérologue et membre du Conseil scientifique de la Société française du cancer, le rapport italien cite par ailleurs une autre étude "bien connue" publiée dans la r***e Food and Chemical Toxicology et largement contestée par la communauté scientifique. "Cette étude s’appuie sur des bases de données établies à partir de déclarations de patients qui rapportent leurs effets secondaires du vaccin contre le Covid-19", explique le spécialiste. "Il n’y a pas de vérification médicale de ce qu’ils rapportent". Jérôme Barrière résume : "Dans cette étude italienne, aucune explosion de cancers n'est mise en évidence : au contraire, après un an, plus aucune différence notable n’apparaît. L’étude indique donc surtout un bénéfice des vaccins avec une baisse de la mortalité, sans signal clair de dangerosité sur le cancer".
Une étude coréenne avec un "biais de surveillance"
La deuxième étude citée par Didier Raoult vient de Corée du Sud, et est en réalité une lettre de plusieurs chercheurs à la rédaction de Bio Marker Research, une r***e biomédicale en libre accès. Publiées le 26 septembre dernier, les recherches ont été menées sur 8 millions de personnes à partir des données de l’assurance maladie coréenne. Les auteurs y précisent qu’ils étudient des "associations observées entre la vaccination contre la COVID-19 et l'incidence du cancer" mais ne parlent jamais de relation de cause à effet. Par ailleurs, l’étude précise qu’aucune vérification clinique ou biologique auprès des 8 millions de patients n’a été effectuée.
La publication a été critiquée par la communauté scientifique : l’étude aurait un "biais de surveillance" car les personnes qui ont fait l'objet de l'étude étaient des patients vaccinés ayant eu un contact avec le système de santé coréen. Or, une personne présente à l'hôpital réalise potentiellement de multiples examens, et a donc davantage de chances de se faire dépister un cancer.
Dernier élément : les chercheurs ont rapporté que certains cancers étaient diagnostiqués un peu plus fréquemment chez les vaccinés que chez les non-vaccinés sur un an de suivi. Or, "un délai d’un an est trop court pour qu’un vaccin provoque un cancer solide détectable : il faut des années pour qu’une tumeur se forme et soit diagnostiquée", explique le docteur Barrière. Ainsi, les choix effectués pour cette deuxième étude auraient artificiellement gonflé les chiffres, et le résultat mesuré ne serait pas lié au développement de cancers, mais à leur meilleur dépistage.
Jérôme Barrière alerte ainsi sur ces articles et études qui donnent du grain à moudre aux complotistes. "Cette littérature frauduleuse sert à des citations mensongères, et en bout de chaîne, des personnalités influentes vont citer ces études comme preuve". Selon le spécialiste, il n’existe à ce jour pas plus d’une dizaine de cas de lymphomes dans le monde qui pourraient avoir été causés par une vaccination contre le Covid-19. "Cela peut créer une inflammation qui peut potentiellement avoir un impact sur le contrôle immunitaire de la personne sur sa maladie, mais on ne peut absolument pas être formel sur le lien de causalité", tranche le cancérologue.
Pour l’heure, il existe davantage d’études en oncologie prouvant que la vaccination contre le Covid-19 sauve des vies que l’inverse : ainsi, cette étude française de novembre 2021 portant sur un peu plus de 1 500 patients atteints d'un cancer montre que deux doses de vaccins ont significativement réduit les infections et les décès. Aucun lien n'a pour l’heure été prouvé entre vaccination et risque de cancer, comme le rappelait le Centre de recherche contre le cancer britannique en septembre dernier. De son côté, Santé publique France indiquait dans cette note de juillet 2023 que la pandémie de Covid-19 n'avait pas entraîné un excès d’hospitalisations pour cancer après le premier confinement.
Source : TF1 Info - https://www.tf1info.fr/sante/verif-un-lien-entre-vaccination-contre-le-covid-19-et-certains-cancers-a-t-il-ete-revele-par-2-etudes-actualite-2292236.html
(JT 13h Semaine)
par A.C
Publié hier à 14h44, mis à jour hier à 14h51
Source : JT 13h Semaine
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