
18/09/2025
Choisir, ce n’est pas distinguer le bien du mal, ni mesurer le juste à l’injuste.
Un choix n’est pas une morale : il est un passage, une porte ouverte vers une expérience dont il faudra accueillir les fruits et les ombres, dont il faudra assumer les conséquences.
L’amant refuse le choix. Choisir, pour lui, c’est déjà perdre. Alors il se tient dans l’entre-deux, suspendu dans la promesse infinie de ce qui pourrait être. Il confond liberté et indécision, croyant préserver l’éclat fragile du « tout est possible ».
Le guerrier ne connaît pas ce luxe. Pour lui, choisir, c’est survivre. Chaque décision est tranchante, immédiate, sans détour. Ni bien ni mal, ni passé ni futur : il y a l’instant, l’efficacité, la loyauté. Tout le reste n’est que bruit inutile.
Le roi, lui, choisit au nom du bien-être de son entourage, tant que celui-ci le reconnaît. Il sait consentir à des sacrifices pour le futur et prendre des décisions inconfortables pour assurer un confort durable. Mais le roi n’est pas exempt de vanité : parfois, son choix n’est que l’écho de son désir de puissance et du trône qui le soutient.
Le magicien, enfin, choisit en doutant. Son choix n’est jamais définitif car il est en recherche perpétuelle, une question en appelant une autre. Il déconstruit, observe, réfléchit, afin d’approcher le plus juste possible. Mais ce désir de comprendre peut l’enfermer dans l’infini du possible, jusqu’à le priver du geste simple qui tranche et engage.
Ainsi, chaque choix révèle une posture intérieure : fuite, nécessité, responsabilité ou quête. Et peut-être que choisir, au fond, n’est rien d’autre qu’accepter d’être transformé par ce que l’on a décidé.