20/08/2025
Hommage à un guerrier gentilhomme,
Mon père est mort le 6 juin 2025 à l’âge de 73 ans.
Ce qu’il a fait avant son départ m’a remplie, ainsi que mes proches, de force, de courage et d’envie de vivre dans la joie et la légèreté.
Mon père était atteint d’une double leucémie aigüe qui s’est déclarée il y a un an et demi.
Il a fait une chimiothérapie qui lui a laissé un peu de répit mais lorsqu’il est retourné à l’hôpital récemment suite à une infection, les médecins nous ont annoncé que c’était la fin, qu’il ne lui restait plus que 3 jours, peut-être un peu plus, à vivre.
Après cette annonce brutale, nous avons suspendu nos activités pour être auprès de lui.
Plus que 3 jours à vivre...
Que fait-on après une telle annonce ?
Mon père nous a dit : « je veux faire, comme dans la chanson de Brel, un dernier repas ; une fête en famille »
Le lendemain, nous faisions ce repas chez l’une de mes sœurs.
Étrangement, nous étions tous joyeux. Qui aurait pu penser en voyant cette scène de vie que c’était bientôt la fin de l’un d’entre nous. Nous regardions de vielles cassettes vidéo du temps où nous vivions ensemble, écoutions des musiques que mon père aimait, mangions un bon steak-frites dont il avait envie. Il voulait quelque chose de simple, de quotidien.
Les jours suivants, nous continuions sur cette lancée, dans la chambre d’hôpital, nous nous rappelions nos souvenirs hilarants. Nous avons beaucoup rit. Mon père et ma mère ont dansé leur dernier slow. Parfois les larmes montaient mais quelque chose nous portait et nous restions légers le plus possible.
Les 3 jours sont passés, mon père était toujours en vie.
Alors, chaque nouveau jour était devenu un jour de gratitude.
Il recevait la visite de ses petits enfants, beaux fils, des appels téléphoniques de ses frères et belles sœurs, de ses amis, nous lui lisions les sms que nous recevions. Chacun lui témoignait sa joie de l’avoir connu.
Et nous écoutions ses musiques et chansons préférées. Il aimait beaucoup la musique.
Je lui ai fait un soin d‘acupressure pour l’apaiser et pouvoir le toucher encore un peu.
Je lui ai raconté des histoires...
Mon père, ancien militaire, ne voulait ni se lamenter ni pleurer.
« je ne veux pas ouvrir cette porte » nous disait-il.
Il voulait juste profiter de notre présence et nous de la sienne.
Il nous a quitté 10 jours après l’annonce des médecins.
La veille encore, il découvrait avec émerveillement l’histoire d’Hermès, le petit dieu messager de l’Olympe qui volait au dessus du monde...
Il s’est envolé lui aussi, assisté par la douce équipe de soins palliatifs.
Malgré le chagrin de son absence, je continue d’être remplie de cette joie de vivre qu’il a voulue pour nous avant son départ, de la chance que nous avons eu que cela se soit passé ainsi.
Depuis, je n’ai jamais été autant consciente que je pouvais mourir à tout moment, que ceux et celles que j’aime pouvaient disparaitre soudainement, que l’humanité, le monde étaient à ce point impermanent.
Mais, comme me l’a montré mon père : je ne veux pas laisser de place aux ruminations, aux inquiétudes, à la peur, face à la perte, face à l’incertitude, face aux crises diverses et variées.
Je veux profiter de tout ce dont la vie me fait cadeau ; écouter de la musique, apprendre le piano, peindre, chanter, aimer, soigner, me réjouir d’accompagner les personnes qui viennent à mon cabinet, faire des soins, animer des ateliers, monter des spectacles, apprendre, passer des moments de qualités avec ma famille, mes amis, marcher dans la nature, méditer...