23/06/2025
Tu vois cette femme ? Elle s’appelait Grazia. Grazia Deledda.
On s’est moqué d’elle, on l’a fait taire, on l’a méprisée…
pour avoir commis une “erreur” : être née femme.
À une époque où écrire était un privilège réservé aux hommes,
elle a osé penser, créer, rêver.
Et elle l’a payé cher.
Elle est née en Sardaigne, dans les m***agnes de Nuoro,
une terre aussi rude que les idées qui y régnaient.
Là-bas, on n’apprenait pas aux filles à imaginer un avenir.
On les dressait à obéir.
À neuf ans, Grazia a dû quitter l’école.
L’instruction, lui dit-on, n’était pas nécessaire pour une femme.
Mais elle refusa cette condamnation.
En secret, elle continua à apprendre, à nourrir son esprit de livres
et son âme de mots —
loin des regards de ceux qui la voulaient docile.
Adolescente, elle publia sa première nouvelle dans une r***e.
Pour elle, ce fut un triomphe intime, une étincelle de liberté.
Pour son village, un scandale.
Une femme qui écrit, qui pense, qui s’exprime… c’était intolérable.
Les voisins murmuraient, le curé la condamnait depuis la chaire,
et même sa propre famille lui tourna le dos.
Car à cette époque, une femme devait rester à sa place : à la maison, pas dans les livres.
Mais Grazia n’était pas une femme ordinaire.
Elle était du feu déguisé en silence.
Et elle écrivait la nuit, quand tout le monde dormait,
remplissant le monde d’histoires… pendant que le monde l’ignorait.
Un jour, elle partit vivre à Rome avec un homme qui fit toute la différence : Palmiro Madesani.
Ce n’était pas un simple mari.
Il fut son complice, son refuge, son moteur.
Tandis que la société les jugeait — une écrivaine, et un homme qui la soutenait —
eux répondaient par le calme et la ténacité.
Car quand on sait où l’on va, il n’est pas nécessaire de crier.
Grazia écrivait ce qu’elle connaissait :
des femmes qui aiment et qui souffrent,
des hommes brisés par la vie,
des paysages aussi rugueux que son enfance.
Son œuvre était intime, viscérale, puissante.
Et un jour, ce monde — celui-là même qui l’avait ignorée, méprisée, rendue invisible —
a dû l’écouter.
En 1926, Grazia Deledda,
la “petite femme sarde”,
avec sa scolarité interrompue mais un courage sans bornes,
reçut le Prix Nobel de Littérature.
Et lorsqu’elle m***a sur scène pour le recevoir,
elle n’était pas seule.
À ses côtés se tenait Palmiro.
Pas comme une ombre,
pas comme un faire-valoir,
mais comme il l’avait toujours été :
un homme qui savait aimer sans peur, sans égo, sans besoin de dominer.
Car aimer vraiment, ce n’est pas posséder.
C’est accompagner, élever, croire quand personne d’autre ne le fait.
Mais son plus grand triomphe n’a pas été le Nobel.
Son plus grand triomphe, c’est d’avoir défié des siècles de soumission sans élever la voix.
C’est d’avoir écrit…
jusqu’à ce que le monde n’ait plus le choix que de l’écouter.
Grazia n’a pas demandé la permission.
Elle a pris sa place.
Et ce faisant, elle a ouvert la voie à des millions de femmes qui ne veulent plus demander non plus.
Elle n’a pas gagné par la colère.
Elle a gagné par la force du caractère.
Et à travers chaque page, elle nous a laissé une leçon qui ne vieillit jamais :
Certaines batailles ne se gagnent pas en criant.
Elles se gagnent en écrivant.
Elles se gagnent en écrivant.