28/04/2022
Platon et la Sophrologie
Le mythe de la caverne Ă©crit par Platon est extrĂȘmement intĂ©ressant Ă Ă©tudier et bien connu des sophrologues. En effet, le professeur Alfonso CaycĂ©do, fondateur de la Sophrologie, utilise cette allĂ©gorie pour illustrer les diffĂ©rentes Ă©tapes de dĂ©voilement de la conscience au cours dâune pratique rĂ©guliĂšre.
Je trouvais intĂ©ressant de revisiter avec vous ce mythe et de vous en parler avec cette approche spĂ©cifique, pour que vous puissiez vous reprĂ©senter lâobjectif fondamental de la pratique.
LâAllĂ©gorie de la caverne se retrouve au livre VII de La RĂ©publique Ă©crit par Platon courant du 4Ăšme siĂšcle avant JC. Je vous conseille, si cela nâest pas dĂ©jĂ fait, (ou si cela remonte Ă votre cours de philosophie de terminale), de (re)lire La caverne. Le mythe ne fait que 2 ou 3 pages qui se trouvent facilement en pdf via internet.
Platon y rapporte une discussion entre Socrate et un disciple, Glaucon, sur les sujets de lâignorance et de lâinstruction.
Socrate dĂ©crit le monde dans lequel vivent les humains comme une caverne. Ils y vivent dans son fond, depuis la naissance, enchaĂźnĂ©s par les jambes et par le cou, de sorte quâils ne peuvent pas tourner la tĂȘte. La lumiĂšre vient dâun feu, derriĂšre eux, allumĂ© en hauteur et projette sur le mur du fond de la grotte les ombres des objets qui se trouvent entre eux et le feu.
Les humains, qui nâont jamais rien vu dâautres que ces ombres, et qui nâont pas la possibilitĂ© de voir la scĂšne autrement, sont persuadĂ©s quâil sâagit des objets eux mĂȘme. Ces ombres sont leur rĂ©alitĂ©. Il ne leur est pas possible dâimaginer que les vrais objets se trouvent derriĂšre eux et que ce quâil voit ne sont en fait que des ombres projetĂ©es.
Pour faire simple, pour Platon, les ombres projetĂ©es sur le mur de la grotte sont le monde de lâignorance. Dans le langage courant, nous pourrions appeler cela la rĂ©alitĂ© subjective dâune personne. Câest la perception quâelle a de sa rĂ©alitĂ© compte tenu de sa propre situation.
En Sophrologie, nous appelons cet Ă©tat de conscience, la conscience ordinaire ou naturelle. Câest la conscience qui mâest transmise par ma famille, mon milieu au sens large, le lieu oĂč je vis, lâĂ©poque Ă laquelle je vis etc. En dehors de toute prise de conscience.
LĂ oĂč se trouve les objets projetĂ©s et non plus leur ombre, est le monde de lâĂ©ducation de Platon. Câest ce que nous pourrions appeler la rĂ©alitĂ© objective. Câest Ă dire ce qui apparaĂźt, ce qui est, avec une neutralitĂ© dâaffect, une suspension de jugement, et donc en dehors de toute situation spĂ©cifique subjective. La rĂ©alitĂ© objective ne peut sâentrevoir quâen ayant conscience de sa propre subjectivitĂ©.
En Sophrologie, CaycĂ©do dĂ©crit cette rĂ©alitĂ© comme celle qui se dĂ©voile au fur et Ă mesure des pratiques rĂ©pĂ©tĂ©es de sĂ©ances. En effet, durant les sĂ©ances de Sophrologie, la personne qui pratique est invitĂ©e Ă lĂącher prise sur son savoir et ses croyances. Elle est invitĂ©e Ă se reconnecter Ă ses ressentis, Ă ce qui est lĂ ici et maintenant, et Ă se dĂ©tacher de ses mĂ©canismes mentaux, de ses reprĂ©sentations, de ses automatismes, de ses mĂ©canismes de dĂ©fense. Elle est invitĂ©e, petit Ă petit, Ă prendre conscience de ses filtres, quâelle met sur lâexistence, et donc de sa subjectivitĂ©, pour sâen dĂ©tacher.
Et enfin lâextĂ©rieur de la caverne est le monde de la connaissance de Platon. Câest lâobjectif du Philosophe, sa quĂȘte du savoir, de la vĂ©ritĂ© et du sens.
En Sophrologie, nous appelons cela la conscience sophronique, câest lâobjectif fondamental, la visĂ©e existentielle de la pratique. Câest une conscience de Soi en train de vivre dans lâici et maintenant, libĂ©rĂ©.e de ses conditionnements et reprĂ©sentations construites. LibĂ©rĂ©.e des mĂ©canismes de dĂ©fense qui ne nous sont plus utiles ou qui ne nous appartiennent pas. Câest ĂȘtre conscient de sa propre subjectivitĂ© pour permettre une transformation. Ce qui permet une toute nouvelle relation Ă Soi, aux autres et au monde.
Pour aller plus loin, Platon tire plusieurs leçons de cette situation dans laquelle se retrouve les humains enchainés dans cette grotte:
Socrate explique Ă Glaucon quâil serait maltraitant de dĂ©livrer une personne de ses chaĂźnes et de lâentrainer dehors pour lui dĂ©voiler la rĂ©alitĂ©. Elle serait complĂštement Ă©blouie par la lumiĂšre extĂ©rieure, ne comprendrait pas ce qui lui arrive, et cela pourrait violemment la dĂ©stabiliser en laissant toutes les fondations de son univers sâeffondrer. Ainsi Socrate explique Ă son disciple que la dĂ©couverte de la rĂ©alitĂ© objective ne peut ĂȘtre que volontaire, personnelle et se faire petit Ă petit.
En Sophrologie, comme dans dâautres pratiques, on ne touche pas aux croyances des personnes qui nous consultent. On les accompagne pour quâelles aient les ressources pour tourner elles-mĂȘme la tĂȘte, si elles le souhaitent, et Ă leur propre rythme. Il est trĂšs important que le praticien Ă©coute de façon bienveillante et sans jugement, sans projeter ses propres croyances. (Il est pour ça nĂ©cessaire que le sophrologue pratique lui-mĂȘme personnellement et rĂ©guliĂšrement). Selon la structure de la personne qui nous consulte et la rigiditĂ© de cette structure, agir diffĂ©remment sera au mieux contre productif au pire cela peut ĂȘtre violent et dĂ©stabilisant.
Platon nous explique que si une personne qui a atteint le monde de la connaissance revient dans la grotte pour raconter sa dĂ©couverte aux autres, restĂ©s enchaĂźnĂ©s, il risque de se heurter Ă de lâincomprĂ©hension, Ă de la moquerie, voire de la violence.
Comme dit plus haut, il est contre productif de venir heurter les croyances des autres, et dâessayer de les convaincre par la parole, en dehors de toute expĂ©rimentation. Il faut avoir la sagesse et la patience de laisser chacun se dĂ©faire de ses entraves. Pour cela il faut quâil dispose dâun certain nombre de ressources dont: suffisamment de sĂ©curitĂ© et de confiance.
Le sophrologue, notamment grĂące Ă la relation dâalliance quâil installe, est lĂ pour crĂ©er un environnement sĂ©curisant et sĂ©curisĂ©, pour accompagner cette transformation sans jamais la brusquer ni ĂȘtre dans une posture de suggestion ou de « coaching ». Seule la personne elle-mĂȘme sait ce quâelle ressent et ce qui est juste pour elle. Et il est important quâelle y aille par elle mĂȘme et Ă son rythme.
Le mythe de la caverne a prĂšs de 25 siĂšcles, mais il reste dâune justesse et dâune sagesse profonde. Il peut trouver son application dans bon nombre de dimensions de lâexistence: relation aux autres, Ă©ducation, management etc.
La bonne nouvelle, câest que Platon nous explique quâune fois sorti de la caverne, il ne nous est plus possible de retourner y vivre et de croire que les ombres projetĂ©es sont une rĂ©alitĂ©. La Sophrologie permet dâacquĂ©rir des outils et une mĂ©thode pour sâentraĂźner et se dĂ©tacher de ses croyances, automatismes, schĂ©mas mentaux et mĂ©canismes de dĂ©fense. Sa pratique transforme, car elle transforme notre conscience.
NâhĂ©sitez pas essayer, Ă tester, il y a surement un.e super sophrologue prĂšs de chez vous. Si vous avez des questions ou besoin de renseignements, contactez-moi.
Article complet sur mon blog et ici âŹïžâŹïž
https://www.helene-alexandre-sophrologue.com/post/le-mythe-de-la-caverne-de-platon-all%C3%A9gorie-de-l-objectif-fondamental-de-la-sophrologie