24/11/2025
• 🖤 Journal Intime #36 🖤 •
Quand j’ai vu cette pelle à tarte, je me suis effondrée, car elle m’a fait réaliser 2 choses :
- On ne m’a pas laissé faire le deuil de mon père.
- Je ne me suis pas autorisée à faire son deuil.
Mon père est mort chez lui et c’est avec une pelle à tarte que j’ai décollé le sang séché sur le sol qu’il avait perdu en mourant.
( certes, on se passerait bien de ce genre de détail, mais nous pouvons faire des choses étranges sous l’effet d’un choc psychologique )
Des personnes proches m’ont dit :
« Enfin il est mort ! »
« Bon débarras »
« Tu vas être tranquille maintenant »
« Tu es libre ! »
« Je suis tellement soulagée pour toi, trop bien ! »
« Maintenant tu vas pouvoir être heureuse ! »
« Il faut que tu profites de la vie maintenant ! »
De toute évidence, aux yeux des autres, je n’avais visiblement pas d’autres choix que d’aller mieux et d’être heureuse.
Il est décédé à une période de ma vie où je débutais une relation amoureuse qui m’offrais la vie de famille dont j’avais toujours rêvé.
Alors, j’ai choisi de mettre ce deuil majeur de ma vie sous le tapis.
Comme si ça n’avait pas vraiment existé, comme si la mort de mon père n’était pas grave, ne me touchait pas vraiment.
Je me suis alors lancée corps et âme dans cette nouvelle vie de famille que la vie m’apportait, pour tout oublier, pour enfin être heureuse !
6 mois plus t**d, je me suis autorisée une retraite du 10 jours, reculée de tout, en silence.
J’y ai vu l’opportunité d’un espace pour faire ce deuil.
Mais elle a été le déclencheur de problèmes bien plus importants dans ma vie, enterrant encore plus l’espoir de pouvoir faire ce deuil paternel.
Aujourd’hui, nous sommes un an et demi plus t**d et ce processus n’est toujours pas fait.
Mon père était une personne horrible, ayant fait beaucoup de mal au cours de sa vie.
Mais, il reste mon père et je reste sa fille.
Je sais que nous sommes beaucoup à vivre des décès, sans pouvoir faire ce deuil, pour de multiple raisons.
Mais les morts et leurs empreintes nous rattrapent toujours un jour.
Alors, peut être est il temps de s’accorder l’espace nécessaire pour accueillir la réalité :
notre douleur et notre tristesse d’avoir perdu une part de nous dans leur départ.
Ne laissez personne vous faire sentir coupable d’être en deuil et d’aller mal, dans ce processus majeur de vie.
Tu as le droit d’avoir mal,
Tu as le droit d’aller mal,
Prends tout le temps qu’il te faudra pour cicatriser cette plaie profonde de ton Être.
Il m’a fallu 4 ans pour faire le deuil de ma mère, nous verrons bien pour mon père.
De cœur à Cœur.
Mâ***
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