17/06/2025
Dans les sphères intime comme professionnelle, certaines souffrances s’installent dans le silence, la confusion ou l’auto-justification. Des tensions récurrentes, des mots blessants, une pression constante peuvent être relativisés, excusés ou même valorisés… au point de devenir invisibles. Le risque est alors grand de glisser vers des formes d’épuisement profond, comme le burn-out, ou de rester prisonnier·ère de relations marquées par des abus. Parmi les mécanismes qui entretiennent ces dynamiques, le biais de confirmation joue un rôle clé. Il participe à l’aveuglement, en nous incitant à voir ce que nous voulons croire, plutôt que ce qui est.
Le biais de confirmation est ce mécanisme psychologique par lequel nous avons tendance à privilégier les informations qui confirment nos croyances, en ignorant ou en minimisant celles qui les contredisent. Ce filtre invisible influence profondément notre façon de penser, de percevoir les autres, et de nous percevoir nous-mêmes.
Ce biais devient particulièrement problématique lorsqu’il empêche de remettre en question certains propos ou attitudes, parfois blessants ou destructeurs, sous prétexte d’authenticité, de franchise ou d'autorité. Une parole sèche, un ton humiliant ou une posture agressive peuvent être ainsi justifiés par un statut social, ou perçus comme des marques de caractère. Dans ces cas, le biais de confirmation tend à banaliser, voire légitimer, des formes de domination ou d’intimidation, tant qu’elles s’inscrivent dans un récit valorisé.
Ce refus de voir les effets réels de certains comportements, facilité par nos mécanismes mentaux, freine la capacité à reconnaître leur impact. Il protège l’image que l’on se fait de soi ou des autres, mais au prix d’un brouillage du discernement et d’un recul de l’éthique relationnelle.
En prendre conscience, c’est déjà commencer à réhabiliter le respect sans renier la vérité, et la fermeté sans confondre force et dureté.
Lorsqu’on ne parvient plus à reconnaître ce qui fait mal, ni à nommer ce qui use, on finit par s’adapter à l’insupportable. C’est ainsi que certaines personnes sombrent dans l’épuisement professionnel, tandis que d’autres restent sous l’emprise de relations intimes marquées par le contrôle, l’humiliation ou la peur. Le biais de confirmation, en verrouillant la lecture des faits, ralentit l’alerte intérieure et retarde la demande d’aide.
Mais il enferme aussi celles et ceux qui, parfois sans intention de nuire, s’habituent à imposer leur vision, leurs mots ou leur autorité. Ce biais peut devenir un refuge pour ne pas voir le mal que l’on cause, au nom d’une vérité personnelle ou d’une légitimité supposée. Oser se remettre en question, c’est aussi faire preuve de courage. Ce n’est pas perdre la face, c’est retrouver de l’humanité.
Déconstruire ce mécanisme, c’est réapprendre à écouter ce qui dérange, à faire confiance au ressenti de l’autre, et à tracer des limites plus justes – pour soi comme pour les autres. C’est un chemin exigeant, mais c’est aussi celui d’une relation plus consciente, plus libre, et plus digne.