14/10/2025
É p i l o g u e
Nos héros prirent l’avion le lendemain.
Carmen avait dû prendre froid dans le whirlpool bath, parce qu’elle se leva à grand-peine, complètement éreintée sur des jambes flageolantes. Il fallut même la transporter dans un caddie tant elle avait de la peine à marcher. Le voyage du retour se passa à merveille tant vers Genève que vers Toulouse.
Les enfants, étrangement, ne mentionnèrent jamais les détails de cette semaine f***e. Les quelques petites choses qui filtrèrent furent assez anodines, Sébastien entendit Nils lui affirmer que Daniel adorait danser avec les nonnes, et que Léa dormait dans les placards, mais il ne tendit qu’une oreille distraite à leur bavardage. Ils rangèrent le tout quelque part dans leur petit cerveau et oublièrent même peu à peu les prénoms des copains de leur maman. Sébastien, d’un naturel distrait, ne posa jamais de questions sur les vacances, et Monique omit soigneusement de lui donner des détails.
Une épidémie de gale se propagea dans Toulouse, mais personne ne suspecta Monique comme étant à l’origine de cet incident sanitaire. Toute la famille, Ginger incluse, dut se faire traiter.
Christiane mit des jumeaux au monde, neuf mois après la semaine passée en Andalousie. Il semblerait que quelqu’un lui avait administré un calmant puissant pendant la nuit sous le pont et qu’ensuite… comme l’avait avancé Carmen.
Les cinq années suivantes se passèrent dans une frénésie totale, elle avait mis au monde deux magnifiques garçons très, très vifs. Durant de longues années, elle dut se résoudre à abandonner toutes ses manies de propreté, et à se considérer chanceuse quand elle ne devait pas nettoyer de Nutella collé au plafond.
La prédiction de la secte ne s’avéra pas ! Les deux petits garçons ne ressemblaient en rien à Jésus-Christ, ils s’intéressaient trop au foot pour se pencher sur la spiritualité. Christiane, au demeurant, ne songea pas à les pousser dans cette voie, surpassée par son travail, les devoirs et le désordre pharaonique qui régnait dans la maison.
Daniel commença à prêcher les vertus du tantrisme. Il transforma l'appartement du dessous en temple oriental, rempli de tapis, de lourdes tentures et de coussins moelleux. Il commença à inviter des couples pour les guider dans le plaisir.
Peu à peu, sa notoriété dépassa les frontières, les gens se mirent à réserver ses services des mois, puis des années à l’avance. On lui demanda de présider des nuits de noces, des princesses venaient en secret, nues sous leur voile, s’offrir à lui pour une dernière folie avant leur mariage, des dames très riches venaient cueillir un moment de bonheur.
Carmen se mit en ménage avec deux rugbymans maoris, arrivés d’on ne sait où avec leurs valises. Ils intégrèrent l’équipe locale où ils firent des prouesses. Pour une fois, les enfants ne se permirent pas de pourrir la vie de leur mère en s’en prenant à ses amoureux. Devant la masse imposante de ces deux colosses, ils se firent très polis et toute la famille put enfin savourer une vie de famille tranquille.
Certes, la cohabitation ne passa pas longtemps inaperçue par sa famille proche, mais venus constater la véracité de la rumeur et se retrouvant devant la porte, deux Maoris encore plus corpulents qu’à la télé, tout le monde opta pour suivre l'exemple des enfants et dut finir par reconnaitre que les géants étaient bien sympathiques.
Avec leur venue, Carmen avait trouvé une solution à tous ses problèmes. Non seulement, ils étaient fins cuisiniers, mais ils avaient un solide sens de l'humour et regorgeaient d’imagination lorsqu’il s’agissait de passer à un registre plus intime.
Jamais plus personne ne se permettait de l'insulter au volant ou de lui piquer sa place à la caisse du supermarché. Deux enfants qui filaient droit, une vie intime épanouie, une parenté qui se permettait moins de remarques, un ex-mari devenu subitement beaucoup plus arrangeant, c’est tout ce dont Carmen rêvait depuis des années et elle ne laisserait personne lui piquer sa place.
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