12/08/2025
Nos métiers de psy joliment mis en mots😊
𝘈𝘶 𝘳𝘦𝘯𝘥𝘦𝘻-𝘷𝘰𝘶𝘴 𝘥𝘦𝘴 𝘢̂𝘮𝘦𝘴 𝘦𝘯𝘤𝘰𝘮𝘣𝘳𝘦́𝘦𝘴…un psy n’est jamais trop loin
Souvent, on n’arrive plus à penser ce qu’on ressent, ou on est souvent submergé, On a l’impression de vivre en surface, Ou simplement parce qu’on veut se rencontrer enfin.
Consulter, c’est commencer à se déplier, se redéfinir, se re-raconter autrement.
C’est reconstruire son histoire subjective, retranscrire le sens, passer du principe de plaisir (éviter la souffrance) au principe de réalité (accepter de vivre pleinement avec soi).
"On entre chez le psychologue comme on pousse une porte intérieure qu’on avait toujours tenue fermée."
On ne le fait jamais à vide. Même lorsqu’on entend souvent des propos comme "je ne sais pas pourquoi je suis là", quelque chose de l’ordre du "trop-plein", du "non-dit" ou du "presque-dit" cherche à se symboliser.
Le travail psychologique débute souvent dans le flou, dans ce brouillard affectif, cognitif, parfois somatique, où la plainte initiale est seulement la pointe émergée de conflits psychiques plus profonds.
Être psychologue clinicien, c’est exercer un métier de présence. Une présence silencieuse parfois, mais profondément impliquée. C’est donner de soi dans chaque écoute, sans forcément pouvoir mesurer ce qui est donné ,ni ce qui est reçu. Ce n’est pas un service avec numéro de ticket, ni une prestation avec échéance. C’est un engagement, un accueil de l’autre dans ce qu’il a de plus vulnérable, de plus déconcertant, parfois même de plus dérangeant. C’est accepter d’entrer dans un récit sans savoir à l’avance combien de chapitres il comptera. Car non, un suivi psychologique ne se programme pas sur Google Calendar.
Parfois, on me demande : « Combien de séances faudra-t-il ? » Et dans un monde où tout s’achète par pack 10 cours de yoga, 12 séances de kiné, 3 nettoyages dentaires répondre « ça dépend » peut paraître suspect. Mais oui, ça dépend. Du sujet, de son histoire, de ses résistances, de ses ressources internes, de son environnement, de son transfert, du contre-transfert, de ce qu’il ne dit pas, de ce qu’il dira un jour ou jamais.
Un suivi psychothérapeutique ne se quantifie pas à l’avance parce qu’il s’inscrit dans la temporalité psychique, et non dans celle du monde extérieur. Le patient n’est pas une équation avec une solution en X séances. Il est une énigme vivante, mouvante, parfois muette, souvent fracturée, et c’est dans le fil de nos rencontres que quelque chose peut advenir. Peut-être pas une "guérison", mais un déplacement. Une reprise du mouvement interne. Une possibilité d’être autrement.
Pour se faire, instaurer un cadre, en thérapie, n’est pas une simple formalité. C’est une nécessité clinique, un contenant psychique. C’est grâce à lui que le patient peut déposer en confiance, revenir à la même heure, au même lieu, retrouver le même regard, entendre la même voix. Ce n’est pas un rituel vide, c’est une structure vivante qui protège, qui sécurise. Et pourtant, maintenir ce cadre n’est pas si simple : c’est là que commence notre discipline. Car il faut pouvoir être présent, et stable, même quand tout vacille. Il faut pouvoir écouter, sans se laisser emporter. Être là, et ne pas "s’y perdre". Être soi, sans occuper toute la scène.
Ce métier , qu’on pratique assis sur une chaise, est en réalité un travail d’une intensité émotionnelle immense. C’est un engagement du corps, du cœur, et de la pensée. Ce n’est pas un simple échange verbal. Ce sont des heures passées à contenir l’indicible, à traverser des silences lourds, à décrypter les gestes minuscules, à accueillir les projections, les attaques, les silences hostiles et les confidences les plus brutes. Parfois, en sortant d’une séance, on n’a pas juste "travaillé" : on a traversé une tempête.
Et ce travail est souvent invisible. Il ne laisse pas de traces tangibles. Pas de livrables. Pas de chiffres. Mais il y a les effets, discrets, souterrains, profonds. Quand un patient commence à dire "je" au lieu de "on", quand il se permet une colère, une tristesse, une joie qu’il s’interdisait. Quand il regarde vers lui-même, non plus comme un ennemi à abattre, mais comme un être en chemin. Là, quelque chose s’est déplacé. Il n’y a pas de diplôme pour ça, pas de médaille. Mais ce sont des victoires silencieuses.
Oui, nous devons aussi apprendre à dire non, à poser des limites, à ne pas répondre à chaque message envoyé à 2h du matin. Parce que nous aussi, nous avons besoin de nous réguler, de nous reposer, de nous penser. Parce que donner sans mesure, c’est parfois s’effondrer en silence.
Être psychologue, ce n’est pas avoir réponse à tout. C’est accepter de ne pas savoir. C’est marcher avec l’autre dans la pénombre, sans torche mais avec présence. C’est dire parfois : « Je ne sais pas, mais je suis là. On va chercher ensemble. »
Et si vous pensez qu’écouter est facile, essayez donc d’écouter quelqu’un pendant 45 minutes sans jamais penser à votre liste de courses, à votre ex, à votre mal de dos ou à la dernière série Netflix que vous avez regardée. L’écoute vraie est un acte exigeant, un acte éthique. Un effort constant de se rendre disponible, sans envahir.
Alors non, ce métier n’est pas magique. Il ne suffit pas de quelques tests, de trois séances et d’une interprétation rapide. C’est un art délicat, ancré dans une clinique rigoureuse, soutenu par des théories — parfois divergentes — mais toutes tendues vers le même enjeu : faire advenir du sens là où il n’y en avait plus. Réanimer une histoire là où elle semblait figée. Et parfois, très humblement, simplement accompagner.
En somme, être psychologue clinicien, c’est accepter de travailler avec l’imprévisible, l’incertain, le non-maîtrisable. Et pourtant, continuer. Parce qu’au fond, on sait qu’il y a dans cette rencontre humaine — cadrée, asymétrique, mais profondément vivante — une puissance de transformation infinie.
Et ça, même avec tout l’humour du monde, ça ne rentre pas dans un devis