11/11/2025
Claude Chabrol (1930–2010) fut l’une des figures centrales de la Nouvelle Vague et le réalisateur le plus régulier et prolifique du mouvement. Ancien critique des Cahiers du Cinéma aux côtés de Truffaut, Godard, Rohmer et Rivette, il signe avec Éric Rohmer une étude précoce et décisive sur Hitchcock (1957), avant de devenir le premier du groupe à passer à la réalisation avec Le Beau Serge (1958), couronné du prix Jean Vigo. Admirateur fervent d’Hitchcock, Chabrol a construit une œuvre raffinée de thrillers psychologiques, souvent ancrés dans la bourgeoisie, où se jouent des drames intimes, des trahisons silencieuses et des tensions morales refoulées. Des films comme Les Biches (1968), La Femme infidèle (1968), Le Boucher (1970), La Cérémonie (1995) ou Merci pour le chocolat (2000) révèlent son talent pour le suspense feutré, la satire sociale subtile et l’ironie cinglante. Réalisateur infatigable, il tourne près d’un long métrage par an pendant plus de cinquante ans — adaptant aussi bien des classiques littéraires (Madame Bovary, 1991) que des faits divers (Violette Nozière, 1978) — souvent en collaboration avec son épouse de l’époque, l’exceptionnelle Stéphane Audran, puis avec son fils, le compositeur Matthieu Chabrol. Paradoxalement à la noirceur de ses sujets, Chabrol était, dans la vie, un homme chaleureux, bon vivant et fin gourmet — allant jusqu’à choisir ses lieux de tournage en fonction de la qualité des restaurants alentour ! Fidèle à son admiration pour Hitchcock, il adoptait volontiers, en photo de presse, des poses espiègles façon « caméo ». Salué par de nombreuses rétrospectives — notamment à Turin en 2007–2008 — il reste l’un des plus grands conteurs du cinéma français, capable de faire surgir le drame non dans l’excès, mais dans les failles discrètes du quotidien. 🎥🍷