30/05/2023
[MAGAZINE RÉGÉNÈRE N°7 : DE LA CRISE À L'AUTONOMIE]
Les plantes sauvages sont une base alimentaire abondante, accessible et gratuite. Mais surtout, vous découvrirez bien vite que la plupart d’entre elles sont autant des plantes comestibles que des plantes classées médicinales. La raison est que ces plantes n’ont jamais fait l’objet de la sélection massale et qu’elles ont gardé l’intégralité de leurs principes actifs. L’amertume et l’astringence, par exemple, ont eu tendance à disparaître de nos potagers mais sont pourtant des principes essentiels pour assurer au quotidien le fonctionnement métabolique de notre corps. De nombreuses associations locales pourront vous initier à la reconnaissance et l'utilisation des innombrables plantes sauvages comestibles. Dans ce numéro, nous désirons vous en présenter six parmi les plus communes et les plus faciles à utiliser.
LE PLANTAIN
Le plantain est une plante commune présente dans les milieux ouverts comme les prés et les champs, mais vous n’en trouverez pas en sous bois. Il y a plus de 250 sortes de plantains à travers le monde ! Le grand plantain, le plantain lancéolé, le plantain corne de cerf sont les plus communs en France mais sachez que toute la famille se consomme et est reconnaissable à ses nervures parallèles marquant les feuilles. Le plantain est une plante alimentaire mais aussi médicinale majeure. On la consomme en salade quand les feuilles sont jeunes, mais aussi en soupe ou en jus de légumes quand les feuilles sont plus coriaces. Elle a un léger goût de champignon, très subtil. Côté médicinal, elle est recommandée pour les affections des voies respiratoires, les inflammations des muqueuses de la bouche, du pharynx et tout le système digestif dans son ensemble. Elle est utilisée aussi sur la peau pour calmer les démangeaisons, les piqûres d'insectes, les brûlures et les irritations. Pour cela, on écrasera la feuille jusqu'à qu'elle rende son suc, ensuite on appliquera la feuille sur la zone à traiter.
L’ORTIE
Plante comestible et médicinale par excellence, il existe plus de trente espèces d’orties à travers le monde mais deux espèces prédominent par chez nous : la grande ortie et l’ortie brûlante. Très riche en fer et en protéines, on peut consommer les jeunes feuilles crues à condition de les hacher finement afin de détruire ses poils urticants et de ne pas risquer une irritation des muqueuses de la bouche. Le moyen le plus sûr de la consommer crue sans risquer l’irritation est de la passer dans un extracteur de jus. Généralement, elle est consommée cuite, en soupe ou en tarte. Veillez à ne pas la cuire trop longtemps afin de garder au maximum ses principes actifs. Comme propriétés médicinales, on lui connaît des effets diurétiques, anti-inflammatoires des voies urinaires et de la prostate, et des effets très bénéfiques sur la peau et toutes les muqueuses de l’organisme. Elle est reconnue comme une tonique générale très utile en cas de fatigue.
LA MAUVE
La grande mauve est une plante très commune des talus, des friches et des terrains qui ont été retournés. Elle est reconnaissable aisément à ses grandes feuilles très douces au toucher et à sa couleur verte profonde. Ses qualités adoucissantes en font une plante médicinale majeure pour traiter toutes les inflammations internes digestives et respiratoires. Mais c’est aussi une délicieuse plante comestible. Si vous la consommez jeune, elle se mange crue en salade, en smoothie et en jus. Elle donne beaucoup de mucilage ce qui donne une texture épaisse aux smoothies et aux jus. Quand la plante est plus âgée, vous pouvez aussi la consommer crue ou cuite dans des soupes et tartes. Les feuilles peuvent alors présenter au dos des taches de couleur rouille, mais cela n’a aucune incidence sur leur qualité alimentaire.
LE TRÈFLE
Le trèfle est une plante très commune que l’on retrouve en quantité importante. Elle est très riche en protéines, en vitamine C et en fer. Les jeunes feuilles tendres ont un léger goût de petit pois vert. De même, les fleurs violettes du trèfle qui sont riches en nectar, pourront être consommées de préférence crues pour en apprécier la richesse de sa saveur subtile. Le trèfle est délicieux, mais pas que, il a aussi de nombreuses propriétés phytothérapiques comme des propriétés sédatives, diurétiques et antitussives (suppresseur de la toux). On lui attribue aussi des vertus dépuratives qui sont d’ailleurs communes à la plupart des herbacées sauvages.
LE PISSENLIT
Très abondante dans les champs dès le mois de mars jusqu’au début de l’été, le pissenlit est l’exemple parfait de la plante sauvage alimentaire tout autant que médicinale. C’est d’abord une plante amère, et qui dit amertume dit propriétés dépuratives importantes pour la sphère digestive, le foie et la vésicule biliaire en particulier. Et dans ce registre, si la feuille est déjà très active, c’est encore plus vrai pour le pétiole (tige) de la fleur de pissenlit. N’hésitez pas à tenter l'expérience de croquer la tige du pissenlit et la fleur encore en bouton. La feuille du jeune pissenlit se consomme crue de préférence, de même que la fleur que l’on préfèrera en bouton pour déguster sa saveur très fine. La recette idéale pour consommer le pissenlit : une salade de feuilles de pissenlit, avec quelques boutons floraux, de l’huile extra vierge, un peu de sel et une pointe de vinaigre d'échalote. Et si vous craignez l'amertume, ajoutez-y une pomme coupée en petits dés. La fleur en bouton est parfois cuite, sautée à l’huile comme un condiment ou incorporée à des omelettes.
LE GAILLET GRATTERON
Le gaillet gratteron est un des représentants de la grande famille des gaillets. Vous ne le connaissez certainement pas sous son vrai nom mais vous l’avez sans doute déjà rencontré. Il se présente sous la forme d’une tige longue, pouvant aller jusqu’à deux mètres, et qui s'agrippe partout, d’où son nom de gratteron. La famille des gaillets possède aussi la particularité de posséder des feuilles verticillées reconnaissables entre toutes. Les jeunes feuilles et tiges, avant qu’elles ne se rigidifient trop (lorsque la plante se charge de silice avec le temps) sont consommées crues en salade ou en jus. Dès que la plante vieillit, on la consomme cuite, en soupe de préférence, comme le veut l’usage traditionnel. Très riche en vitamine C, le gaillet gratteron est aussi et avant tout une plante aux propriétés médicinales exceptionnelles. Elle favorise le drainage lymphatique et la circulation de tous les fluides du corps, et possède aussi des propriétés hypotensives et diurétiques.