13/08/2023
Thanatopraxie de l’Ouest
Janvier 2018 – Mai 2023
Mon témoignage a pour but de répondre aux questions de confrères et peut être éviter que cela se reproduise pour d’autres.
En janvier 2018, c’était confiante que j’ai ouvert ma société de thanatopraxie en Bretagne.
Avec déjà quelques années de pratiques, des voyages et des formations, j’étais prête à devenir cheffe d’entreprise et à enfin appliquer mes valeurs qui si chères à mon cœur, impossible à tromper pour moi.
J’étais dynamique, performante et perfectionniste.
J’ai commencé avec 2 clients Pompes Funèbres, dont un plus gros dont je connaissais plus ou moins le caractère difficile. Le secteur ou j’étais étant bouché, si je voulais me lancer je n’avais pas le choix.
Les années passent, j’ai de plus en plus de demande et je commence à refuser afin de garder toujours mon fil directeur : le respect et le travail bien fait, toujours le même temps de soin pas d’usinage chez moi.
Je garde toujours les mêmes clients Pompes Funèbres et je me plie en quatre pour répondre en temps et en heures à leurs demandes.
J’ai toujours eu à cœur de bien faire, et je donnais 100% de ma personne dans mon entreprise.
Mes clients sont contents et j’ai de super retours positifs d’eux et des familles. Ma plus belle récompense.
Petit à petit, mon gros client me demande de plus en plus de me soumettre à ses ordres, je sens le désaccords avec mes valeurs et mes besoins grandir.
Je forme une stagiaire qui deviendra ma première employée afin de répondre aux demandes et pouvoir souffler un peu.
Malgré mes efforts, mon gros clients devient tyran, il me menace si je ne fais pas ce qu’il dit, les ultimatums, souffle le chaud et le froid, se comporte mal avec mon employée et mes remplaçantes. Cette situation devient de plus en plus compliqué et me pèse, mes jours de repos qui ne sont pas nombreux s’envolent pour réparer les situations de crises qu’il engendre sur mon employée et le déroulement des journées.
Début 2023, je me sens de plus en plus stressée, fatiguée, à fleur de peau mais mon entreprise réalise encore une très belle progression et je veux avancer, j’embauche ma 2ème employée, mes clients me font confiance, j’expose même mon logo sur nos véhicule, fière de nos valeurs qui prône la bienveillance.
Mon gros client explose, il ne supporte plus ma réussite, et ce jour-là, il dépasse l’ultime limite pour moi. Ce harcèlement depuis 5 ans devait cesser.
Après toutes ces années de pression et d’acharnement, j’ai enfin pu lui dire que je ne travaillerais plus pour lui, et que c’était effectivement la dernière fois qu’il me parlerait comme ça.
Enfin, la libération.
Une telle libération que le soir même ma décision était prise : je voulais arrêter mon entreprise. Je ne voulais plus qu’on me traite comme ça, moi qui passais mon temps à prendre soin des autres, j’avais besoin de repos.
J’avais fait le tour de la question.
J’ai démarré à zéro, sans rien et j’ai tout construit de A à Z.
Toute la gestion d’entreprise, des salariées, mon identité visuelle, ma communication, mon portefeuille client…
Oui, j’ai arrêté mon entreprise alors qu’elle était florissante.
Pour moi, nous ne sommes pas obligé d’arrêter notre entreprise lorsque notre boite coule financièrement, mais si elle ne correspond plus à nos valeurs, à nos besoins de vie.
Je commençais à tourner en rond, j’avais déjà fait le tours de tous les postes.
J’aurais pu continuer et trouver encore d’autres clients, mais l’envie n’était plus là.
J’avais besoin d’autre chose.
Mes autres clients étaient déçus de nous voir arrêter, mais avant de tout quitter, j’ai fait au mieux pour replacer tout ce petit monde afin de ne pas les laisser sans rien.
J’ai eu plusieurs propositions de postes à la suite de ma cessation d’activité.
J’ai vite décidé d’intégrer la famille des Pompes Funèbres THETIOT, qui ont des valeurs qui se rapprochaient des miennes, et où j’ai commencé à apprendre le métier de Conseiller Funéraire (j’avais déjà le diplôme depuis plusieurs années mais pas pratiqué depuis) de Prévoyance et savoir prendre la parole en tant que Maître de Cérémonie.
Moi qui était de l’ombre, je dois maintenant prendre la parole en public et ça c’est clairement un nouveau challenge pour moi.
Mais bien heureusement, je fais toujours les soins sur les défunts.
Alors, je suis heureuse d’accompagner du début, de l’accueil de la famille, l’organisation des obsèques et de la cérémonie, le soin et la présentation du défunt, et je suis présente jusqu’à la fin lors du départ, vers l’église ou le crématorium, l’inhumation ou la dispersion des cendres, si cela est leur souhait.
Il y a vraiment une relation qui se créer entre les familles et moi, et ça, c’est une belle reconnaissance que je prends avec beaucoup d’humilité.
J’apprends, je fais des erreurs, mais avec de l’expérience et de la persévérance, je pense que vais pouvoir y trouver ma place.
J’assimile beaucoup sur le deuil, et j’analyse aussi l’évolution des émotions sur les familles, c’est très intéressant pour moi qui ne voyais pas cette partie avant.
Un corde de plus à mon arc, ou une pièce en plus dans mon puzzle, maintenant j’ajoute la partie « vie » à la « mort », et je pense que sur ce sujet, l’apprentissage est loin d’être terminé.