12/09/2025
Voilà pourquoi il est important de cesser de refuser de voir ce qui est, et qu' il est important de venir expliquer aux enfants dans les écoles que leur corps leur appartient...
3 enfants par classe sont victimes d'inceste au cours de leur vie. Pas un par école,non. 3 par classe !
Ce chiffre est énorme... Et le silence qui l'entoure, encore plus profond et assourdissant ...
Les personnes que j'accompagne, bien souvent grâce à mon tarif solidaire, réussisse petit à petit à se reconstruire. Mais si seulement i.elles avaient su avant que ce qu'i.elles vivaient n'était pas ''normal'', leur supplice aurait duré moins longtemps...
Ouvrons les yeux et protégeons nos enfants du danger car trop souvent il est à l'intérieur de nos foyers ...
UN MONSTRE DANS MA CHAMBRE
(Ce récit a remporté un concours littéraire en Colombie en 2022)
Il y a un monstre dans ma chambre.
Il n’est pas là tout le temps. Il vient la nuit. Enfin… certaines nuits seulement. Il se cache dans les coins sombres et, de là, il me regarde. Il ne parle pas, mais il m’empêche de dire un mot. Il me réduit au silence, avec des menaces.
Une fois, j’ai voulu en parler à maman. Mais je l’ai vue si inquiète, si triste… que j’ai préféré me taire.
Et si jamais le monstre lui faisait du mal, à elle ?
C’est ce qu’il me souffle, d’ailleurs. Il s’approche tout près de mon oreille, et me murmure que si je parle, il arrivera des choses terribles à ma maman. Et moi, je ne veux pas qu’elle souffre. Alors je me tais. Je supporte.
Mais j’ai peur. Une peur immense.
Il m’arrive de pleurer, parce que je ne veux pas aller dormir. Je ne veux pas rester seule.
Mais maman me dit d’y aller quand même.
Parfois, elle m’accompagne, elle regarde sous le lit, inspecte les coins, et me dit :
— Tu vois ? Il n’y a rien ici !
Mais une fois qu’elle s’endort… le monstre revient. Et il me saisit.
J’ai si peur que, cette fois, je n’ai pas pu me retenir. J’ai mouillé mes vêtements.
La maîtresse m’a emmenée me changer, elle m’a posé beaucoup de questions.
On a fait des dessins. On a joué avec des poupées.
Ils ont appelé ma maman. Elle m’a emmenée chez ma tante.
Elle avait l’air triste. Ses yeux trahissaient les larmes qu’elle avait versées.
Je n’ai rien osé lui demander. Je ne veux pas l’embêter.
Chez ma tante, elle aussi semblait inquiète. Ça se voyait dans son visage.
Elle me proposait sans cesse des choses, elle me parlait doucement… et j’ai cru l’apercevoir pleurer, elle aussi.
Cette nuit-là, chez elle, j’ai dormi paisiblement.
On m’a permis de laisser la lumière allumée. Et je n’ai pas eu peur.
Je savais qu’il ne viendrait pas.
Car le monstre ne vient jamais quand la lumière reste allumée.
Quand la lumière est allumée, le monstre reste auprès de ma maman… et il l’appelle “mon amour”.
— Miguel Ángel López
Aranjuez, Medellín