05/09/2022
Bonne lecture
Durant de nombreuses années, le syndrome que l’on définit aujourd’hui comme un TDAH était considéré comme un problème chronique de comportements perturbateurs chez certains enfants. Ces derniers (majoritairement des garçons si l’on en croit les premières descriptions qui en ont été faites) étaient vus comme turbulents, incapables de tenir en place, caractériels et beaucoup plus négligents et pénibles pour les parents et autres adultes qui les encadraient.
Ce n’est qu’avec l’arrivée de la 3ème révision du DSM (APA, 1980) que les problèmes d’attention ont été davantage reconnus ; ils furent alors considérés comme faisant partie intégrante du trouble et pouvant d’ailleurs se manifester avec ou sans comportement hyperactif / impulsif associé. Ainsi, s’il est vrai que le TDAH peut être associé à des manifestations comportementales problématiques, ainsi que des attitudes d’opposition ou de provocation, ces dernières ne sont aujourd’hui pas considérées comme caractéristiques ou spécifiques à ce trouble, bon nombre de personnes identifiées comme TDAH n’ont jamais présenté de problèmes de comportement. (Brown, 2019)
Notons, toutefois, que de nombreuses recherches menées durant la dernière décennie indiquent que les personnes souffrant de TDAH éprouvent des difficultés sur le plan de la gestion émotionnelle, et plus particulièrement en ce qui concerne la tolérance à la frustration (Barkley & Fischer, 2010 ; Purper-Ouakil & Franc, 2011 ; Surman et al., 2013 ; Villemonteix & Purper-Ouakil, 2015). Les patients ou leur entourage décrivent souvent des difficultés chroniques dans la gestion de la colère et de la frustration, de la déception, du désir ou de l’inquiétude, ces émotions ayant tendance à être envahissantes et à empêcher l’utilisation adéquate de la pensée ou des ressources cognitives (Brown, 2019). L’instabilité ou dysrégulation émotionnelle devrait donc, pour certains, être considérée comme inhérente au trouble.
En outre, la comorbidité entre le TDAH et un trouble du comportement de type trouble oppositionnel avec provocation (ou TOP) est très fréquente et s’élève à près de 50% (ainsi, près d’un enfant sur deux qui souffre d’un TDAH présente également un TOP). Ce constat concerne davantage les enfants qui affichent un TDAH à prédominance hyperactive et impulsive ou de type mixte et suggère l’existence de facteurs de risque et de dysfonctionnements communs aux deux troubles (Burns, 2014 ; Bange, 2014). Ceux-ci sont, néanmoins, distincts et peuvent donc exister l’un sans l’autre.
L’analyse et la description détaillée du fonctionnement d’un individu apparaissent, par conséquent, indispensables pour apprécier ses forces et difficultés de celui-ci de façon précise et orienter au mieux les interventions et prises en charge les plus adaptées pour améliorer la qualité de vie.