14/10/2025
La mort, la conscience et la divinité
Lors d’un entretien thérapeutique, le thème de la mort a émergé avec l’une de mes patientes. Derrière la peur de mourir, j’ai perçu la crainte plus subtile de disparaître sans sens, sans trace comme si l’effacement du corps menaçait aussi l’effacement du sens. La tristesse de laisser un vide derrière soi. Les enfants...le lien...
En accompagnant cette réflexion, je me suis surpris à approcher, presque malgré moi, la question de la divinité.
Mon ancien chef, psychiatre psychanalytique, autrefois, m’avait dit : « Iulian, souviens-toi que la divinité est une création humaine, une projection. Elle n’existe pas. »
Ma mère, quant à elle, très croyante, voyait les choses autrement : « Il n’existe pas de construction plus belle faite par l’être humain que la divinité. À la fin de ta vie, c’est par cette dimension que l’homme accède plus facilement à sa propre conscience. Et cette conscience, elle te jugera pour le bien que tu as semé, comme pour le mal que tu auras laissé derrière toi. »
Entre ces deux visions, celle du psychiatre psychanalytique et celle de la mère, il y a toute la tension du soin : entre le rationnel et le mystère, entre la science et le sacré.
Et peut-être que c’est justement là que se trouve le cœur du travail thérapeutique : aider l’être humain à rencontrer, au-delà de la peur, ce lieu intérieur où conscience et divinité ne font plus qu’un, non pas comme croyance, mais comme expérience vivante du sens.
Probablement, la véritable mission du thérapeute est : non pas expliquer, ni apaiser à tout prix, mais accompagner l’être humain jusqu’à ce point de rencontre entre la peur et la lumière, où la conscience s’éveille, où le sens se révèle, et où la vie, même face à la mort, reprend sa dimension la plus humaine : celle du mystère.