18/07/2025
Effets sédatifs des antipsychotiques : on sait mieux quand ça commence… et quand ça finit
Les antipsychotiques, essentiels dans le traitement de la schizophrénie, entraînent souvent des effets sédatifs. Une méta-analyse analyse la chronologie de leur apparition et de leur résolution, soulignant l'importance d'une surveillance précoce pour améliorer l'adhésion au traitement.
La schizophrénie est une pathologie courante qui a une prévalence de 1 % dans la population générale. Les antipsychotiques constituent le traitement pharmaceutique principal chez ces patients. Ils sont souvent requis pour contrôler les symptômes et prévenir la rechute.
Cependant, ces traitements sont à l’origine de nombreux effets secondaires, notamment une sédation, des troubles métaboliques et cardiovasculaires, une hyperprolactinémie et des troubles sexuels, qui peut altérer la qualité de vie du patient, et diminuer l’adhésion au traitement.
Bien qu’une tolérance aux effets secondaires sédatifs se développe, la temporalité d’apparition de ceux-ci et de leur résolution éventuelle restent mal connue. Une équipe a voulu évaluer cette dynamique chez des individus atteints de schizophrénie, auxquels étaient precrits différents antipsychotiques.
Une méta-analyse de données individuelles issues d’essais contrôlés randomisés
Dans cette méta analyse, tous les essais randomisés contrôlés (ERC) contre placebo étudiant les monothérapies antipsychotiques dans la phase aiguë de la schizophrénie et des troubles schizoaffectifs ont été inclus. Les ERC ont été sélectionnés à partir d’une recherche parmi les publications sur PubMed depuis sa création jusqu’au 6 mai 2021. Les données individuelles des participants ont été recueillies à l’aide du projet Yale University Open Data Access (YODA).
Les auteurs se sont aidés de courbes de Kaplan-Meier pour évaluer la probabilité de début de sédation et de résolution à partir de l’incidence d’effets secondaires sédatifs au cours du temps après l’initiation du traitement.
Au total, 104 études ont été passées en r***e, et 19 ERC ont été inclus, dont 6 testant des antipsychotiques injectables et 13 des antipsychotiques oraux, pour un total de 6791 participants (moyenne d’âge 38 ans ; 67 % d’hommes).
Des données étaient disponibles pour les formes orales de rispéridone, palipéridone, olanzapine, quétiapine, halopéridol et placebo, et pour formes injectables de rispéridone, palipéridone, et placebo. Notons que la plupart des molécules telles que l’aripiprazole et la clozapine n’ont pas été prises en compte, et l'halopéridol était le seul antipsychotique de première génération étudié. Par conséquent, ces résultats peuvent ne pas représenter tous les antipsychotiques.
Apparition précoce et résolution dans le mois dans la majorité des cas
Les effets indésirables de type sédation ont été observés chez 8,6 % des participants, et sont généralement apparus très tôt après l’initiation du traitement. L'halopéridol et la rispéridone sous forme injectable ont montré un début moyen à respectivement 9 et 16 jours.
Parmi les participants recevant des antipsychotiques, 83 % des évènements de sédation sont apparus dans les deux premières semaines de traitement. Le risque de sédation le plus élevé était observé pour la quétiapine orale (23,3 %), suivie par l’olanzapine et la rispéridone orale (15,8 %), et la palipéridone orale (8,9 %).
L’halopéridol et le placebo oral ont eu le plus faible risque, tous deux à 5 %. Pour les formes injectables, le risque tendait à être plus faible que pour les formes orales de la même molécule.
Après le début des effets secondaires sédatifs, 50 % des symptômes se sont amendés dans la semaine. Après 4 semaines de traitement, 24 % des participants concernés (IC 95 % 19,7-29,3) ont continué à ressentir de la sédation avec les médicaments oraux et 22,3 % (IC 95 % 15,3-32,3) avec le traitement injectable de longue durée d’action. La rispéridone injectable a montré la plus longue durée d’effets sédatifs, avec une persistance dans 72,4 % à 1 semaine, et 29,2 % à 4 semaines.
Cette étude comportait quelques limites, comme certains résultats contradictoires qui pourraient se rapporter à une éventuelle variation dans le temps des médicaments, et l’absence de prise en compte de la grande variabilité du type de molécule et du schéma posologique.
En conclusion, la forte incidence de la sédation dans les deux premières semaines de traitement antipsychotique met l’accent sur l’importance de la surveillance précoce. La moitié des effets sédatifs se sont amendées en une semaine et les trois quarts dans le mois, suggérant l’apparition d’une tolérance rapide. Si la sédation persiste, des facteurs additionnels devraient donc être recherchés.