
05/03/2019
Comme nous l'avons annoncé hier, cette semaine est une semaine dédiée à la célébration de la Journée Mondiale de la Femme. Aujourd'hui nous parlerons de ces femmes d'exceptions, qui même au prix de leur vie, se sont battues pour la liberté. Parfois oubliée par l'histoire, celles-ci n'en demeurent pas moins des pionnières pour la lutte vers un avenir meilleur. Parmi ces femmes, nous pouvons citer en autre: Marie Séry Koré ou Zogbo Céza Galo Marie, de son nom de jeune fille et les soeurs María Teresa, Minerva et Patria Miraba.
Marie Séry Koré, pionnière de l'indépendance de la Côte d'Ivoire
« Toutes les misères que l’on nous fait subir actuellement, c’est à cause de l’argent que les colonialistes tirent de notre pays. C’est pour cela que l’on emprisonne nos maris, nos frères et nos enfants, c’est pour cela qu’on nous impose de façon exorbitante… » Marie Séry Koré
Marie Séry Koré (1912-1953) est l'une des figure les plus emblématique de l'indépendance en Côte d'Ivoire et en Afrique.
Elle était aussi l’une des premières militantes du Rassemblement Démocratique Africain ( RDA).
Elle débarque en Basse-Côte, venant à l’aventure. C’est une belle femme, séduisante, qui se maria à un jeune français, alors, vivant en Côte d’Ivoire . Elle finit par rejoindre Félix Houphouët-Boigny et ses compagnons qui créèrent le RDA, un mouvement de libération des peuples africains exploités au Sud du Sahara. Ce choix entraîna de lourdes conséquences pour elle et son entourage: son divorce d’avec son premier époux, le licenciement de Mr Séry Koré René, son second mari, par l’administration coloniale, de son poste pour son appartenance au nouveau mouvement.
Ces conséquences renforcèrent son engagement et elle devint au sein du RDA, une machine de guerre, une militante convaincue. Elle fut nommée présidente du Comité Féminin du PDCI à Treichville, une commune en Côte d’Ivoire où elle avait réussi à créer une activité génératrice de revenus: un allocodrome. Son allocodrome allait être le précurseur des maquis en Côte d’Ivoire. Celle- ci faisait partie des femmes qui marchèrent le 25 décembre 1949 sur la prison de Grand-Bassam pour demander la libération de leur époux membres influents du PDCI-RDA, injustement détenus par les autorités coloniales de l'époque. Libération qu'elles obtinrent 3 mois plutard. Elle décède quelques temps après d'un panaris selon les sources officielles mais plusieurs croient qu'elle a été assassinée dans l'hôpital où elle était allée se soigner suite à un empoisonnement à l’éther. Rappelons que le dit hôpital était détenu en grande partie par les autorités coloniales.
María Teresa, Minerva et Patria Mirabal: des vies contre la liberté
« S’ils me tuent, je sortirai les bras de la tombe et je serai plus forte. » Minerva Mirabal Leader d'opposition au régime du dictateur Rafael Leónidas Trujillo Molina.
Les soeurs Mirabal
Derrière la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, il y a une tragédie d’une violence sans nom : le 25 novembre 1960, María Teresa, Minerva et Patria Mirabal, trois sœurs originaires de Salcedo, en République dominicaine, étaient sauvagement tuées après s’être opposées au régime du tyran Trujillo.
Pendant plus de 30 ans, la République Dominicaine a vécu sous l'égide du dictacteur Rafael Leónidas Trujillo Molina. Pendant son règne, les répressions et les assassinats de dissidentes et dissidents sont monnaie courante. Les sœurs Mirabal, aussi appelées les Mariposas (« papillons »), sont des opposantes à ce régime . Minerva devient rapidement une leader de l’opposition, ce qui inspire grandement sa petite sœur María Teresa à suivre ses traces. Patria, quant à elle, appuie le mouvement et offre notamment sa maison comme lieu de rencontre pour l’organisation du soulèvement et l’entreposage des armes. Aux côtés de celui qui deviendra son mari, Manolo Tavárez Justo, Minerva participe à la fondation du Mouvement révolutionnaire le 14 juin. Ce regroupement a comme objectifs principaux la chute de la dictature et le retour de la démocratie.
La soirée fatidique
Le 13 octobre 1949, Trujillo invite la famille Mirabal à une fête bourgeoise qu’il tient à San Cristobal, au sud du pays. La famille s’y rend pour éviter les représailles. Ce soir là, Trujillo demande à Minerva si elle s’intéresse à son idéologie politique et l’apprécie selon Belgica Adela la seule fille de la famille Mirabal ayant survécue. La jeune femme lui répond : « Non, non, je ne l’aime pas. » La moindre opposition étant alors réprimée, Trujillo la menace d’envoyer ses subordonnés la faire changer d’avis. Ce à quoi Minerva rétorque : « Et si c’était moi qui les conquérais? » . Trujillo avais fait la rencontre d’ une jeune femme qui s’est permis non seulement de le rejeter personnellement comme homme, mais aussi politiquement . Notons que les dictatures sont en général des manifestations claires du machisme . En Amérique latine, elles l’ont été, et celle de Trujillo peut-être plus encore. Toute sa trajectoire comme politicien a été liée à sa vision d’homme de pouvoir capable de posséder les femmes.
Mortes pour la liberté
Au cours de leur lutte, María Teresa et Minerva sont emprisonnées à plusieurs reprises, de même que leurs époux. En août 1960, elles sont libérées mais assignées à résidence, avec comme seul droit de sortie la visite hebdomadaire à leurs maris incarcérés.
Le 25 novembre 1960, accompagnées de leur aînée Patria, elles partent visiter leurs époux à la prison de Puerto Plata. Malgré les inquiétudes que ces derniers expriment, elles reprennent la route vers la maison, après leur courte rencontre. Leur voiture est interceptée sur le pont de Marapica, dans une région montagneuse près de Puerto Plata. María Teresa, Minerva et Patria Mirabal, âgées de 25, 34 et 36 ans, ainsi que leur chauffeur Rufino de la Cruz Disla sont alors sauvagement assassinés à la machette sous commande du dictateur Trujillo. Leur voiture est ensuite jetée du haut d’un précipice pour faire croire à un accident.
Les trois sœurs n'auront jamais connu la démocratie mais la nouvelle de leur mort révolte. Le 30 mai 1961, Trujillo est assassiné et il faudra encore patienter plusieurs années pour que le pays sorte de la guerre civile.
En bref ces femmes même si elles n'ont pas vu le soleil de l'indépendance de leur patrie, sont le visage d'une liberté acquise au prix du sang.
Ecrit par Miss H
Sources: Le Huffington Post, Médium