05/10/2024
Conference écrit par Adam-Xavier
ART-ENFANCE-AUTISME
Voici quelques mots au sujet de mon action comme artiste , auprès de tous les enfants sans différences mentales . Puisque j’exerce désormais au Maroc , pays baigné de spiritualité , je sais que je serai compris , quand je dis que les enfants ont leur âme à fleur de peau ; et comme l’art est le langage de l’âme , il devient naturel
d’offrir à l’enfant l’outil d’art , afin que son âme s’affirme en lui , soit active , puissante et puisse maintenir sa parole au cœur de l’enfant , à mesure que celui-ci grandit , au rythme des apprentissages nécessaires qui vont le structurer , mais , attention ! ; ces
apprentissages tendront à prendre toute la place en lui , reléguant , à son insu , son âme aux cuisines . Ainsi l’art est essentiel dans la petite enfance , il est cette matière transitionnelle, le pont entre son âme irrationnelle innée et sa personne en voie de matérialisation, de rationalisation , donnant à l’enfant la partie manquante de
l’humanité , pour un équilibre entre spiritualité et matérialité . Il suffit de donner cette opportunité à l’enfant pour voir à quel point il est friand de cette première matière primitive qui d’emblée lui parle . Moi , parce que l’enfant est un artiste qui s’ignore , je peux provoquer en lui instinctivement l’attitude d’écoute intérieure , lui permettant d'activer son âme qui fera alors bouger son corps librement dans l’espace , danser, ou émettre des sons qui deviendront des expressions orales , ou bien faire des gribouillages comme autant de traits chargés de cette Vie qui déborde de lui sur le papier...Gribouillages d’un côté et dessins scolaires de l’autre sont nécessaires pour que l’enfant soit créatif , inventif , intuitif , capable d’initiatives tout au long de son existence; l’art comme la nature , répondant à des ordres concrets indiscutables, prépare l’enfant à mieux assumer les ordres abstraits de la classe , de la société , pas toujours faciles à comprendre quand on a moins de cinq ans ; je vois comment , dans mon orchestre de percussion par exemple , l’enfant accepte avec joie et spontanéité les ordres du directeur car il perçoit d’emblée l'opportunité de s' exprimer individuellement et collectivement , liberté et obéissance allant de paire .
Puisque je parle de cet équilibre souhaitable entre l’âme et le corps cela signifie qu’il peut y avoir aussi déséquilibre dans un sens comme dans l’autre : un trop grand coefficient de matérialité fera perdre de vue l’âme , et son langage et ses lois seront
perçu comme « folie » , mais aujourd’hui là n’est pas mon propos et je vais donc
continuer en parlant de ces enfants dont le coefficient d’interiorite est si grand , qu’il bloque en partie ou totalement l’accès au monde extérieur de la matérialité : Ce sont les autistes dont on parle qui ne prennent pas corps , qui ne le peuvent pas , les lois du dehors et du dedans pour être antinomiques , d’entrée de jeu ont tendance à s'exclure ; cet enfant flotte dans un corps qui lui semble étrange autant que celui des personnes du dehors qui , à s’approcher avec les meilleures intentions du monde , lui inspirent alors répulsion dans certains cas Mon succès auprès d’eux vient du fait que je suis bilingue , une façon de dire que nous avons en commun le même monde intérieur mais qu’en plus j’ai réussi à acquérir suffisamment de matérialité pour pouvoir parler la langue du monde ; de cette façon je connais les forces et les faiblesses des deux parties , et sachant combien l’une comme l’autre sont necessaires, je stimule la partie manquante pour équilibrer les pouvoirs , afin que le jeu dialectique des contraires ait lieu au cœur de l’enfant , et qu’ainsi murisse , au rythme des saisons , une pensée synthétique d’ordre paradoxale . Si mon énoncé peut paraître complexe , mon travail , lui , est simple ; parce que l'enfant reconnaît son monde en moi , il se crée un phénomène d’osmose .
Concrètement , et je prendrai le cas d’un enfant autiste , à me voir utiliser un outil d'art , après un temps d’observation , il s’approche , s’en saisit , et selon sa tendance ce sera plutôt la peinture ou une percussion ou autre chose…. Mon rôle alors consiste à l’encourager à se matérialiser au moyen de l’art , à traverser ce pont entre
deux mondes , je précise bien que ce n’est pas la matière artistique qu’elle qu’elle
soit qui permet cet apprivoisement au monde , sinon sa charge irrationnelle sous-jacente , transmise par qui peut remplir cette fonction , et je tiens à cette précision à une époque de confusion des genres où il est à la mode de mettre dans toutes les
écoles , à la disposition des enfants , peinture , tambours , danses etc … : Un artiste n'est pas un enseignant et un enseignant n’est pas un artiste . Afin d’illustrer ceci je dirai que je reste sur ce pont d’art ; mon rôle s’arrête là et je laisse aux éducateurs le
soin de l’accompagner dans sa conquête des apprentissages du monde extérieur :
Art et apprentissages , voilà ce dont à besoin à l’école tout enfant sans différence mentales . L’art , dans sa valeur de matière transitionnelle , est bien cet espoir que j’ai vérifié dans la réalité , pour les enfants autistes ; et je terminerai en affirmant que
l’art est aux apprentissages , scolaires ou artistiques , ce qu’est la pierre angulaire aux édifices : Cette pierre agit indirectement , elle ne construit pas , mais elle soutient et donne sens à l’édifice , comme tel musicien artiste , qui bien que jouant avec
exactitude la partition , en fait joue l’immaterialite des notes
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