18/03/2023
Accueillir le rien. C’est la troisième fois que j’écris un texte pour illustrer cette image. Il y a deux jours, j’ai écrit sur le rapport au corps, les troubles du comportement alimentaire et l’amour à soi. Au réveil, j’ai écrit sur le changement, le mouvement, et le droit de faire évoluer les choses. J’entame un troisième essai, et cette fois, ce qui me vient, c’est le silence. Ces derniers jours, mon corps m’a appelé au silence. Être, et ne rien faire. Sur papier, c’est agréable, en réalité, c’est un vrai exercice. Je réalise chaque jour davantage que nous appartenons à la société du faire, que la croissance absolue est le fruit de nos actions en continu. J’observe - avec les yeux chargés de questions, de doutes, de colère parfois, ce modèle. Puis, je respire. Je réalise que l’évolution de ce modèle dépend de nos comportements individuels, de nos relations, de nos habitudes, de nos choix. Ces derniers jours, j’ai lutté pour accepter de ralentir. Mes règles sont venues m’imposer ce ralentissement. Mon corps m’a envoyé de nombreux messages, des tensions, des douleurs, un esprit agité de pensées variées. L’envie de ne rien faire me traverse depuis trois jours - et pourtant, je sens que ce n’est pas si simple. Nous sommes conditionnés au faire. Si nous arrêtons, notre ego se met en alerte rouge, et nous questionnons notre courage, notre force, notre valeur. Notre estime de nous est fragilisée. Hier, j’ai dormi toute l’après-midi, et je le célèbre comme une victoire ! C’est dingue non, cette non-autorisation au repos, au silence, au calme. J’écris ces mots depuis mon canapé, à 9h du matin, devant les dessins animés. Un petit café, un pain au chocolat, et la féroce envie, de ne rien faire. Cette photo m’apaise, je me souviens de ce jour-là, sur l’île du bout du monde, à Tétiaroa, si loin de tout, si proche de l’essentiel - l’énergie n’était pas à l’action, mais à l’être. Se laisser Être.