05/09/2025
Je tiens tout d’abord à exprimer toute ma sympathie à l’attention des familles touchées par ces tragédies ; votre peine est profondément ressentie et jamais oubliée.
Cet après-midi, j'ouvre Facebook, premier article que je vois : su***de d'un jeune de 18 ans. Depuis quelques mois, les nouvelles se suivent et se ressemblent, et elles sont insoutenables : encore un jeune qui se su***de. Peut-être est-ce le sixième en quatre mois… ou davantage. En vérité, on a cessé de compter. Chaque fois, c’est une vie brisée, une famille en lambeaux, des amis dévastés. Et à chaque fois, on entend au fond de soi cette question : aurions-nous pu faire quelque chose ?
Dans notre île, il faut malheureusement reconnaître que les mots qui commencent par "psy" font peur. On entend parfois "mo pa fou", "mo zanfan pa mental", des voix qui rejettent toute aide sous prétexte de normalité. Mais les "psy", ce ne sont pas des étiquettes, ce sont des professionnel·le·s du ressenti, de la tête et du cœur, des spécialistes des émotions. Leur mission, c’est de vous aider à dire, à comprendre, à apaiser ce que vous vivez à l’intérieur — pas de vous juger.
À ceux et celles qui se sentent mal, qui ont l’impression que ça ne va plus : vous n'êtes pas seul·e. Vos émotions ont un nom, votre douleur mérite d’être entendue. Il existe des oreilles bienveillantes prêtes à vous écouter, à vous accompagner. Faire appel à de l’aide n'est pas un signe de faiblesse, c’est une preuve de courage.
Aux parents, je lance un appel : instaurons des foyers où la parole est possible. Apprenons à nos enfants, dès le plus jeune âge, à dire ce qu’ils ressentent — la tristesse, la peur, la colère. Montrez-leur que ce qu’ils vivent compte, même si ça semble banal. Que ce qu’ils ont à dire trouve toujours un espace d’accueil et de sécurité dans votre cœur.
À l’entourage — profs, amis, cousins, tantes, oncles, voisins : chaque mot compte. Ne laissez rien passer, même une phrase « lancée comme ça ». Beaucoup ont témoigné qu’un "je suis là si tu veux parler" peut réellement sauver une vie. Soyons attentifs, accueillants, prêts à dénoncer un malaise, une souffrance.
Ce que nous pouvons tous faire, concrètement :
- En parler autour de soi, sans tabou
- Consulter un professionnel : psychologue, psychiatre — vous ne souffrez pas seul·e
- Appeler les lignes d’écoute immédiate :
- Befrienders Mauritius : 800 93 93 (ligne fixe) ou 467 0160 ; sur WhatsApp : 5 483 7233, 5 831 5551, 5 810 4317
- Konekte : 460 2919, service d’écoute en milieu scolaire, harcèlement
- Aller rapidement à l’hôpital (par ex. Brown Sequard Psychiatric Hospital, 465 3590) ou appeler le 999 si la situation devient critique
- Proposer de passer du temps avec la personne, marcher, cuisiner, partager une activité simple
- S’informer et partager autour de la santé émotionnelle
- Accompagner la personne vers son premier rendez-vous, pour qu’elle n’ait pas à franchir ce pas seule
Le su***de nous concerne tous. Par la parole, l’écoute, et les petits gestes quotidiens, nous pouvons changer les choses. Ensemble, faisons en sorte qu’aucun jeune ne se sente seul au point de croire que la mort est sa seule issue.