Syndicat de la Fonction Publique

Syndicat de la Fonction Publique Le SFP est le plus ancien des trois syndicats représentatifs dans la fonction publique territoriale polynésienne. N° T.A.H.I.T.I. : 722777.

Depuis sa création, le SFP en Polynésie Française (anciennement connu comme SCFP), organisation syndicale représentative dans la Fonction Publique, a lutté pour faire reconnaître les droits des agents publics œuvrant dans l’administration. Le SFP est notamment le seul syndicat de la fonction publique territoriale qui a choisi :
- de ne défendre que les agents publics. Ceci implique que les moyens

obtenus grâce à nos sympathisants leur servent effectivement et ne soient pas employés à d’autres usages, comme recruter dans le privé ;
- en 2011 et 2013 de se positionner contre les mesures dérogatoires au principe du concours proposées par les Gouvernements de l’époque (deux LP invalidées) ;
- de faire une action concrète (un recours au tribunal administratif) sur la non-revalorisation du point d’indice. Le SFP est ouvert à tous (catégories C, D, ANFAs, ANTs). Le syndicat dispose notamment de :
- 8 sièges dans les CAP (352 voix sur 2997 suffrages lors du scrutin du 30/11/2016), et en conséquence, 1 siège au sein du Conseil Supérieur de la Fonction Publique (CSFP), organisme majeur de la FPT ;
- 6 sièges dans les CTP (244 suffrages sur 3467 le 15/04/2015) ;
- 1 siège à la Commission Paritaire Consultative (équivalent des CAP pour les ANFAs) ainsi que 1 siège à la Commission d'Interprétation et de Conciliation (équivalent du CSFP pour les ANFAs). Si nos résultats électoraux peuvent sembler faibles, c’est que jusqu’à présent l’administration nous a bloqué dans notre action en ne nous octroyant pas les décharges d’activité auxquelles nous avions droit (ne nous permettant pas d'organiser correctement les élections). Puisque nous en bénéficions désormais, nous restons à la disposition des agents pour organiser toute réunion au sein des services, en fonction des besoins. On peut noter que le SFP attaque souvent l’administration, mais cette situation n’est pas de notre fait. Nous nous contentons de lutter contre la manie de certains à vouloir déroger aux règles établies. Par ailleurs, nous ne sommes pas systématiquement dans une position conflictuelle, et nous essayons d’être force de proposition. Bien que souvent ignorés, nous avons regroupés nos propositions dans un document (publié sur notre site internet) que nous faisons évoluer au fur et à mesure de nos rencontres avec les agents.

Juillet 2025 - Les engagements du gouvernement… n’engagent que ceux qui y croientEn décembre dernier, notre syndicat a s...
31/07/2025

Juillet 2025 - Les engagements du gouvernement… n’engagent que ceux qui y croient

En décembre dernier, notre syndicat a signé un protocole de sortie de grève par lequel le gouvernement s’engageait sur un certain nombre de dossiers.

Sept mois plus t**d, force est de constater que même une signature du Président du gouvernement n’a pas forcément valeur d’engagement…

Sur les reclassements

Comme nous l’exposions dans notre tranche de vie de décembre 2024 consacrée à notre protocole d’accord , certains cadres d’emploi sont passés de catégorie B à A à la faveur d’un niveau d’études requis atteignant ou dépassant aujourd’hui la licence.

Les projets de textes les concernant prévoyaient alors un reclassement dans les nouvelles grilles « à échelon immédiatement supérieur ou égal avec perte de l’ancienneté acquise ». Cette méthode ne favorise que les nouveaux arrivés, car pour les plus anciens, la reconnaissance salariale de ce changement est loin d’être au rendez-vous. Dans certains cas, elle est même inexistante. Si l’on ajoute à cela la perte d’ancienneté acquise dans l’échelon, ce qui devrait être une progression devient une régression.

La CSTP-FO et A Tia I Mua soutiennent très largement la position du gouvernement au sein du Conseil Supérieur de la Fonction Publique. La voix de la FISSAP est peu audible, et nous tentons de faire front avec le soutien de la FRAAP.

La représentante de la CSTP FO avait même lancé très sérieusement lors de l’adoption des textes en CSFP : « l’important est la reconnaissance psychologique du passage de catégorie B à A ». Nous laissons aux principaux concernés, et plus particulièrement aux psychologues, premières victimes de la méthode, le plaisir d’apprécier pareille ineptie.

Nous avions défendu le principe que l’ancienneté acquise est le fruit d’années de travail et qu’elle n’a pas à disparaître sous prétexte d’un changement de catégorie B à A. Par ailleurs, nous proposions que la méthode de reclassement se fasse sur la base d’une table de passage entre ancienne et nouvelle grille afin de garantir un minimum de progrès salarial pour tous, et consacrer ainsi le véritable changement de niveau. Nous avons transmis nos propositions en janvier 2025 accompagnées des études d’impacts financiers.

Le gouvernement n’a jamais considéré nos travaux et aucune discussion n’a eu lieu sur le sujet… bref le mépris le plus complet. Aujourd’hui sans autre forme d’échange, le gouvernement revient à la charge pour maintenir son cap, à savoir faire passer des agents de catégorie B à A sans véritable changement salarial. Seul petite ouverture, une conservation partielle ou totale de l’ancienneté. Cela sonne presque comme une insulte. Pour garantir un satisfécit, les conseillers techniques ont choisi quelques rares situations fort avantageuses dans la réforme annoncée (soit en tout début soit en toute fin de carrière). Mais pour le plus grand nombre, la do**he sera froide.

Le ministère en charge de la fonction publique avait évoqué un séminaire courant juillet pour remodeler les cadres d’emplois et les grilles de rémunération. Visiblement, nul besoin d’échanges.

Les dangers de la méthode sont multiples. Tout d’abord, l’absence de concertation sur nos propositions vient rompre un dialogue social déjà tendu. Quant aux reclassements eux-mêmes, ils vont créer de nombreuses frustrations dans des professions déjà sous tension comme les infirmiers, les infirmiers anesthésistes, les infirmiers de bloc opératoire, les psychologues, les conseillers socio-éducatifs et les agents socio-éducatifs. Ça fait du monde !

Ensuite, considérer qu’un catégorie A n’a pas à gagner bien davantage qu’un catégorie B revient finalement à abaisser les grilles de rémunération et à dévaloriser la valeur des études et des savoirs.

A force de faire pression sur les grilles de rémunération pour les maintenir à des niveaux relativement bas au regard des professions associées, on risque de ne plus attirer grand monde dans l’administration. Notre fonction publique peine aujourd’hui à recruter des ingénieurs, des informaticiens, des travailleurs sociaux et du personnel de santé. La réforme risque de provoquer le départ de ces agents vers d’autres horizons (le privé ou la fonction publique d’Etat).

Comble de l’absurdité, comme nous le relations dans notre dernière tranche de vie, l’administration en vient à publier des annonces pour recruter du personnel temporaire où le niveau de rémunération est très supérieur à celui des grilles actuelles.

Notre fonction publique est aujourd’hui malade de ses inégalités et de ses inepties. Ajouter des réformes iniques ne fera qu’amplifier le mal-être qui gangrène notre administration.

Aujourd’hui, l’absence totale d’échange autour de nos propositions et l’obstination du gouvernement de maintenir des méthodes de reclassement ineptes sur le plan moral, risquent de provoquer la grogne des principaux intéressés… et ils sont nombreux.

Si ces derniers décident de partir en grève faute d’écoute et de décisions moralement justes, il ne faudra pas y chercher la manipulation des syndicats.

Le cadre de travail des agents publics

Locaux vétustes

Nous demandions qu’un audit soit fait sur les locaux exploités par l’administration pour y placer ses agents et qu’un programme de réhabilitation soit lancé dans les meilleurs délais. Cette demande résultait de différentes visites effectuées par nos soins ayant révélé des conditions parfois inacceptables. Le gouvernement devait agir à l’horizon du 1er trimestre 2025… il n’a rien fait pour le moment. L’immense projet de déconcentration administrative pourrait résoudre partiellement ce problème, mais verra-t-il simplement le jour ? Un changement politique aux prochaines élections territoriales pourrait parfaitement remettre en question cette orientation.

Règlement amiable des conflits

Une entité placée au sein de la DTI devait permettre le règlement de certains conflits amiables. Si la coquille a été créée dans l’organigramme de la DTI, elle est totalement vide. Aucun agent n’y est affecté et aucun cadre protecteur n’a été adopté pour ces derniers. Ce cadre est essentiel car il faut éviter toutes formes de représailles de la part d’un chef de service qui se verrait sermonné pour avoir enfreint la réglementation. Un projet semble dans les tuyaux, mais vu la lenteur législative et l’absence d’agents affectés, on se demande bien ce qu’il adviendra.

Possibilité d’intégration des ANFA

Nous réclamions également la mise en place d’un dispositif d’incorporation régulier des ANFA dans la fonction publique. Si le gouvernement semble déterminé à favoriser l’intégration des agents de la fonction publique d’Etat dans notre administration, il ne semble pas prompt à favoriser celle de nos confrères ANFA. Pourtant tout le monde s’accorde sur la nécessité d’accélérer l’émergence d’une fonction publique à statut unique. Pourquoi tant de réticence à laisser les ANFA intégrer la fonction publique alors qu’il semble urgent de faciliter l’entrée des fonctionnaires d’Etat ?

Quelques progrès tout de même

Nous demandions que la loi à venir sur la reprise d’ancienneté, plus favorable que la précédente, ouvre une possibilité de rattrapage pour ceux déjà en poste. Cette demande semble acceptée mais le gouvernement souhaite une étude d’impact que nous nous sommes proposés de réaliser. Seul problème, il n’y a aucun moyen d’identifier les agents pouvant en bénéficier ainsi que l’ancienneté qu’ils pourraient revendiquer.

Seule référence, lors de la précédente loi permettant le rattrapage d’ancienneté, la direction du budget et des finances n’avait même pas jugé nécessaire un collectif budgétaire tant l’impact financier était minime… Espérons que le dossier avance même sans cette étude impossible à réaliser faute d’information.

Pareils bilan et mépris signent aujourd’hui une rupture du dialogue social dont seul le gouvernement porte la responsabilité.

Circuit législatif… une usine à gaz

Le circuit législatif des textes de loi relatifs à la fonction publique consiste normalement en un avis du Conseil Supérieur de la Fonction Publique (CSFP), puis une transmission du conseil des ministres vers le Conseil Economique, Social, Environnemental et Culturel pour avis, puis un passage devant l’assemblée. Par nature, il s’agit déjà d’un parcours du combattant.

Mais le gouvernement a créé trois commissions en amont du Conseil Supérieur de la Fonction Publique : une commission de la filière santé, une commission du statut général et une commission des cadres d’emploi. Les projets de textes y sont normalement arbitrés pour simplifier leur passage devant le CSFP.

Malheureusement ces commissions ne se réunissent pas très souvent et la méthode de travail manque d’efficience. Sur ce dernier point, difficile de blâmer uniquement le gouvernement car bien des organisations syndicales viennent dans ces commissions sans avoir pris le temps d’analyser les textes. Elles les découvrent donc en séance et ça patauge donc un peu.

Derrière ces commissions, l’idée est pourtant noble. Il s’agit de mettre autour de la table des interlocuteurs concernés par les projets de textes qui ne siègent pas forcément au sein du Conseil Supérieur de la Fonction Publique. Cependant, c’est une couche supplémentaire sur un mille-feuille déjà bien garni. Sans compter que les arbitrages de ces commissions ne sont pas forcément conformes aux souhaits du gouvernement… Il s’en suit alors une prolongation des débats en CSFP.

Nous avons proposé que les projets de textes soient envoyés aux organisations syndicales deux mois avant la tenue des conseils supérieurs de la fonction publique avec un délai de trois semaines pour retourner une analyse écrite. Les éléments seraient alors compilés par la DTI qui transmettrait ensuite la synthèse au gouvernement et aux organisations syndicales. Quinze jours avant la tenue du CSFP, les arbitrages du gouvernement seraient renvoyés par écrit aux organisations syndicales afin que lors du CSFP, le débat ne porte que sur les zones de désaccord. Malheureusement notre voix n’a visiblement pas porté…

Difficiles postures syndicales…

Ces dernières semaines ont été marqués par des mouvements sociaux relativement tendus.

La population dans sa très grande majorité a très mal vécu les possibles blocages liés aux préavis de grèves de la FRAAP. Les fonctionnaires semblent eux-aussi avoir boudé l’appel à la grève tant la mobilisation était faible.

Davantage en période électorale, les organisations syndicales cherchent à exister, cela se comprend. Il est parfois difficile de trouver le chemin le plus approprié pour rappeler aux agents publics que l’on est présent !

L’action syndicale est souvent périlleuse. Elle ne peut être efficace sans le soutien de la population dans son ensemble. Et pour obtenir l’assentiment de nos concitoyens, il faut non seulement des revendications justes, mais également une approche consensuelle. Sans cette légitimité populaire, ce sont les entités syndicales elles-mêmes qui risquent l’affaiblissement.

Il est toutefois bon de rappeler à bien des détracteurs de la grève que les grandes avancées sociales, comme les congés payés, le SMIG, l’illégalité du travail des enfants ou la semaine de 39 heures ont été obtenus grâce à d’intenses et longs mouvements sociaux.

La volonté du premier ministre du gouvernement français, Monsieur François BAYROU, de revenir sur certains jours fériés pour soi-disant réaliser d’hypothétiques économies, montre à quel point la vigilance et la mobilisation doivent cependant rester grandes.

Nous vous rappelons que nous sommes à votre disposition pour tout problème que vous pourriez rencontrer, que vous soyez affilié(e) ou non à notre centrale.

Juillet 2025 - Les annonces alléchantes de la direction de la santéJe m’appelle Teano, prénom d’emprunt, et je suis un s...
17/07/2025

Juillet 2025 - Les annonces alléchantes de la direction de la santé

Je m’appelle Teano, prénom d’emprunt, et je suis un simple infirmier parmi tant d’autres au sein de la direction de la santé. J’exerce depuis des années en site isolé dans les îles… même si Tahiti est aussi une île 😊.

J’ai récemment vu passer sur les réseaux sociaux une annonce de recrutement pour des médecins dans les îles. Celle-ci prenait bien soin d’annoncer les niveaux de rémunération, à savoir 40 000 F.CFP par jour en semaine (sans astreinte), 50 000 F.CFP par jour en semaine (avec astreinte) et 75 000 F.CFP par jour en weekend d’astreinte.

Dans les îles, il est fréquent qu’un médecin soit d’astreinte un jour sur deux. Alors, un rapide calcul permet d’estimer une rémunération mensuelle d’environ 1 350 000 F.CFP par mois (quinze jours d’astreinte 750 000 F.CFP et quinze jours normaux 600 000 F.CFP). Salaire très intéressant n’est-ce pas ? En plus, s’ajoute à celui-ci un logement de fonction, alors que demander de mieux ! Seul souci, c’est que cette rémunération est bien au-delà de celle d’un médecin titulaire de la fonction publique.

Dans notre équipe, exerce un médecin titulaire avec des années d’expérience. Ses horaires de travail sont démesurés et il accomplit chaque mois bénévolement un nombre d’heures supplémentaires incalculables. Il s’est forgé au fil du temps une connaissance considérable du contexte ilien. Il est dans une perpétuelle dynamique d’amélioration de la structure et de formation des agents. A l’aube de ses 60 ans, en tant que médecin titulaire ayant gravi de nombreux échelons, il plafonne autour de 900 000 F.CFP par mois .

Notre médecin connait quasiment tous les dossiers des patients. Il reste humble et soigne chaque personne avec empathie et dévouement. Il témoigne à chacun un intérêt comparable aux membres de sa propre famille. Quant au salaire, il s’en ait peu préoccupé. Il aime juste son travail.

Et les astreintes me direz-vous ? Même s’il était d’astreinte de manière continue 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pendant un mois, il ne pourrait espérer plus que 150 000 F.CFP par mois en plus… l’équivalent de trois jours d’astreinte de l’annonce. Notre médecin a de la chance lui… car il bénéficie d’un logement de fonction. Ce n’est pas le cas de tous les médecins en site isolé.

Cette rémunération des médecins de la fonction publique est ainsi à mettre en perspective de ce qui est promis aux médecins « remplaçants » qui répondront à l’annonce de la direction de la santé. « On n’attrape pas des mouches avec du vinaigre » dit le proverbe, c’est certain. Mais de là à créer de tels décalages entre les médecins titulaires et les autres, il y a une sacrée marge.

Notre médecin titulaire ne parviendra jamais à égaler l’excellent contrat proposé dans l’annonce. Certes sa rémunération s’avère très bonne, mais ramenée aux années d’études, aux responsabilités, aux sacrifices en termes de vie privée et aux horaires à rallonge qu’il effectue, on est très loin d’une autoroute de confort et de fortune.

Ce qui m’afflige, ce n’est pas le niveau de rétribution proposé par l’annonce. Celui-ci me semble correspondre à ce que devrait percevoir un médecin en site isolé. Ce qui m’attriste, c’est le décalage entre les deux situations. Car celui qui s’investit sur une très longue période, et qui chaque jour renouvelle la même qualité de soins, réalise un effort bien supérieur à celui qui viendra pour une courte durée. Logiquement un médecin titulaire devrait donc percevoir davantage qu’un médecin recruté sur une courte durée.

Je n’ai absolument rien contre les médecins qui accepteront ce contrat qui leur est proposé par annonce. Je suis convaincu qu’ils seront de bons médecins, compétents, agréables au quotidien et soucieux de l’état de santé de nos population. Je comprends également l’intérêt de proposer des contrats avantageux pour assurer une continuité des soins. Nos îles ont besoin de soignants et il faut tout mettre en œuvre pour attirer des remplaçants. Mais quel message est adressé à notre médecin titulaire ? Pareil écart lui donne-t-il envie de rester ? En fin de carrière, il aurait tout intérêt à démissionner pour accepter le contrat de l’annonce !

Je m’interroge plus largement sur l’impact de telles annonces… Favorisent-elles le recrutement de médecins dans la fonction publique ? Car in fine, nous avons plus besoin de titulaires que de remplaçants… Ne serait-il pas plus judicieux de revaloriser drastiquement les grilles des médecins exerçant dans des sites isolés ?

Cette situation d’amertume pour le personnel de la fonction publique qui œuvre dans la santé en site isolé, je l’étends bien volontiers à tous les corps de métier : médecins, cadres de santé, infirmiers, aides-soignants, auxiliaires de soins, adjoints de soins. Je l’étends même aux métiers non médicaux qui gravitent autour des soins : secrétaires, gestionnaires, agents polyvalents, femmes de ménage, etc...

Tout ce personnel de la fonction publique au service de la santé qui exerce en site isolé depuis tant d’année n’a jamais reçu la moindre prime de fidélité, sauf à considérer qu’un changement d’échelon tous les 2, 3 ou 4 ans s’assimile à une prime d’assiduité. Je reste cependant dans l’espoir qu’un jour la fidélité et les contraintes liées aux postes en sites isolés soient mieux valorisées.

Voilà, je suis un simple infirmier en site isolé. Comme bien d’autres j’en suis certain, je vois passer des annonces vouées à rémunérer des personnes de passage à des niveaux de salaire bien supérieurs à ceux des grilles de la fonction publique. Je m’interroge sur la logique de nos dirigeants qui maintiennent des rémunérations limitées pour les titulaires, peinent à recruter et proposent ensuite des contrats mirobolants pour combler les vides. Mea ma, ne serait-il pas plus rationnel d’attirer immédiatement beaucoup de personnel par de meilleures grilles de rémunération ?

Juin 2025 - Ayden, une réflexion loin des passionsUn terrible drame s’est produit au mois de mai avec la mort violente d...
30/06/2025

Juin 2025 - Ayden, une réflexion loin des passions

Un terrible drame s’est produit au mois de mai avec la mort violente de la petite Ayden. Celle-ci était placée chez « des tiers dignes de confiance » supposés la protéger des violences qu’elle connaissait déjà dans sa famille biologique.

Dès cette information rendue publique, la vindicte populaire s’est lâchée sur les réseaux sociaux avec cette pulsion presque naturelle de rechercher et de désigner sans délai des coupables.

Nous avons préféré rester silencieux et prendre un peu de recul pour ne pas penser dans l’émotion.

Le travailleur social, un coupable idéal

Très vite les travailleurs sociaux ont été désignés, considérant qu’ils avaient faillis dans leur mission. Le Président du Gouvernement reconnaissait lui aussi « des carences », sous-entendant potentiellement une erreur des services sociaux.

Dans ce contexte, les agents de la Direction des Solidarités, de la Famille et de l’Egalité (DSFE) ont immédiatement été pointés du doigt. On est ainsi venu porter à leur encontre des accusations graves, sans enquête, sans analyse, alors qu’ils sont totalement sous le choc.

Ceux qui se répandent sur les réseaux sociaux, ceux qui s’expriment sous le coup d’une légitime colère, n’ont visiblement aucune idée de ce qu’est devenu le quotidien de ces agents très particuliers de la fonction publique.

Ces derniers mériteraient pourtant d’être écoutés. Ils sont suffisamment intelligents, sensibles et professionnels pour faire eux-mêmes leur autocritique. Leur silence et leur retenue dans ce drame en disent long sur leur ressenti et leur professionnalisme.

Ceux qui rejoignent chaque jour leur poste de travail sont passionnés, et ce drame les a ébranlés, bien davantage que d’autres qui vocifèrent simplement.

Une communication maladroite

Les conditions de travail de ces agents sont devenues telles depuis des années que l’éventualité de cette tragédie était dans leur tête depuis bien longtemps. Ils le redoutaient, voire le pressentaient.

Dans l’hexagone, quelques 381 000 enfants sont aujourd’hui suivis par environ 35 000 travailleurs sociaux dédiés spécifiquement à l’enfance. Cela représente onze enfants par travailleurs sociaux. En Polynésie française, contrairement aux annonces de Madame la Vice-Présidente, nous n’en sommes pas à 20 enfants par travailleurs sociaux, mais à plus de 60 ! Six fois plus ! Cela aurait pu constituer une première alerte pour nos dirigeants, mais visiblement non. Lorsque Madame la Vice-Présidente tente de minimiser la réalité dans un tel moment de crise, il y a de quoi s’alarmer et s’inquiéter.

Le gouvernement a d’abord déclaré que le problème n’était pas dans le nombre de travailleurs sociaux puisque « il y avait eu une visite en avril » ! Devant pareille ineptie, Madame la Vice-Présidente en charge du social a fini par concéder qu’effectivement, notre administration est sous-dotée en travailleurs sociaux. Elle a reconnu que dans l’hexagone chaque travailleur social suit en moyenne une trentaine de dossier, alors qu’en Polynésie française, le même travailleur social en suivrait une centaine ! Même si ces chiffres ne sont pas tout à fait corrects, ils dressent, de l’aveu même de Madame la Vice-Présidente, un constat d’échec.

Il y eut aussi ces petites phrases maladroites comme « Il faut être plus rigoureux. […] il y a eu une faille quelque part », « Il y a un trou dans la raquette ». Chacune d’entre elles, sans le vouloir certainement, pointaient vers les travailleurs sociaux. Un tel cafouillage en termes de communication en dit long sur la difficulté de regarder les choses en face.

Voilà des années que la DSFE est en sous effectifs et le crie sous tous les toits. Mais la caravane passe… Depuis plus de deux ans maintenant, notre syndicat se montre très actif sur ce sujet. Nous avons obtenu les Indemnités de Sujétions Spéciales (ISS) pour les agents de la DSFE afin de rendre leurs postes un peu plus attractifs. Contrairement aux déclarations de Monsieur le Président, ces indemnités n’ont pas été « augmentées », elles ont été créées sous notre impulsion pour endiguer l’hémorragie de travailleurs sociaux.

Nous y avons également négocié leurs conditions d’octroi et le régime des astreintes. La volonté politique est si faible et notre administration est si lente que ces ISS actées depuis près d’une année n’ont toujours pas été versées aux agents !

Nous avons écrit un nombre incalculable de fois sur le sujet pour marteler le manque de travailleurs sociaux. Puis vint la tragédie…

Le sous-dimensionnement de la DSFE est un choix politique dont les travailleurs sociaux ne portent pas la responsabilité.

Les dernières déclarations de Madame la Vice-Présidente annonçant la création de 20 postes sonnaient comme un espoir. Mais voilà qu’il s’agit visiblement de transformer 20 postes de catégorie B en catégorie C. Or les conseillers socio-éducatifs et les assistants socio-éducatifs sont tous désormais des agents de catégorie A ! Alors comment combler le manque de travailleurs sociaux avec 20 postes de catégorie C ? Le gouvernement va devoir se livrer à de multiples contorsions pour expliquer comment faire rentrer un énorme pavé dans un petit cercle…

Un cadre de travail dégradé

L’administration n’arrive plus à attirer de travailleurs sociaux. Le rythme de travail est devenu démesuré en raison du nombre de cas suivis par agent. Les rémunérations sont dérisoires au regard des années d’études nécessaires pour l’obtention des diplômes. La violence et la misère quotidiennes sont devenues telles, que beaucoup abandonnent ou refusent ce métier.

Ceux qui tentent l’aventure ne restent pas bien longtemps. Les arrêts maladie s’enchaînent non par fénéantise comme le pensent certains, mais par épuisement.

Depuis quelques années, en raison de violences accrues contre les employés, la direction a été contrainte de déployer des agents de sécurité dans l’immeuble Te Hotu qui abrite le service central ainsi que dans toutes les circonscriptions ! Une telle obligation aurait légitimement dû déclencher une prise de conscience ! Mais là encore, rien.

Prendre un peu de recul

Dans ce monde où l’immédiateté de tout est devenue la règle, peut-être est-il judicieux de rappeler que les travailleurs sociaux n’arrivent qu’en bout de chaîne, lorsque tout le reste du système s’est montré défaillant.

Pour la petite Ayden, la famille biologique fut la première défaillance, le cadre législatif qui encadre l’examen « des tiers dignes de confiance » fut la seconde, la surcharge de travail par travailleur social fut la troisième, ces fameux « tiers dignes de confiance » la quatrième, l’école la cinquième et l’absence de circuit organisé entre tous ces protagonistes la sixième.

La personne qui a choisi « les tiers dignes de confiance » de la petite Ayden a nul doute réalisé son travail correctement et consciencieusement, n’en déplaise à beaucoup. Elle a certainement dû arbitrer ce placement dans l’urgence… comme d’habitude. La famille d’accueil devait en apparence cocher tous les critères favorables… comme d’habitude. Puis le flot de dossiers quotidiens n’a pas permis d’assurer le suivi minutieux nécessaire… comme d’habitude. Et sans aucune alerte de l’école, les travailleurs sociaux ont considéré que tout allait bien… comme d’habitude.

Peut-être existe-t-il d’autres responsables, aujourd’hui plus discrets, ou malheureusement dans le rang des accusateurs.

La défaillance de la famille biologique et celle « des tiers dignes de confiance », révèlent dans ces cas de souffrances subies par les enfants, la faillite de « La famille » en tant qu’institution.

Il n’est jamais rappelé, ni par les pouvoirs publics, ni par les églises, qu’il ne faut jamais faire plus d’enfants que l’on est capable d’en assumer affectivement et financièrement.

Un enfant est une responsabilité de toute une vie. Aussi, sans doute serait-il judicieux de répéter qu’avoir un enfant n’est pas une obligation. D’insister sur le fait qu’avant l’arrivée de cet enfant, toutes les conditions d’accueil doivent être remplies au sein de la famille : suffisamment d’argent, suffisamment d’énergie, suffisamment d’espace, suffisamment de temps pour s’en occuper et par-dessus tout, suffisamment de patience, d’amour et de tendresse à donner. Car de la patience il en faut et beaucoup !

Dans nos pays démocratiques, la loi ne peut interdire d’avoir des enfants. Cependant la naissance d’un enfant doit relever d’un acte désiré et non d’une fatalité.

Pour l’anecdote, fut une époque en Angleterre où il fallait l’autorisation du roi pour avoir un enfant. Lorsque cette autorisation était donnée, le couple pouvait afficher fièrement sur la porte de sa maison « Fornication Under Consent of the King » (Relations sexuelles sous le consentement du Roi) dont les initiales sont à l’origine du mot « F**k » que nombre de personnes utilisent. Ce n’est pas un trait d’humour, vérifiez par vous-mêmes.

Cette contrainte a disparu et aujourd’hui, fort heureusement, les femmes sont libres de disposer de leur corps comme elles l’entendent. La contraception existe, elle est libre et financièrement accessible.

La pilule du lendemain existe et se délivre gratuitement (une pensée pour le Professeur BAULIEU qui en est le père et qui vient de décéder). L’avortement médicalisé est libre d’accès, et n’en déplaise à ses détracteurs, mieux vaut un avortement plutôt qu’un enfant qui naîtra dans un cadre où il n’est pas attendu et donc soumis à cette première violence affective qui augure souvent celles physiques à venir.

La violence familiale ne connaît aucune frontière sociale, culturelle ou ethnique. Il faut donc couper court aux habituels clichés. Les enfants soumis à la violence de leur famille, on les trouve malheureusement partout : chez les riches comme chez les pauvres et dans toute la diversité que compte notre civilisation.

Accepter sa part de responsabilité

Alors, plutôt que de désigner publiquement des coupables sans procès, chacun doit peut-être faire avant tout son auto-critique et assumer sa part de responsabilité.

Il y a les pouvoirs publics et les églises qui promeuvent souvent la natalité au lieu de rappeler les parents et les futurs parents à leurs responsabilités. Peut-être est-il temps de réfléchir au système d’allocation familiale afin que l’aide financière aux enfants ne soit jamais un critère dans la décision d’avoir un enfant.

Il y a aussi chacun d’entre nous qui entend les pleurs, les cris, se retrouve témoin d’actes de violences et qui avec une grande lâcheté n’intervient pas et ne dit rien pour ne pas faire d’histoires ou ne pas en avoir.

Il y a également l’école et la vigilance qui devrait être rappelée aux enseignants avec peut-être une obligation légale de signalement comme cela est déjà le cas dans certains pays. Les enseignants ont déjà cette obligation morale de signaler les situations suspectes ! Mieux vaut une enquête sociale pour rien, qu’une absence d’enquête qui débouche sur une tragédie.

Il y a de nouveau les pouvoirs publics qui considèrent qu’un travailleur social peut parfaitement faire son métier correctement en suivant plus de 60 enfants à la fois. Ainsi, 60 enfants pour 169 heures par mois, cela représente moins de trois heures par mois pour chacun d’entre eux. Nous mettons tous ceux qui vocifèrent sur les réseaux sociaux au défi de faire mieux dans ces conditions.

Ainsi, il n’y a pas « un trou dans la raquette » mais « des trous dans des raquettes ».

Quelle politique sociale ?

Augmenter le nombre de travailleurs sociaux pour palier le nombre grandissant de foyers en ayant besoin est un cercle vicieux.

La misère est multiple. Elle est en premier lieu financière puisqu’un tiers des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté. Elle est aussi parfois intellectuelle, affective, culturelle, morale et elle peut toucher chacun d’entre nous. Pour la combattre, encore faut-il la détecter au plus tôt.

On pense bien évidemment à l’école où l’on a laissé l’Etat dérouler le seul modèle qu’il connaît, à savoir le sien, celui de l’hexagone. Pourtant la Polynésie française est compétente en matière d’éducation et de programmes scolaires depuis une trentaine d’années. Elle n’a visiblement pas encore pris la mesure de ses compétences, et ne conçoit toujours pas un système éducatif calé sur son cadre socio-culturel… Pourtant culturellement le Fenua ce n’est pas la France !

Peut-être y a-t-il là une première réflexion à avoir pour combattre les misères intellectuelles, affectives et culturelles.

Fut une époque où le tissu associatif dédié au social était dynamique. Des travailleurs sociaux de notre administration étaient affectés au sein de ces structures associatives pour réaliser leur accompagnement social au plus près des populations.

Mais un jour, un chef de service ou un ministre, décida que ce n’était plus possible. Ces travailleurs sociaux furent rapatriés au sein des affaires sociales et le travail de proximité qu’ils réalisaient fut confié à d’autres, souvent moins expérimentés, voire dénués de toute formation sociale.

Là encore, peut-être serait-il judicieux de se poser de judicieuses questions ? Certaines de ces associations assument une bonne part de leur budget et rémunèrent des personnes en grande précarité tout en assumant un accompagnement social.

Ayant présidé l’association Te U’I Rau à Faa’a pendant des années, j’ai pu mesurer la force du tissu associatif et surtout le lien spécial qu’il sait établir avec les usagers qui en ont besoin.

Plutôt que de dépenser des sommes considérables dans des projets souvent dénués de sens, peut-être y aurait-il un intérêt dans le cadre de la politique sociale à réorienter ces sommes vers ces associations tout en y déployant des travailleurs sociaux de notre administration.

Un pessimisme de rigueur

Ce drame ne servira à rien car malheureusement aucun changement n’interviendra. Soyons lucides. Les travailleurs sociaux ne le savent que trop. Une fois l’émotion et les discours passés, chacun oubliera, reviendra à ses habitudes… jusqu’au prochain drame.

Comme à chaque tragédie de ce type, les travailleurs sociaux y laissent une part d’eux-mêmes. Car contrairement aux autres, chacune de leur journée de travail les plonge dans un quotidien qui leur rappelle la petite Ayden.

Qu’elle repose en paix, qu’une enquête minutieuse soit faite et que justice soit prononcée. Quant aux autres, qu’ils s’interrogent sur eux-mêmes, se remettent en question. Qu’ils lisent ou relisent « Pina » de Titaua PEU. Ils comprendront qu’en 2016, l’horreur était déjà là, décrite avec minutie et elle n'était pas qu’un roman.

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