
17/09/2025
Le paradoxe borderline : entre appel et menace.
Le sujet borderline vit un dilemme fondamental : il désire ardemment l’amour, mais doute de sa fiabilité. Pour en tester la solidité, il met l’autre à l’épreuve, souvent en exposant sa destructivité : crises, comportements auto-agressifs, menaces d’abandon de soi. L’autre est ainsi convoqué comme témoin et garant : « Si tu restes malgré mon chaos, alors je croirai que tu m’aimes. »
Cette stratégie, censée sécuriser le lien, tend paradoxalement à l’endommager. L’appel à l’amour devient une menace pour l’amour lui-même. Le résultat est circulaire : plus le sujet teste l’autre, plus il risque la rupture, renforçant ainsi sa conviction de ne pas être aimable.
Hypothèse étiologique
À la racine, ce paradoxe peut être compris comme l’héritage d’expériences précoces marquées par l’inconstance affective : un attachement vécu comme instable, parfois chaleureux, parfois rejetant ou intrusif. L’enfant apprend alors que l’amour est conditionnel et fragile, qu’il peut disparaître à tout moment. Face à cette insécurité, il développe une stratégie paradoxale : provoquer la perte pour vérifier la solidité du lien.
Le fonctionnement borderline est ainsi le fruit d’une double contrainte intériorisée : « J’ai besoin de toi pour survivre, mais je ne peux pas croire que tu resteras. » Ce conflit interne structure la relation à soi et à l’autre, oscillant entre idéalisation (le paradis) et angoisse d’abandon (l’enfer).