17/03/2025
Lorsque l’on devient médecin, et plus particulièrement chirurgien je crois, on pense souvent à ceux qui nous ont formé, les aînés qui nous ont transmis le savoir et les « astuces ». Ainsi, parmi d’autres, je pense :
• Au Professeur Seydina Issa Laye Sèye tout d’abord, le Maître, un homme modeste et humble, sans fioritures, qui m’a donné la chance de faire de l’orthopédie. Au-delà de ses staffs où beaucoup ont tremblé, je me rappelle la douceur avec laquelle il a réduit une fracture comminutive du plateau tibial externe comme un f***t avant de mettre une plaque à effet console pour maintenir le tout ;
• Au Professeur Mouhamadou Habib Sy, le rigoureux, un puits de connaissances, qu’on ne se lasse pas d’écouter, qui ne laisse passer aucun détails. Je me rappelle l’avoir aidé pour une neurolyse du nerf médian dans le cadre d’un syndrome du canal carpien, la précision de la dissection et de la synovectomie associée était impressionnante ;
• Au Professeur Abdoulaye Ndiaye, toujours de bons conseils et disponible pour ses étudiants. Il me remontait les bretelles quand je ne changeais pas de sabots en entrant au bloc opératoire 🤫 ;
• Au Professeur Charles Diémé, sur qui le stress n’a pas d’emprise, quelle que soit la situation, qualité importante chez un chirurgien. A chaque fois que je discutais avec lui des différents problèmes que l’on rencontrait dans notre formation, il me répondait d’un air fataliste « rien de nouveau sous les tropiques » ;
• Au Professeur Ndèye Fatou Coulibaly, « la patronne », toujours à mon écoute, d’une gentillesse sans fin, qui m’a montré un jour à la garde comment utiliser une aiguille de fil de suture pour stabiliser une fracture ouverte de la phalange distale avec fracture unguéale ;
• Au Professeur Charles Kinkpé, qui me laissa faire une prothèse totale de hanche en tant qu’ « opérateur principal » (mais sous sa supervision) alors que je n’étais qu’en 2ème année de spécialisation (ce qui me valut à l’examen oral de la même année ce commentaire du Pr André-Daniel Sané « c’est comme quand tu es petit et que ton père t’assoit sur ses genoux derrière le volant de la voiture, il te dit bravo tu conduis » 😀). Il me fit également découvrir la méthode Ponseti pour le traitement du pied bot varus équin ;
• Au Professeur Jean-Claude Sané, mon directeur de mémoire, avec sa fameuse phrase « que Dieu nous assiste » avant chaque intervention, nous rappelant que nous devons rester humble. Un jour, il m’a mis amicalement un coup de poing et un coup de tête en pleine présentation de malade au staff parce que, jeune que j’étais, je proposais une résection de la tête radiale chez un enfant qui avait une fracture très déplacée du col radial, alors qu’il fallait tenter une réduction à foyer fermé par embrochage ascendant grâce à une broche béquillée ;
• Au Professeur Amadou Ndiassé Kassé, avec qui il ne faut pas perdre trop de temps, on va droit au but. Un grand connaisseur sous une apparence très relax. Je me rappelle comment il mobilisait les patients opérés à la consultation de contrôle, plein de « vigueur » ;
• A Feu Dr Magatte Ba Diagne, qui pouvait passer 20 minutes à exciser un panari parce qu’elle voulait s’assurer avoir enlevé tous les tissus nécrotiques et infectés ;
• Au Dr Babacar Thiam, toujours discret, redoutable chirurgien, à qui je pense à chaque fois que j’opère une fracture de la rotule car m’ayant appris à toujours explorer au doigt les ailerons rotuliens après avoir exposé la fracture ;
• Au Professeur Mohamed Daffé, le grand frère, qui nous laissait toujours faire les patients septiques en nous donnant des astuces pour ces chirurgies plus complexes qu’elles n’y paraissent ;
• Au Professeur Mouhamadou Moustaphe Niane, mon co-directeur de mémoire, qui m’a montré mes premières arthroscopies du genou ;
• Au Professeur Lamine Sarr, le calme, toujours discret et respectueux, qui était là en cas de besoin à la garde au cas où on avait un problème en opérant. Il m’a accompagné lors de mes premières prothèses de genou ;
• Au Professeur Alioune Badara Guèye, qui me montra comment faire la neurolyse du nerf ulnaire au coude chez les patients aux séquelles de lèpre ;
• Au Dr Souleymane Diao, un autre grand frère, toujours prêt à m’aider et me conseiller en cas de difficultés ;
• Au Dr Bertrand Bouxin, le maestro de la prothèse totale de hanche. Je me rappelle le jour où il a mis exactement 17 minutes entre l’incision et la fermeture pour une prothèse totale de hanche chez une patiente de 90 ans ;
• Au Professeur Philippe Wicart, la « Rolex » de l’orthopédie pédiatrique, qui n’a pas son pareil pour opéré un pied plat ou faire une triple ostéotomie du bassin chez l’enfant ;
• Au Dr Christophe Delecourt, le spécialiste de la colonne vertébrale, avec qui on pouvait opérer 5 colonnes vertébrales dans la journée ;
• Au Dr Ghokan Polat, un as de l’arthroscopie du genou, qui prenait tout son temps pour m’expliquer le pourquoi du comment de telle étape dans les reconstructions du ligament croisé antérieur.
Plus généralement, nous ne devons pas oublier que l’on a appris ou apprenons de chaque personne avec qui nous avons travaillé ou travaillons, que ce soit les infirmier(e)s, les plâtriers, les aides-opératoires, nos camarades de promotion…et de toutes les structures sanitaires où nous avons été formé : Hôpital Aristide Le Dantec, Hôpital Idrissa Pouye (ex CTO), Centre Hospitalier de l’Ordre de Malte, Hôpital Principal, Hôpital Mahtaboul Fawzaïni de Touba, Hôpital Necker-Enfants Malades de Paris, Institut Calot de Berck, Capa University Hospital d’Istanbul…
MERCI A TOUS 🙏