Rawdu-r Rayâhîn

Rawdu-r Rayâhîn Rawdu-r Rayâhîn est une organisation de recherche et de propagation des enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba

Daïra Rawdu-r rayâhînRésidence Cheikhoul KhadimTOUBAProgramme  des activités culturelles de Rawdu à l'occasion du Magal ...
29/11/2015

Daïra Rawdu-r rayâhîn
Résidence Cheikhoul Khadim
TOUBA
Programme des activités culturelles de Rawdu à l'occasion du Magal 1437 (01/12/2015)

TABLE RONDE MATINALE:
THÈME: La bonne cohabitation entre les musulmans au Sénégal CONFÉRENCIÈRE: Serigne Khadim LO (Touba),
PANEL: un représentant de la famille omarienne (Louga),
un membre de la jamâ’at ‘Ibâd ar- rahmân, un représentant de la famille de Léona Niassène.
MODÉRATEUR: Serigne Same BOUSSO
LIEU: Résidence Khadim Rassoul
DATE: 18 safar 1437 10h-13h
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LA CONFÉRENCE PRINCIPALE:
THÈME: Cheikh Ahmadou Bamba et l'amour du Prophète (PSL) CONFÉRENCIER: Serigne Ahmadou Mbacké Daroul Mouhty,
MODÉRATEUR: Baye Issa Gueye
LIEU: Résidence Khadim Rassoul
DATE: 18 safar 1437 22h-01h

LIVRE de Rawdu-r Rayâhîn "Etude sur la Mouridiya":PRIX: 3000 FcfaLIEUX de Distribution: * Serigne Cheikh Fall Tééré en f...
05/11/2015

LIVRE de Rawdu-r Rayâhîn "Etude sur la Mouridiya":
PRIX: 3000 Fcfa
LIEUX de Distribution:
* Serigne Cheikh Fall Tééré en face Keur Serigne bi à Crédit foncier (76 661 96 91 / 70 755 74 77)
* Makhtar Diop, Keur Serigne Mourtada à Guédiawaye
(77 531 48 92 / 70 717 87 87)
* Ababacar Diouf, Keur Serigne Moustapha Bassirou Mbacke, Golf Nord Guédiawaye en face Hamo 4 (77 554 58 34)
* TOUBA: Librairies sises à Keur Serigne Mourtada et Keur Serigne Mbacke Medina en face de la grande mosquée
* Possibilités de livraison à domicile/bureau dans certains cas. Appelez au 77 566 73 80 / 70 732 09 55

CHAPITRES
- Un aperçu historique sur la Mouridiya et son fondateur
- Le soufisme dans la vision de Cheikh Ahmadou Bamba
- Cheikh Ahmadou Bamba et le Saint Coran
- Cheikh Ahmadou Bamba et la noble Sunna prophétique
- Cheikh Ahmadou Bamba et le savoir
- Cheikh Ahmadou Bamba et l’adoration de Dieu
- Le travail et la khidma dans la Mouridiya
- L’acte d’allégeance et la bonne conduite dans les pratiques de la Mouridiya
- Cheikh Ahmadou Bamba et l’unité des musulmans
- La paix dans les enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba
AUTEURS: Professeur Galaye Ndiaye - Serigne Mbacke Abdourahmane - Serigne Same Bousso - Serigne Afé Niang - Serigne Mountakha Diattara - Serigne Chouhaibou (Abo) Kebe - Cheikhouna MBACKE Abdoul Wadoud - Dr Khadim SYLLA -Serigne Fallou Bousso Tamba

02/11/2015

Conférence à Port Gentil au Gabon (26/10/2015) sur « l'Afrique peut elle s'inspirer du Mouridisme pour son développement? » (par Serigne Cheikhouna Mbacke Abdou Wadoud) :

Contribution de Cheikh Fatma Mbacke

Assalamou aleykoum, wa salamou wa Assalamou Aleykum ala Rassoulil Laah
Je commencerais par féliciter les conférenciers pour le brio avec lequel ils ont traité le thème. La pertinence du sujet trouve tout son sens dans le fait qu'il constitue une continuité et un complément par rapport a la conférence sur l'universalité du message de Cheikh Ahmadou Bamba que Serigne Same Bousso avait exposée à Lambaréné samedi dernier (24 octobre 2015).
Oui quand on parle d'universalité, la cohérence voudrait qu'on parla aussi de partage des enseignements du Cheikh avec toute l'humanité en commença naturellement par l'Afrique.
Je voudrais ici apporter une petite clarification sur le thème. Quand on parle de l'Afrique qui devrait s'inspirer de l'enseignement du Cheikh pour son développement, certains africains pourraient se poser la question de savoir pourquoi le Sénégal est resté comme toutes les nations africaines un pays sous-développé, voir pauvre, alors qu'il est le pays d'origine de Cheikh Ahmadou Bamba?
C'est une point légitime mais la vraie question je pense, devrait être: pourquoi depuis l'indépendance en 1960 le Sénégal en tant que Etat, en tant que Nation n'a pas cherché à bâtir son développement autour de valeurs, de modèles endogènes inspirés de l'enseignement de ses grands penseurs dont le plus prolifique est sans aucun doute Cheikh Ahmadou Bamba?
Nous le savons, au temps colonial, la politique envers les différentes confréries islamiques consistait à les diviser pour mieux régner et à essayer de susciter la rivalité entre elles. Rappelons qu'un des objectifs de l'Exil du Cheikh ici au Gabon était de faire oublier son enseignement à ses fidèles. Après un échec cuisant et son retour triomphant au Sénégal, il ne restait aux français que de mettre en place une politique cynique d'exacerbation artificielle des rivalités entre les confréries afin d’endiguer l’expansion de la Mouridiya. Malheureusement pour le Sénégal cette politique n'a pas été totalement abandonnée par les administrations post indépendances. On met de côté par exemple, tout enseignement du Cheikh sous prétexte que s'inspirer de lui pourrait frustrer les autres confréries. Ainsi un jeune sénégalais peut faire tout son cursus scolaire, du primaire à l'université sans quasiment jamais rencontrer Cheikh Ahmadou Bamba dans ses cours.
Pourtant comme l'ont montré les conférenciers, on peut bien s'inspirer du Mouridisme dans le cadre de l'effort de mobilisation nationale pour le développement du Pays sans pour autant que toute la population devienne nécessairement mouride. S'inspirer du Cheikh comme penseur authentiquement sénégalais, authentiquement africain, ne serait qu’intelligence et pragmatisme. D'autant plus que les mourides ont amplement montré leur efficacité et leur capacité économique. Ils rayonnent dans tous les domaines économiques : agriculture, commerce, transport, émigration etc...Ce n'est pas un hasard si les deux premiers milliardaires connus au Sénégal étaient des mourides. Donc les fideles du Mouridisme ont très clairement montré par leurs actions, que l'enseignement du Cheikh constituait bien une niche non encore exploitée a sa juste mesure.
Je terminerais par rappeler un autre exemple des enseignements du Cheikh, à la suite de ceux nombreux cités par les conférenciers, sur lequel on devrait beaucoup méditer. C'est la notion de compter d'abord sur soit pour toute entreprise, pour tout projet. Quand il a appelé ses mourides a mobiliser des fonds par des contributions pour l'édification de la grandes mosquée de Touba, Cheikhoul khadim a dit qu'il a voulu leur enseigner à ne pas compter sur des financements extérieurs mais a compter d'abord sur eux même pour tout projet, car celui qui finance détient le pouvoir sur vous. Cet enseignement a été si bien assimilé qu'aujourd'hui, prenant la suite de ses devanciers, l'actuel khalif de Serigne Touba, Cheikh Sidy Moukhtar Mbacke en est la parfaite illustration avec ses très grands projets dans la grande mosquée de Touba, dans celle de Massalik Al-Jinane a Dakar et a l'université de Touba entre autres.
Apres 55 ans d'indépendance nos pays d'Afriques n’ont pratiquement compté que sur l'aide au développement venant des pays extérieurs. Cette aide n'a fait que nous endetté sans nous apporter le développement. Aujourd'hui beaucoup de nos pays sont dans l'impasse! Il est donc temps de trouver d'autres voies qui s'inspirent du génie africain pour un développement endogène. Cheikh Ahmadou Bamba est clairement une solution a cette équation, les conférenciers l'ont bien démontré. L'Afrique, en commençant par le Sénégal a tout intérêt à s'inspirer de sa pensée, de son enseignement, de l’exemple pratique de ses mourides, pour son développement.

Cheikh Fatma Mbacke
Ingénieur informaticien
Chercheur mouride
cheikhfatma@yahoo.com
www.cheikhfatma.com

L'Afrique peut-elle s'inspirer du Mouridisme pour son développement?Par Cheikhouna MBACKE Abdoul Wadoud--------Comité d'...
01/11/2015

L'Afrique peut-elle s'inspirer du Mouridisme pour son développement?
Par Cheikhouna MBACKE Abdoul Wadoud
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Comité d'Organisation du Grand Magal de Touba

Commission Communication et Culture

Semaine Culturelle sur le thème «Cheikh Ahmadou Bamba au Gabon»

Port-Gentil, le 26 octobre 2015
Avant-propos

ميحرلا نحمرلا للها مسب
ىفطصا نيذلا هدابع ىلع ملاسو ،ىفكو لله دملحا

Messieurs les autorités provinciales, départementales et municipales, Messieurs les autorités diplomatiques de la France et du Sénégal,
Son Eminence l’imam de la grande mosquée de Port-Gentil,

Son Eminence Cheikh Mouhammad Bachir Cheikh Abdoul Khadir, porte-parole du Khalif général des Mourides et président du Comité d’Organisation du Grand Magal de Touba,

Mon jëwriñ le président de l’Association des Journées Culturelles
Cheikh Ahmadou Bamba au Gabon,

Mon jëwriñ le président de la daïra de Port-Gentil, Chers invités,
Condisciples Mourides,

هتاكربو للها ةحمرو مكيلع ملاسلا

Permettez-moi, après vous avoir souhaité le salut, la paix, la miséricorde et les bénédictions de Dieu, de vous exprimer mes félicitations et mes vœux pour cette semaine culturelle organisée au Gabon sur le thème «Cheikh Ahmadou Bamba au Gabon».

Certes, Cheikh Ahmadou Bamba a quitté le Gabon depuis plus d'un siècle, mais ses adeptes continuent de visiter le Gabon et de s'y installer comme si quelque chose les y attirait. Oui, il y a un lien fort entre le Gabon et les adeptes de Cheikh Ahmadou Bamba car ce pays et ses localités comme Libreville, Mayumba, Lambaréné, etc.
sont devenus partie intégrante de l'histoire du Mouridisme et de celle de son fondateur.

Dans cet état d'esprit, il est légitime de considérer le Gabon comme un pont par lequel le Mouridisme peut franchir le Sénégal pour rejoindre le reste de l'Afrique. De ce point de vue, il est légitime, aussi, de chercher ce que le Mouridisme peut apporter à l'Afrique et aux Africains. C’est certainement la raison pour laquelle le Comité d'Organisation du Grand Magal de Touba a choisi ce thème
«L'Afrique peut-elle s'inspirer du Mouridisme pour son développement?» pour notre débat d’aujourd’hui ici à Port Gentil. J'essaierai de vous entretenir de ce thème autour de quelques grands axes et susciter ainsi le débat d'idées et la nécessaire réflexion que nous devons avoir ensemble.
Introduction

Le Mouridisme est une voie soufie fondée par Cheikh Ahmadou Bamba MBACKE (1853-1927). Etant un réformateur musulman soufi, Cheikh Ahmadou Bamba propose à travers le Mouridisme un projet de société basé sur des valeurs universelles qui peuvent inspirer n'importe quel peuple sans être obligé d'épouser la voie mouride ni même la religion musulmane.

Dans cette optique, nous nous emploierons de voir si l'Afrique, après avoir emprunté plusieurs chemins sans issue, peut s'inspirer du Mouridisme pour son développement.

Pour répondre à la question posée dans l'intitulé de cette communication, nous commençons par une brève présentation de Cheikh Ahmadou Bamba et de la voie qu'il a fondée avant de voir si l'Afrique pourrait s'inspirer du Mouridisme pour son développement et la manière dont elle le fera le cas échéant.

Cheikh Ahmadou Bamba

Né à MBacké Baol en 1853 dans une famille d’une longue tradition de savoir et de piété, Mouhammad Bamba MBACKE fut très tôt distingué par son engouement pour la recherche du savoir et par son détachement des préoccupations mondaines.

A 30 ans, juste après le rappel à Dieu de son père à MBacké Cadior en 1881, Mouhammad Bamba déclara à l'endroit des pensionnaires de l'école de son père dont il est devenu le responsable que, dorénavant, il avait une mission d'éducation pratique et qu'il ne se contentait plus d'enseigner des théories. Ainsi est née la voie connue plus t**d sous le nom de Mouridisme.

Dans la recherche d'endroit propice pour la mise en pratique de sa nouvelle voie, Cheikh Ahmad Bamba rentra vers 1883-1884
à MBacké Baol sa terre natale. Mais il a dû la quitter en 1886 pour s'installer non loin dans un endroit qu'il nomma Darou Salam, avant de trouver dans une forêt avoisinante l'endroit qu'il appela Touba où il s'installa avec ses disciples en 1888 au même moment où l'occupant français entamait sa politique d'assimilation après l'achèvement de ce qu'il appelait «la pacification» de la colonie Sénégal.

La grande affluence des disciples vers Touba et leur dévouement sans faille envers Serigne Touba n'ont pas t**dé à attirer les soupçons des autorités de l'occupation et la jalousie des anciens chefs. Ce qui lui a valu, pour annihiler son influence, l'exil au Gabon (1895-1902), la déportation en Mauritanie (1903-1907) et la résidence surveillée à Thiéyène (1907-1912) et à Diourbel (1912-1927) où il est rappelé à Dieu après avoir passé près de la moitié de sa vie dans les mains de l’occupant français.

Le Mouridisme

Cette voie fondée par Cheikh Ahmadou Bamba est basée sur trois piliers: le savoir utile, la bonne action et la bonne civilité ou la bonne conduite (adab en arabe).

Bâti sur ces piliers, le Mouridisme a engendré des principes et des valeurs tels que le travail, la khidma ou le bénévolat, le respect de l'autorité et l'identification à une référence loin de tout soupçon.
L'Afrique peut-elle s'inspirer du Mouridisme pour son développement?

Le Mouridisme a engendré des principes et des valeurs qui nous semblent être des facteurs de développement, des principes et des valeurs dont l'analyse nous autorise à répondre par l'affirmatif sans risque de nous tromper.

Pour démontrer ce que nous avançons, nous nous pencherons sur quelques principes et valeurs du Mouridisme en relation avec l'état actuel de l'Afrique de manière à montrer dans quelle mesure l'Afrique pourrait s'en inspirer pour son développement.

Le travail

Le travail occupe une place de choix dans le Mouridisme. En effet, le fondateur du Mouridisme considère la recherche du licite (le travail) comme un devoir religieux et un acte de foi, d’une part, et exhorte ses disciples à ne pas mépriser un travail dès lors qu'il est licite et à ne pas gaspiller le fruit du travail, d’autre part. Et c’est cette attitude qui est à l'origine du poids économique des Mourides au Sénégal qui dépasse de loin leur poids démographique.

En confrontant ces facteurs à la réalité africaine, nous constatons que la jeunesse africaine, faute de formation adéquate, est frappée par un taux très élevé de chômage et de sous-emploi. Au même moment, beaucoup d'entre eux sous-estiment certaines activités et préfèrent le chômage ou le sous-emploi. Mais le comble est que les Africains, jeunes comme adultes, sont les champions du gaspillage. Il suffit de voir les événements de tout ordre pour en être convaincu.

Et lorsque les fils de l'Afrique parviendront à adopter cette doctrine (bien travailler sans mépriser une quelconque activité licite et ne pas gaspiller), ils franchiront un pas important vers le développement.
La khidma ou le bénévolat

La khidma est le fait d'accomplir une action dont on n'attend pas un profit personnel ici-bas. Toutes les réalisations du Mouridisme sont le résultat de cette khidma (mosquées, écoles, infrastructures ferroviaires, sanitaires et hydrauliques, etc.).

Mais malgré l'important rôle que le bénévolat joue dans le développement, cette valeur de solidarité qui faisait naguère la fierté de l'Afrique est devenue -hélas!- une denrée rare. On assiste aujourd'hui au développement des contres valeurs importées: l'égoïsme ambiant et la recherche du profit personnel immédiat au détriment de l'intérêt commun.

Le respect de l'autorité

Le respect de l'autorité est la caractéristique la plus marquante de la relation qui lie le disciple à son maître. Et des valeurs qui font la réputation des Mourides comme la discipline et la capacité de mobilisation découlent, en grande partie, de ce respect de l'autorité.

Mais à la place de cette valeur qui est foncièrement africaine, on préfère maintenant, en Afrique, chanter les louanges d'une prétendue liberté qui a fait d’une frange non négligeable des jeunes africains des irresponsables et irrespectueux de tout ordre établi. Démocratie et liberté ne doivent pas rimer avec anarchie et indiscipline.

Si l'Afrique veut se développer, elle doit impérativement rétablir ce respect de l'autorité pour que toute sa jeunesse accepte de travailler dans la discipline tout en préservant le bien commun.
Une référence et des symboles authentiques

Les Mourides ont une référence authentique, un héros loin de tout soupçon en la personne de Cheikh Ahmadou Bamba. En effet, tous les Mourides se reconnaissent en Serigne Touba, et la seule évocation de son nom suffit pour les mobiliser. A côté de cette référence authentique, les Mourides ont aussi des symboles mobilisateurs comme la ville de Touba et sa Grande mosquée.

Sans une telle référence et de tels symboles autour desquels les populations peuvent être mobilisées pour les objectifs du développement, il sera difficile à l’Afrique, pour ne pas dire impossible, de se développer.

Il est vrai que l’Afrique ne manque pas de références authentiques et de véritables héros mais on a toujours tendance à les considérer comme des héros de leur propre communauté d’origine seulement, que cette origine soit religieuse, ethnique, sociale ou géographique. Or une personnalité, dès lors qu’elle œuvre pour l'humanité, appartient à l’humanité toute entière même si elle a nécessairement des origines.

Ce qui est dommage c’est qu’en lieu et place de références authentiques et de symboles appropriés par les populations, on essaie souvent par une médiatisation à outrance d’imposer des références fabriquées de toutes pièces et des symboles importés qui n'ont rien à voir avec l'histoire ou la conscience collective des populations et que celles-ci ne comprennent même pas (drapeaux, hymnes nationaux, devises, etc.).
La présence permanente de la foi religieuse

Pour Cheikh Ahmadou Bamba, tout acte doit être guidé par la foi. Ainsi toutes les actions peuvent devenir des actes de foi assurant la félicité dans l'au-delà. Dans ce cadre, le travail, le repos et même le sommeil peuvent devenir des actes d’adoration de Dieu.

De même, nous savons que l'Africain est fondamentalement croyant et que la foi religieuse est le meilleur garant de la moralité. Donc si l'on veut mobiliser les Africains pour un quelconque objectif, il n'y a pas mieux que de s'appuyer sur la foi.

Malheureusement, les intelligentsias en Afrique aiment souvent copier sur l’Occident avec lequel ils ne partagent ni l’histoire ni les croyances. C’est ainsi que ces intelligentsias s’efforcent d’écarter toute référence spirituelle de la vie publique se targuant d’une laïcité que personne ne définit clairement.

Cependant tout le monde constate l'impact négatif de l'absence de spiritualité dans les sociétés laïcisées. Car si l'on ne s'attend pas à une sanction positive ou négative dans une vie future, on peut facilement tomber dans les pires tentations.

Conclusion
Pour résumer, nous pensons, compte tenu de l'analyse précédente, que l'Afrique, pour son développement, peut bel et bien s'inspirer du Mouridisme, ce projet de société pensé et mis en œuvre par un Africain en terre africaine. Il lui suffira de suivre un processus de développement basé sur une foi religieuse qui incite au respect de l'autorité, au travail et à la solidarité, tout en ayant des références et symboles authentiques loin de tout soupçon. En ce moment-là, les portes du développement lui seront grandement ouvertes.
Merci de votre attention. Et vos contributions seront les bienvenues.
cheikhouna@yahoo.fr

THEME DE LA GRANDE CONFÉRENCE DU MAGAL 2014:Cheikh al Khadim et le CoranIntroduction      Le sujet du Coran est très imp...
01/11/2015

THEME DE LA GRANDE CONFÉRENCE DU MAGAL 2014:
Cheikh al Khadim et le Coran

Introduction
Le sujet du Coran est très important pour le musulman car il s’agit de la constitution éternelle et de la lumière qui éclaire la voie et dissipe les obstacles afin d’accéder en toute sécurité à Allah : « Ce Coran guide vers le meilleur et annonce aux croyants qui font les bonnes actions qu’ils auront une récompense immense » (sourate Isra verset 9). En fait, le musulman qui se préoccupe du Coran, se préoccupe de sa religion, alors que celui qui s’en détourne se détourne de sa religion ; or Cheikh al Khadim personnifia sublimement cette évidence. Nous traitons cette relation du Cheikh avec le Coran afin que nos contemporains et les générations futures puisent en bénéficier.
Chaque revivificateur ( Mujaddid) fonde sa voie sur le Coran et la Sunna conformément au Verset : « O vous qui croyez, obéissez à Allah et obéissez au prophète et à l’autorité. Si vous divergez sur un sujet, soumettez le à Allah et son prophète si vous croyez en Allah et à l’au delà. Ceci est meilleur et l’interprétation sera plus conforme » ( al nisa’ verset 59). Le prophète (psl) dit : « je vous ai laissé une guidance qui vous préservera de l’égarement : le livre d’Allah et ma Sunna ».
Telle fut la voie que tout revivificateur de l’Islam emprunta, par la fidélité au livre d’Allah, en appliquant ses enseignements théologiquement et en s’y conformant cultuellement, mais aussi éthiquement, tout en le diffusant et en défendant son impeccabilité par les preuves irréfutables.
Depuis, son avènement le Coran argumenta contre les détracteurs : « Les mécréants diront : ceci n’est que fabulation de sa part (Mohammad) avec l’appui d’autres personnes. Ils disent des calomnies en toute injustice. Ils disent ce ne sont que des mythes anciens qu’il a transcrit pendant des jours et des nuits. Dis : il s’agit plutôt d’une révélation de la part de celui qui connait les secrets des cieux et de la terre. Il est magnanime et miséricordieux » ( al furqan verset 4-6). Allah dit aussi : « Les mécréants diront : pourquoi il ne reçoit pas le Coran intégralement d’un seul jet ! En effet, on affermit ton cœur avec et on te le psalmodie » ( al furqan 32).
Ainsi, le Coran fut toujours le centre d’intérêt majeur des musulmans de toutes les générations. Les détracteurs contemporains présentèrent leurs thèses avec une nouvelle sémantique bien que dans le fond elles ne différent en rien des thèses de leurs prédécesseurs. Pour cela, il est impératif pour le musulman qui aime sa religion de se ressourcer dans le Coran afin de s’abreuver de ses eaux limpides et maitriser son argumentation afin de neutraliser les contradicteurs.
Il est nécessaire pour les spécialistes de l’enseignement du Coran de savoir que les premières écoles coraniques de notre pays eurent à affronter des épreuves très difficiles que seule la volonté spirituelle des pionniers permit de surmonter car leur attachement au Coran était indéfectible. Les pouvoirs de l’époque n’apportaient aucune aide, bien au contraire certains gouvernants faisaient tout pour les éradiquer ou limiter leur influence. Mais, par la grâce d’Allah les écoles coraniques accomplirent leur mission et continuent de nos jours à le faire, malgré satan et ses auxiliaires.
Le cercle de rawd al rayahin a choisi ce thème à cause de son importance. Ainsi, il y’a une introduction sur le Coran et les motivations du choix de ce thème , puis en quatre chapitres nous traiterons
- Le Coran et de ses bienfaits
- L’enseignement du Coran au Sénégal
- Cheikh al Khadim et le Coran
- La préoccupation du Cheikh envers le Coran

Puis, des conclusions et des suggestions.

Propos sur le Coran

Présentation du coran :
Linguistiquement Coran signifie récitation et rassemblement. Allah dit : « Ne remue pas ta langue afin de l’énoncer, nous nous chargeons de l’assembler et de l’énoncer. Quand on le récite suis son énoncé » ( al qiyama 16-18.
Les arabes disent : j’ai assemblé l’eau dans le bassin ( qara’tu al ma’).
Conventionnellement : Il s’agit de la parole divine révélé au prophète Mohammad (psl), dont la récitation est de l’adoration et qui est un miracle dans son énoncé comme dans son contenu. Même la plus petite sourate est inimitable. Sa transmission fut assurée par de nombreuses chaines de narration sans faille, d’où l’assurance de son authenticité qui ne souffre d’aucune déficience.
Le prophète (psl) mémorisait le Coran intégralement, et il avait assigné des scribes pour écrire les versets ou sourates qui lui furent révélés épisodiquement, ils furent connus comme les scribes de la révélation. Parmi eux Abdallah Ibn Mas’oud, Ali Ibn Talib , Zayd Ibn Thabit et d’autres. Il y ‘avait parmi les Sahabas qui mémorisèrent le Coran en entier, et certains le récitaient devant le prophète (psl). La récitation de Zayd ibn Thabit semblait la meilleure.
Une année avant sa mort, le prophète (psl) le récita deux fois devant l’ange Gabriel d’après son agencement actuel tel que nous le récitons. Il faut rappeler que le Coran était ainsi compilé dans différents supports d’écriture et dans la mémoire de beaucoup de sahabas avant que le prophète (psl) ne rejoigne le compagnon suprême.
Or, pendant le magistère d’Aboubacar sur lui l’agrément d’Allah, on fit une première compilation pour réunir un corpus. Puis, pendant le magistère d’Osman plusieurs exemplaires furent transcrits et distribués dans les différentes régions de l’empire islamique.

Les vertus du coran
Le Coran a des vertus multiples dans l’acquisition et la diffusion du savoir, mais aussi il procure la bénédiction dans sa lecture et sa transcription comme dans son audition et sa visualisation. Pour réaliser sa majesté, il suffit de rappeler que tout ce qui se rattache au coran d’une manière ou d’une autre jouit de l’excellence et de tous les honneurs. Ainsi, Mohammad (psl) est le meilleur des êtres, Jibril sur lui le salut est le meilleur des anges, ramadan est le meilleur des mois, la nuit du destin ( laylatul qadr) est la meilleure des nuits, la communauté de l’islam est la meilleure communauté, celui qui œuvre avec le Coran et l’enseigne est le meilleur des croyants, celui qui le maitrise est le plus qualifié pour l’Imamat. De même que, l’assemblée du coran jouit de la paix céleste ( sakina) ainsi que de la miséricorde et de la proximité divine, et le lieu de sa révélation est le plus sacrée de la terre.
La lecture du coran procure des bénéfices évidents et des récompenses immenses comme le Coran et la Sunna le notifièrent, et il est une protection pour son lecteur ainsi qu’un commerce bénéfique et un remède, mais aussi une miséricorde et une guidance. Chaque lettre récitée vaut dix bonnes actions et il sera un intercesseur pour son compagnon le jour du jugement. La miséricorde et la paix céleste enveloppent les assemblées coraniques.
Des versets sur l’éminence du coran
Allah dit :
- « Quand tu récite le Coran, on met entre toi et les incrédules qui ne croient pas en l’au-delà un voile protecteur ». (isra 45)
- « Ceux qui récitent le livre d’Allah et font les prières et dépensent de notre providence en toute discrétion et manifestement en espérant ainsi un commerce qui ne tarit point » (fatir 29)
- « 0 humains, un rappel vous est parvenu de votre Seigneur, de même qu’un remède pour vos cœurs ainsi qu’une guidance et une miséricorde »
Des hadiths sur l’éminence du Coran
Le prophète (psl) dit : « celui qui récite une lettre du livre d’Allah aura un bienfait, et le bienfait est multiplié par dix. Je ne dis pas que Alif lam mim est une lettre, mais Alif est une lettre, Lam est une lettre et Mim est une lettre ».
Le prophète (psl) dit : « récitez le Coran, il viendra le jour du jugement défendre ses fidèles ».
Le prophète (psl) dit : « quand une assemblée se réunit dans un endroit dédié à Allah pour réciter ou apprendre le livre d’Allah, les anges les entourent et la miséricorde les enveloppe et Allah les mentionne auprès de sa compagnie ».
L’enseignement du Coran au Sénégal avant Cheikh al Khadim
Le Coran est entré au Sénégal avec l’entrée de l’islam depuis plus de mille ans. Nos ancêtres adoptèrent l’islam et le Coran en toute foi sans contrainte car ils constatèrent l’équité et la justice ainsi que l’exhortation au bien dans son enseignement. Ils furent sevrés par l’amour d’Allah, de son prophète et du Coran.
Nos ancêtres musulmans fournirent beaucoup d’efforts pour la conservation du Coran et son enseignement ainsi que sa diffusion. Ils édifièrent avec les matériaux rudimentaires à leur disposition les écoles coraniques pour l’enseignement des enfants. Ils construisaient des cases avec le bois et les feuillages, si bien que malgré les conditions de vie difficiles, il y’avait dans chaque village musulman une école coranique édifié par la collectivité ou par un mécène. Généralement, le maitre coranique faisait travailler ses étudiants dans les champs pendant la saison agricole afin de pouvoir subvenir aux besoins de l’école. Et comme, les constructions étaient fragiles, il fallait rénover ou reconstruire chaque fois que les intempéries causaient des dégâts. De même qu’ils allaient chercher le bois pour la cuisine ou pour les constructions, ou pour l’éclairage le chauffage. Ainsi, les élèves apprenaient plusieurs métiers pendant leurs études.
Ainsi, un Cheikh dans son école s’occupait de l’enseignement, de l’éducation et de la subsistance, mais aussi avait dans la société une fonction d’Imamat pour diriger la prière, et les événements religieux comme aussi dans les naissances, dans les circoncisions et dans les cérémonies funèbres et le partage de l’héritage. Ces responsabilités religieuses sont le propre de celui qui apprend et enseigne le Coran.
Les méthodes spécifiques du Sénégal dans l’enseignement du Coran
Les enseignants sénégalais inventèrent des méthodes typiques qui facilitaient l’enseignement du Coran après que des artistes sculptèrent dans le bois des tablettes de format différent (grand, moyen et petit). Puis, des plumes à partir du bambou persan (xat) et d’autres matériaux qui donnait des formes d’écriture diverses (depp, njengal, werelé). Puis, à partir de la fumée des chaudrons fabriquèrent de l’encre noire pour écrire sur les tablettes. Puis, à partir des végétaux et minéraux inventèrent d’autres couleurs.
De même, ils trouvèrent des méthodes propres pour rapprocher à l’entendement et à l’énonciation des élèves certaines lettres arabes comme par exemple le ع dans le début du mot tel عليهم, il sera désigné par « ayin ngimin till » pour sa ressemblance avec la tête d’une queue. Quand à la même lettre ع à l’intérieur du mot comme أنعمت, ce sera « ayin ndégél » pour sa ressemblance avec la selle d’une monture. La lettre ح dans le début du mot comme حمد sera désigné par « aa lonk », alors qu’à l’intérieur du mot comme محمد ce sera par « aa dem dellu ». Alors que ش le sera par « siin su tooy », س par « siin su wow », ط par « taat’i daro », et ت par « taa tombe » par allusion aux deux points.
Ils firent une similitude entre lettres arabes et mots wolofs afin d’aider la prononciation ي ن ل م ق « qafara » « mimara » « lamara » « nuunara » « yanara ».
Ils donnèrent des dénominations wolofs à certaines sourates telles baqara « laan », al umran « galaay », nisa’ « njigéen », ma’ida « njoogu », tawba « baraan », yousef « mbargaan », Ibrahim « baraam » , Al kahf « njenge », fatir « fandaak » , Yasin « jaal », sa’faat « baam, et dawud « njombaan.
Ainsi, ils établirent certaines règles « boole » pour aider les étudiants car ils tenaient compte de trois raisons principales :
- la difficulté de prononcer correctement les lettres arabes ainsi que l’initiation au graphique de l’alphabet arabe.
- Leur préoccupation de l’écriture correcte du Coran
- L’importance de la mémorisation du Coran

Des exemples de « boole »
Il s’agit de signaler des cas grammaticaux dont le graphisme alphabétique était particulièrement en relation avec les signes diacritiques.
1- an ban maaska njanaay سكقجد فتبل
2- song mu sadda naayo لمنر
3- ban, taara mbooré lahsaab, taara laaya laan, imraan ak sooree, taara ban laayayaar. خاشعين
Dans cet exemple, il s’agit de différencier le mot خاشعين qui dans le Coran est parfois au nominatif et parfois au dénominatif. Par exemple :
« Prenez support dans la patience et la prière, en vérité elle est laborieuse sauf pour ceux qui craignent (Allah) » ( baqara 45 )
واستعينوا بالصبر والصلاة وإنها لكبيرة إلا على الخاشعين
« Parmi les gens du livre, il y’a ceux qui croient en Allah et en ce qui vous a été révélé et ce qui leur a été révélé, ils craignent d’Allah » (Al umran 199)
وإن من أهل الكتاب لمن يؤمن بالله وما أنزل إليكم وما أنزل إليهم خاشعين لله
« Tu les verras exposés (devant l’enfer) dans une crainte honteuse, ils osent à peine lever le regard » (choura 45)
وتراهم يعرضون عليها خاشعين من الذلَ ينظرون من طرف خفيَ
4- Ku leen boole guddée mbaa nga. Fanaan all yatti gay.
والولدات laan ; والوزن lahraaf ; والوتر fajri
Il s’agit de différencier entre les mots qui commencent par والو
والوالدات يرضعن أولادهنَ حولين كاملين (البقرة 233 )
والوزن يومئذ الحقَ (الأعراف 8 )
والشفع والوتر (الفجر3 )
Cette règle permet de différencier entre les mots et de ne pas faire des confusions entre les sourates.
5- كلاَ yaa nakk njarin ; li ngay bari bari agguloo njenge.
ce qui signale que le mot كلَا ( kalla) n’apparait pas depuis la sourate fatiha jusqu’à la sourate Al Kahf. D’ailleurs le savant Al Drini dit :
Kalla ne fut point énoncé à Yathrib et elle ne se trouve pas dans la première partie du Coran
6- حليم Ku la, ku jot na door, tong yaadi mbaam daara, kuula man duxaaraan,mokkal nibbi.
حليم tong njanaay, للذين laan, لا جناح laan,يا أيها yaar , laan ak galaay, تلك nga njigeen, قد سألها nga njoogu,و ما كان baraan
Il s’agit de faire la différence entre les mots qui se ressemblent dans la prononciation telle حليم أليم عليم هضيم ; car en l’absence des règles de la prononciation arabe la confusion est inévitable.
Dans le Coran, le mot حليم fut mentionné dans plusieurs versets dont :
"ولكن لا يؤاخذكم بما كسبت قلوبكم والله غفور حليم " (al baqara 225)
واعلموا أن الله يعلم ما في أنفسكم فاحذروه واعلموا أن الله غفور حليم " (al baqara 235)
" قول معروف ومغفرة خير من صدقة يتبعها أذى والله غنيَ حليم " (al baqara 263)
" إنَ الذين تولَوا منكم لمَا التقى الجمعان إنَما استزلَهم الشيطان ببعض (Al Umran 155)
ما كسبوا ولقد عفا الله عنهم إنَ الله غفور رحيم "
"وصيَة من الله والله عليم حليم (al nisa’ 12)
"عفا الله عنها والله غفور حليم " (al Ma’ida 101)
فلمَا تبيَن له أنَه عدوَ الله تبرَأ منه إنَ ابراهيم لأوَاه حليم " " ( al tawba 114)
ليدخلنَهم مدخلا يرضونه وإنَ الله لعليم حليم" " (al Hajj 59)
"إن تقرضوا الله قرضا حسنا يضاعفه لكم ويغفر لكم والله شكور حليم " ( al Taghabun 17 )

Des exemples pour la mémorisation :
بميلشصم (BMYICHSM) : ce sont des lettres qui indiquent les initiales des sourates par lesquels on commence la récitation du Coran en vue de l’accomplissement de la lecture hebdomadaire . Il s’agit des sourates ( Baqara,Ma’ida, Younes, Isra’,Chou’ara, Saffat Majid).
خرميو كيسي ففيه وذفيفي مفيكهو مفيفيفي حلمت : Il s’agit d’aide mémoire pour la sourate (Al Rahman), ce sont les initiales des versets qui mentionnent فبأيَ آلاء ربَكما تكذَبان " " qui est répétée trente et une fois.
Les derniers exercices pour confirmer la mémorisation
L’audition (tari) : il est d’usage dans les écoles de faire des répétitions quotidiennes afin que le maitre ou son assistant vérifie la capacité de mémorisation des élèves ; jusqu’à la mémorisation intégrale. L’élève doit réciter le Coran en entier plusieurs fois avant de passer au stade supérieur.
La transcription sur la tablette ( beqqi) : Après la mémorisation, le maitre ordonne à l’élève de transcrire de mémoire le Coran , chaque jour un huitième ou un quart ou une moitié du hizb. Ainsi, l’élève apprend l’écriture et ses modalités ainsi que les signes spécifiques au Coran. Il se peut qu’il écrive le Coran en entier plusieurs fois. Pendant, cette phase un correcteur suit les progrès de l’élève et le supervise afin qu’il maitrise les règles de l’orthographe (boole).
La transcription du Coran dans un recueil ( bind kamil)
En principe, le maitre ordonne à l’élève de transcrire de mémoire le Coran sur le papier afin d’en faire un exemplaire personnel qu’il pourra remettre à son Cheikh ou ses parents comme gage de réussite dans ses études. Des fois, une licence (Ijaza) suffit à prouver la réussite de l’élève.
La mémorisation du coran est le gage de la réussite sociale
Les sénégalais sont très attachés au fait que leurs enfants suivent l’enseignement coranique. L’enfant pouvait rester des années dans l’école car le fait qu’il mémorise le Coran est un honneur pour la famille et aussi un privilège qui attire les hommages et les largesses. De même, que le nouveau statut social permet le mariage honorable quelque soit l’ancienne condition sociale. Il se peut aussi que l’on fête son retour en organisant une cérémonie où il récitera le Coran de mémoire et il sera honoré par son village. Il bénéficiera des services comme le fait qu’on lui consacre des journées de travail dans ses champs.
Les défaillances dans le rapport avec le Coran
Bien que les sénégalais sont très attachés au Coran, ce qui est tout en leur honneur, on peut relever des déficiences dues aux carences dans la connaissance et qui malheureusement entraine des lacunes que nous signalerons par quelques exemples :
- dans sourate (al mou’minoun ), certains en lisant le verset 36 ( hayhat hayhat lima tou’adoun) , ils substituent des mots wolofs à l’arabe et au lieu de dire ( hayhat hayhat) ils disaient ( toudamal toudamal lima tou’adoun).
- D’autres font croire que certaines sourates étaient dangereuses à prononcer dans certains lieux ou certaines conditions ou certaines saisons. Ainsi, sourate (al masad) devait être évitée le soir ou dans un endroit désert.
- D’autres jouent avec les mots et permutent les lettres dans l’écriture du Coran, ce qui est connu par (jalgate).
- D’autres, utilisent exclusivement les versets coraniques dans les talismans et les gris-gris pour soigner ou attirer les bienfaits ou détourner les malheurs, ce qui réduit la valeur du Coran à un instrument divinatoire ou psychologique.
- ( la’wan) : il s’agit d’une pratique rurale ancienne où certains en mémorisant le Coran se promenaient dans les villages avec des habits multicolores et bardés de miroirs tout en portant des gris-gris et des tresses dans les cheveux. Ils récitaient le Coran dans la place publique tout en dansant et en chantant dans les redondances (boole). Les spectateurs et les spectatrices reprenaient les refrains et applaudissaient et dansaient, si bien que le spectacle finit par des dons des admirateurs.
Cette pratique aux antipodes des règles de bienséance de la lecture coranique pouvait en fait être perçue par ses auteurs comme une façon de diffuser le Coran et de le faire apprécier des populations illettrés. On raconte que Cheikh al khadim disait que cette pratique était pareille à un cheval pur sang capturé par des jeunes forts et vigoureux qui l’attachèrent sans se préoccuper de le nourrir et l’entretenir si bien que son propriétaire le trouva dans un état misérable. Il ne pouvait pas blâmer les jeunes car sans eux il n’aurait pas retrouvé son cheval.
- Parmi nos ancêtres, beaucoup ne se préoccupaient pas d’apprendre aux filles le Coran car les garçons étaient leur préoccupation, or dans le Coran les filles comme les garçons sont responsables devant la loi divine. Allah dit : « Celui qui fait le bien parmi les hommes ou les femmes tout en ayant la foi, on le revivifiera dans une vie bénite, et on le récompensera de la meilleure récompense en vertu de leurs œuvres » ( al nahl 97).
- La violence excessive et les méthodes brutales utilisés par la majorité des enseignants ou par leurs auxiliaires, ce qui terrorise les enfants et suscite des blocages et même fait fuir certains qui au lieu d’aimer leur maitres les détesteront. Pour cela, on constatait les conditions déplorables de certaines écoles et de certains élèves ( tumuranke).

Cheikh al Khadim et le Coran

Le Cheikh sur lui l’agrément d’Allah est issu d’une famille religieuse dont les membres furent toujours des serviteurs du Coran de génération en génération. Les demeures de ses ancêtres furent toujours des centres d’enseignement islamique. Son grand père Mohammad al Kabir (mam Mahram Mbacké ) comme son père Mohammad ( mam Mor anta salli Mbacké) furent de grands savants, tout aussi bien que la grand mère maternelle Aicha ( Astou Walo Mbacké) qui était très pieuse et savante. Sa fille Mariam Bousso (diaratou Allah) fut élevée dans un cadre religieux exceptionnel et grâce à sa mère apprit les sciences religieuses et maitrisa le Coran mémorisation, récitation et calligraphie.
Cheikh Massamba Mariam diop qui fut un disciple de Mam Mor anta Salli chanta les louanges de Mame Diarra Bousso :
Son père, son frère, comme son oncle sont les plus vertueux des Cheikhs tout aussi bien dans le culte comme dans l’éthique
Ceci est évident dans le comportement de cette femme dont les actes d’obéissance surpassent les actes de toutes les vertueuses
Elle obéit à son mari comme à ses parents et sa piété est au delà de ce que nous rapportent les récits des bienheureuses
Cheikh al Khadim apprit le Coran tres jeune avec son père et son oncle Serigne Boussobé, et aussi son oncle maternel le commentateur serigne Mbacké ndoumbé. Il transcrit de sa propre main plusieurs exemplaires du Coran.
Il enseignait dans l’école de son père à Mbacké cayor, quand il annonça peu après la mort de son père, alors qu’il avait à peine la trentaine que l’école allait se spécialiser dans l’éducation spirituelle en plus de l’enseignement religieux. Il s’adressa aux élèves : celui qui nous accompagne exclusivement pour l’enseignement peut aller ailleurs, quant à celui qui veut nous accompagner dans notre quête, il doit obéir scrupuleusement aux ordres.
Un petit nombre restera avec lui, et ils seront le noyau dur de la nouvelle voie. Cette nouvelle orientation ne signifie nullement que l’enseignement religieux fut délaissé ou minimisé, comme le soutient certains chercheurs par ignorance ou inadvertance, mais seulement que l’enseignement devint plutôt un moyen qu’une fin en soi.
Toutefois, le rapport du cheikh avec le Coran était très particulier à l’instar de ses parents, et il veillait à l’enseignement coranique dans toutes ses modalités : mémorisation, récitation, transcription, commentaire et application de ses préceptes. D’ailleurs, il était personnellement attaché à l’étude du coran à tel point qu’il considérait le livre sacré la source de tous les bienfaits. Il disait :
Je prête serment à Allah de m’en tenir au Coran en servant le prophète élu la porte de la vérité
Il est évident pour moi que le rattachement au livre sacré et aux hadiths de l’élu est incontestablement la rectitude
J’ai consacré mon être à Allah par le Coran et la Sunna qui m’ont guidé et mon cœur est totalement voué
Je ne préfère rien au Coran, et par lui je guide les savants vers le Seigneur des créatures
Pendant mon exil maritime, mon compagnon était le livre d’Allah ainsi que le prophète élu et ses compagnons
Ce livre est mon trésor et aussi ma fierté et mon honneur, car celui qui satisfait son Seigneur par le Coran est assurément victorieux
J’ai remercié Allah pour ta compagnie (O livre sacré) et Il augmenta d’avantage mes acquis car celui qui rend grâce par ton intermédiaire est agrée
Par toi Allah m’a protégé de tout danger et je fus préservé des ennemis
J’ai la certitude que tout le bien et la guidance sont contenus en toi et celui qui veut la gloire éternelle peut l’obtenir par toi
Le livre d’Allah fut consacré pour moi et je me suis consacré à lui et par Allah je me suis établi en lui.
Tout sage aime le Cheikh pour l’amour du Coran :
Il est mon compagnon et mon aimé, il me dispense de tout médecin
Tout homme intelligent qui cherche les récompenses célestes m’aimera à cause de lui
Sa religion est le Coran dont les lettres dispensent le savoir bénéfique :
Ma religion est le livre de l’élu et rien d’autre ; par lui je me sépare de toute nuisance
Le livre sacré est mon compagnon intime, par lui le Seigneur m’a guidé et a purifié mon âme
Dans le Coran, il y a la guidance de tous ainsi que le bonheur :
Mon chagrin se dissipa des que je me suis attaché à la guidance du Coran
J’y ai trouvé ma guidance et par lui je guide mes compagnons
O livre de mon noble Seigneur, Tu es mon aimé et mon ami, et tu fus auparavant mon médecin
Tu es ma fierté et mon honneur comme tu es aussi ma fortune et mon trésor, O bonheur de tout sage
O livre sacré, tu défais les ennemis et tu conduis tes fideles vers les récompenses
Tu es ma provision pour le paradis, tu es ma lumière, tu as défait Satan et tu l’as repoussé loin de moi
O livre sacré, tu as supprimé les peines et défait les ennemis, par toi j’ai obtenu l’agrément et des récompenses sans fin
Certains faits extraordinaires à propos du Coran :
Cheikh Mohammad lamine Diop de Dagana qui fut l’un de ses scribes raconta : parmi les choses extraordinaires que nous avons vécus avec le Cheikh, fut le jour du 26 ramadan 1342 h où il réunit tous ses scribes et nous donna une pile de papiers en disant : savez vous ce que je veux ? On répondit : non !
Il dit je veux que vous écriviez un Coran complet avant l’apparition du croissant lunaire. Vous êtes prêt ? On dit : oui ! Il nous donna le papier qu’on se partagea.
On se mit à l’œuvre immédiatement, certains écrivaient deux hizb le jour même, d’autres corrigeaient. Ce fut ainsi jour et nuit et on ne dormait que pour reprendre le lendemain jusqu'à ce qu’on a fini le 29 eme jour de ramadan vers midi. Le travail fut exemplaire sans la moindre omission et l’écriture était proche de la perfection. Le Cheikh était content et il rendit grâce à Allah, puis nous dit : « Avez vous entendu que l’on a écrit ou fait transcrire le Coran en entier en trois jours ? On répondit : non ! Il dit : gloire à Allah puis récita le verset : « Je ne négligerais rien de vos œuvres ».
Cheikh al Khadim et ses préceptes sur le Coran
L’étude du coran est la cause du bonheur terrestre et céleste :
Le succès de celui qui te récite ( O Coran) sera incontestablement éternel dans le paradis céleste
Par le Coran, le serviteur atteint la proximité de son Seigneur et obtient son agrément :
Celui qui veut la proximité de son seigneur doit réciter le Coran sans omission
Je dis que celui qui veut l’agrément de son Seigneur doit persévérer sur la méditation du Coran
Dans le Coran, il y a l’assurance perpétuelle et la sécurité contre les périls et les malheurs :
L’assurance de celui qui se conforme au Coran est perpétuelle et nul blâme ne pourra lui être adressé
Celui qui adore par le Coran le Seigneur qui l’a révélé aura un bénéfice certain
Celui qui récite le Coran sera préservé de tout mal, je l’annonce en toute quiétude le cœur en paix
Les maux s’adressent à celui qui se détourne du Coran, alors que les bienfaits accourent à celui qui l’étudie
Par le Coran, les bénéfices décuplent et la notoriété s’amplifie, de même que les malheurs sont chassés :
Les bénéfices de celui qui récite le Coran décuplent et sa notoriété s’amplifie dans cette vie et dans l’au delà
Le bénéfice de celui qui te récite O Coran, sera envié par les bienheureux
Celui qui se refugie en toi, sera craint par Satan et sera fêté partout où il se dirigera
Le malheur ne s’adresse qu’à celui qui te néglige, alors que celui qui te psalmodie aura toujours des bonnes nouvelles
Dans le Coran, il y a le salut et la miséricorde :
Un livre par lequel on espère d’Allah la miséricorde et par lequel on sera sauvé du malheur dans cette vie et dans l’au delà
On espère d’Allah la meilleure requête par son livre et nous avons obtenu tout le bien
On s’est séparé des ennemis, du doute et des périls et par sa grâce on a obtenu l’abondance après la disette
Le Coran comme remède :
Il est le remède contre toute maladie pour celui qui applique ses prescriptions
Par contre, celui qui s’en détourne aura des regrets et sera chagriné
La désobéissance est le fait de se détourner du Coran :
Celui qui se détourne (du Coran) et ne médites point ses enseignements tombe dans la désobéissance et sera la risée des auditeurs
Le Coran protège des périls :
La bénédiction du Coran protège le lecteur de tout danger imminent
Le Cheikh exhorte à apprendre le Coran et à méditer ses sens :
Le meilleur rappel est le livre d’Allah par une lecture éclairée en toute méditation
Un seul verset médité surpasse la simple lecture du Coran entier
Chaque qualité louée par le Seigneur dans le Coran, tu dois essayer de l’acquérir
Et chaque imperfection dénoncée par Allah, tu dois t’en séparer afin d’atteindre le discernement
Notre Seigneur ne nous a révélé le Coran que pour que l’on applique ses enseignements
Une lecture modérée en toute compréhension est préférable à une lecture exagérée sans intellection
L’écriture du Coran et la calligraphie :
L’art de l’écriture du Coran est recommandé, comme aussi la correction et la vérification sans que cela ne déteint sur la calligraphie
Toutefois, il est décommandé d’écrire le Coran sur une surface minuscule
L’usage opératif du Coran
Le Cheikh al Khadim utilisait le Coran comme wird :
J’ai fait du livre d’Allah mon Wird et j’espère obtenir en cela ce que je souhaite car il est désormais ma nourriture
L’enseignement du Coran :
Le Cheikh al Khadim était préoccupé par l’enseignement du Coran et il avait aménagé de centres dans tous les villages qui étaient sous son autorité. Chaque village avait une mosquée, une école coranique et un centre d’enseignement islamique, de même qu’il y avait aussi des terres agricoles pour entretenir le village.
Le Cheikh consacra certains de ses compagnons pour les études coraniques, à l’exemple de l’illustre Cheikh Abderrahman Lo qui avait la capacité de réciter le livre sacré en entier en deux rakaat chaque nuit, en plus de ses obligations quotidiennes et des cours qu’il dispensait. Cheikh Mohammad Bachir dit dans Minan al baqi : « telle était la vocation de Cheikh abderrahman Lo : l’apprentissage du Coran et la formation, jusqu’à ce jour où j’écris ces lignes (1353 h / 1934 ). Plus de quarante ans, il servait le Coran par sa personne et il l’enseignait aux autres, et je n’ai pas vu comme lui dans la bénédiction de l’enseignement coranique, ni dans le rapport personnel avec le Coran. Il le récitait en entier chaque jour au moins une fois, si ce n’est plusieurs fois sans que cela ne le distrait de ses obligations quotidiennes, ni de l’enseignement, ni des devoirs de la famille ou de l’hospitalité. Avec tout cela, on ne voyait jamais sur lui des traces de fatigue ».
Cheikh Al Khadim disposait les villages d’après un plan concret : une partie pour l’éducation spirituelle, une autre pour l’enseignement coranique, une autre pour la khidma (service communautaire) , une autre pour l’enseignement des sciences islamiques et un autre pour les hôtes et l’hospitalité.
Les groupes consacrés à la récitation quotidienne du Coran :
Cheikh al Khadim sur lui l’agrément d’Allah consacra des groupes pour la récitation quotidienne du Coran. Chaque groupe était composé de 28 membres. Cheikh Mohammad Lamine Diop dit dans son ouvrage Irwa al nadim, en expliquant l’état spirituel de son Cheikh à Dorou Mannan après son retour de l’exil gabonais : « Il ordonna à tous d’être plus énergique dans les œuvres et insista pour que le Coran soit récité plusieurs fois, pendant le jour par la lecture et pendant la nuit par mémorisation ».
Il mentionna aussi dans le même ouvrage en traitant de la période de Diourbel : « La ville de Diourbel devint l’une des plus animées par la fréquentation des mosquées et par les écoles coraniques et ceux de l’enseignement islamique. Le Coran était constamment récité devant les potes de la maison du Cheikh, quatre fois par jour, deux après la prière du matin (sobh) et une après celle du midi (dhohr) et une après celle de l’après-midi (asr). Pendant la veille du vendredi, le Coran était récité sept fois.
Ainsi, cela faisait 35 fois par semaine, 140 fois par mois, 1680 fois par an. D’ailleurs, cela continue jusqu’à nos jours à Touba et à Diourbel et dans d’autres villes et villages mourides et même certains mourides de la diaspora perpétuent cette tradition d’après leurs dispositions.
L’intérêt du cheikh pour l’acquisition des exemplaires du Coran :
Cheikh Mohammad lamine Diop rapporta : « Chaque mois le Cheikh achetait des centaines d’exemplaires manuscrits du Coran en plus des exemplaires imprimés. Un jour il acheta 800 exemplaires chez un seul libraire. De même, il payait des scribes qui transcrivaient le Coran et offrait des sommes importantes pour ce travail. Il avait au moins de 16 scribes. Leur unique tâche était de transcrire le Coran.
Cheikh Mohammad lamine Diop les cita dans un poème qui commence par :
Ceux qui firent allégeance au meilleur serviteur et qui furent ses scribes et obtinrent l’agrément
Serigne Moussa Ka résuma cela en toute éloquence par des vers en Wolof :
Gannaar di bind di ko yot bawal di bind di ko yot
saalum di bind di ko yot muy jend ay mool di ca rax
Cette préoccupation permit au Cheikh d’obtenir des dons ineffables par le Coran. Il dit :
Tu m’as fait le propriétaire du livre immaculé, O Toi qui guide et qui corrige les élus
Le Cheikh honorait les dépositaires du Coran :
Tout le monde connaissait la vénération du cheikh pour le Coran et son attention envers les spécialistes du Coran qui sont considérés les proches d’Allah et les gens de sa proximité. Ainsi, beaucoup en écrivant un bel exemplaire du Coran allaient vers le Cheikh pour le lui offrir en espérant obtenir sa bénédiction ou une position privilégié auprès de lui ou une récompense conséquente.
Le Cheikh accordait beaucoup d’importance même aux enfants qui mémorisaient le Coran, il disait : l’enfant qui mémorise le Coran, je ne lui trouve aucun défaut, et si quelqu’un voit le contraire il ne doit pas m’en faire part.
Ainsi, les enfants comme les adultes se faisaient la compétition dans ce sens, car ils cherchaient l’agrément du Cheikh et les marques d’honneur dont il entourait ceux qui mémorisaient et transcrivaient le Coran.
Pour exemple, de la vénération du Coran on citera des vers du poète mauritanien Ahmad Mahmoud ibn sayed al Hasani :
Je ne me soucie point quand les riches ne veulent pas mettre le prix pour un bel exemplaire du Coran
Car tant que le Gawth des créatures est parmi nous, il accordera la considération requise et payera le prix fort
Chaque jour, sa demeure reçoit des milliers qui viennent s’abreuver du Coran et réciter ses versets ou proposer des exemplaires précieux
Par Allah, cela rend le Cheikh heureux et il dépense ainsi ce que nul ne peut imaginer
Il ne refuse personne et il prend tout ce qu’on lui propose avec amour et il honore ses visiteurs
Il distribue l’argent sans se soucier comme si c’était de l’herbe sèche, et le premier comme le dernier sort de chez lui satisfait et honoré
Cette disposition ne fut jamais donnée avant lui, ni aux Qotbs, ni aux abdels , ni à qui que ce soit
Quant aux autres prodiges de ce Cheikh, elles sont au delà de l’énumération et ne sauraient être limités
O toi qui vénère autant le livre d’Allah, tu vénère certainement plus encore ton Seigneur
Comment peut-on te comparer avec les humains qui ne sont préoccupés que par leur sort et leur bien être alors que tu n’es préoccupé que par ton Seigneur
On te vend le livre d’Allah pour faire face aux besoins de ce monde ci et tu l’achète par amour pour Allah et pour faire provision pour l’au-delà
J’espère par ces vers bénéficier de tes grâces et sans rien préciser de mes besoins obtenir au delà de mes espérances
Qu’Allah augmente sa bénédiction dans tout ce qu’il a mis sous votre dépendance de bien, de bienfaits et de perfection
Serigne Moussa dit en wolof :
Soo feetewoo di ko bindal mu feetéwoo di la dundal
Soo koy bayal di ko bindal musakk nuy bay di la jox
Di la defal can’ ag jigeen labat ko yot la doo ko miin
Ta gaddu say mbir ngane tuun mbaa ngane ngumm ne’m petax

Quelques précisions concernant son rapport avec le Coran :
L’auteur de Minan al baqi al qadim Cheikh Mohammad Bachir dit à propos du Cheikh al Khadim : « Il était incomparable dans la maitrise du Coran sur lui l’agrément d’Allah. Il était le dépositaire du Coran et du Hadith dont il connaissait parfaitement les secrets. Il déversait des variétés de sciences sur ses interlocuteurs à partir des versets coraniques ou des hadiths ».
Le Cheikh mettait la science du commentaire coranique ( tafsir) en deuxième position après la science du Tawhid. Il dit dans Masalik al Jinan :
La science souveraine est sans contestation le Tawhid , d’après le consensus ; puis le commentaire du Coran et ensuite le Hadith ainsi que l’a affirmé Deymani.
Le Cheikh priait le Seigneur :
Accorde Seigneur le commentaire du Coran sans prétention, ni blâme, ni jugement
Il achetait les commentaires du Coran ; et il avait un exemplaire manuscrit du Tafsir de souyouti ( Tafsir al Jalalein) qu’il écrivit en personne avec Cheikh Mbacké bousso.
On rapporta que le Cheikh interdisait à ses disciples de commenter le Coran, mais non point qu’il interdisait d’étudier les commentaires. Il ne voulait pas que le disciple commente de lui-même le Coran sans avoir les compétences requises. A noter que son disciple Cheikh Mohammad Deme a traduit en wolof le Coran et l’a commenté dans « Mawrad a’dham’an fi tafsir al Kor’an ».
Certains versets commentés par Cheikh al Khadim
- « Si Allah t’assigne un malheur, nul en dehors de Lui ne peut l’éloigner, et s’Il te destine du bonheur nul ne peut le détourner ». (sourate Younes 107)
Si Allah t’assigne un malheur, nul en dehors de Lui ne peut l’éloigner : C'est-à-dire que la crainte des créatures ne doit pas te pousser à commettre le péché car si la punition te rattrape nul ne peut te secourir.
S’Il te destine du bonheur nul ne peut le détourner : C'est-à-dire que la crainte des créatures ne doit pas te pousser à négliger tes devoirs religieux car si sa récompense t’arrive nul ne peut s’interposer.
- « Si vous évaluez les grâces d’Allah, vous ne pourrez jamais les inventorier. Allah est bienveillant et clément » (sourate al nahl 18)
Chaque souffle de ta vie est une grâce divine (Si vous évaluez les grâces d’Allah, vous ne pourrez jamais les inventorier). Chaque pas que tu fais est une grâce divine (Si vous évaluez les grâces d’Allah, vous ne pourrez jamais les inventorier). Chaque geste et chaque repos fait partie des grâces divines (Si vous évaluez les grâces d’Allah, vous ne pourrez jamais les inventorier). Nul mouvement ne se fait sans Lui, ou inertie ne se fait sans Lui alors qu’il transcende le mouvement et l’inertie, rien ne lui est semblable et Il n’a pas de pareil.
- « Celui qui se prémunit ( ittaqa) et fait le bien (aslaha) , point de crainte à son sujet et ne sera point affligé ». (sourate al a’raf 35)
Celui qui se prémunit : c'est-à-dire contre la mécréance (kufr) , le libertinage (fousouq) , l’associationnisme (shirk) , ainsi que contre l’illicite ( haram), le détestable ( makrouh) , les futilités (laghw) .
Et fait le bien : C’est- à-dire l’Iman, l’Islam et l’Ihsan ; par les obligations (wajib), le recommandé ( mandoub), le permissible utile ( moubah salih) ; point de crainte à leur sujet dans cette vie, et ils ne seront point affligés dans l’au delà.
L’attention de Cheikh al Khadim envers le Coran
Les écoles coraniques fondées par le Cheikh et ses disciples sont nombreuses. A Touba et ses environs, il y avait plus de mille, depuis Darou al Alim al Khabir, Darou Minan , Darou Qoddous, Darou Mannan, Darou Salam, Guédé, Gouye Mbindé, Sarra man Ra’a, Madiana, Jannat al Na’im, Jannat al Ma’wa, Darou Tanzil et autres.
De nombreuses générations furent formées dans ces écoles et mémorisèrent le Coran et le transcriront. Dans la bibliothèque de Touba, le visiteur pourra consulter les nombreux exemplaires manuscrits du Coran. Il serait même difficile de ne pas trouver dans chaque maison des familles originaires de Touba un ou deux personnes ou plus qui mémorisent le Coran. Il en est de même dans les autres villages fondés par les mourides.
Je mentionnerais quelques exemplaires manuscrits du Coran, surtout ceux qui servirent à l’apprentissage de plusieurs générations.
1- L’exemplaire du Cheikh Moustapha ibn Khadimou Rassoul
2- L’exemplaire du Haj Cheikh Mohammad Fadhel ibn Khadimou Rassoul
3- L’exemplaire de Maimouna al Kubra fille de Khadimou Rassoul
4- L’exemplaire du Cheikh Hamed Lo
5- L’exemplaire du Cheikh ndoumbé Khari Cissé
6- L’exemplaire de l’Imam Haj Serigne Bousso
7- L’exemplaire du Cheikh Abdel Ahad fils du Cheikh Chuaib Mbacké

La généralisation de l’enseignement religieux
Contrairement à ses prédécesseurs sénégalais, Cheikh al Khadim généralisa l’enseignement coranique pour que les femmes comme les hommes puissent y participer. Il commença par ses femmes et ses filles dont certaines furent des modèles par leur compétence coraniques à l’instar de Maimouna al Kubra fille de Khadimou Rassoul.
Le Cheikh exhorta toutes les couches sociales à s’investir dans l’enseignement coranique à tel point que beaucoup excellèrent dans ce domaine, bien que traditionnellement ils ne faisaient pas partie des familles connus pour l’enseignement islamique. Même après le décès du Cheikh, les mourides continuèrent à s’investir dans ce domaine, et le Cheikh Mohammad Moustapha fils de Cheikh Mohammad Bachir inaugura à Porokhane une école pour filles en honneur à Mame Diarra Bousso ( la mère de Cheikh al Khadim). Les élèves sont les homonymes de Mame Diarra Bousso, elles sont généralement au nombre de 400.
Dernièrement, on a recensé 113 filles qui mémorisèrent le Coran dans un délai assez court. Il s’agit d’un exploit à ajouter aux réalisations des autres écoles de Touba et Dakar ainsi que des autres villes qui contribuent à faire participer les filles à l’éducation islamique.
L’application des disciples dans l’enseignement coranique :
On a mentionné que le Cheikh transcrivit personnellement des exemplaires du Coran, en veillant à appliquer ses préceptes et à les enseigner. Il se référait au Coran pour repousser les difficultés ou pour attirer les bienfaits. Ses élèves suivirent son exemple comme il le leur ordonna. Il disait :
Tout mouride qui se rattache à moi doit persévérer sur l’étude et l’application des préceptes du Coran
Il était toujours en compagnie du Coran, et il était toujours accompagné ses voyages par l’équipe consacré au Coran. Tout ce qu’il voulait pour lui et sa famille, il le puisait du Coran.
Le Cheikh Ibrahima (Mam Thierno Ibra Faty) fut le responsable de la famille durant l’exil de son Cheikh, qui était aussi son frère ainé qui l’avait élevé. Il récitait le Coran intégralement une fois le matin et une fois le soir en priant 1000 fois sur le prophète (psl) à chaque fois. Il persévéra sur cela jusqu’au retour du Cheikh en demandant à Allah d’épargner le Cheikh et sa famille de tout péril par la bénédiction du Coran.
La veille de son départ pour affronter les colons, le vendredi 17 safar , il se prémunit par un poème qu’il composa dont le premiers vers est :
Je loue celui qui m’immunise contre la nuisance de satan, des jinns et des humains
Lors de sa rencontre avec le commandant du cercle de Louga Leclerc, le Cheikh récita 50 fois la Basmala, et fut ainsi immunisé. Il récitait constamment en route : « Mon protecteur est Allah qui a révélé le livre, c’est lui le protecteur des vertueux ». (al A’raf 196)
Le Coran était son compagnon éternel, il disait :
Mon compagnon est le livre d’Allah et le prophète élu ainsi que ses compagnons qui m’accompagnent où que je me dirige
Ses fils et ses petits fils sur eux l’agrément d’Allah récurent cette éducation et ils se référent constamment au coran dans toute entreprise.
Les disciples aussi doivent suivre cette directive surtout dans notre époque qui devient matérialiste à outrance et dans laquelle la puissance économique et militaire est entre les mains des ennemis de l’islam. Nous devons nécessairement utiliser les armes qui sont les nôtres et que les ennemis ne peuvent jamais nous prendre, c’est le noble Coran. Nous pouvons repousser les périls et les épidémies qui se propagent dans les pays de l’islam, et aussi neutraliser les manigances des impérialistes et des oppresseurs grâce au Coran et ses préceptes, et même attirer les bienfaits dans nos pays et dans les pays où vivent des musulmans.
Nous avons en le Khalife sidi Mokhtar qu’Allah lui accorde longue vie un exemple patent quand il mit en application l’enseignement de ses parents et ordonna de réciter le Coran pour attirer les pluies indispensables aux récoltes et au bien-être des populations.
Les enseignements de Cheikh al Khadim et ses orientations bénéfiques poussèrent les gens à étudier le Coran et à lui accorder l’importance nécessaire pour bénéficier de ses préceptes, sinon tout le monde serait en train de faire la compétition pour les vanités du monde matériel.
Epilogue
Apres avoir exposé les particularités du Coran et ses bienfaits, puis le rapport des autorités islamiques avec le livre sacré, et l’importance de l’enseignement coranique au Sénégal. Nous avons mentionné les efforts des pionniers dans ce domaine avant de parler de la relation particulière de Cheikh al Khadim avec le Coran (mémorisation, transcription, commentaire, application), et de ses exhortations pour les disciples à faire pareil.
Quel doit être notre rapport avec le Coran ? Nous devons tirer des leçons de la vie de Cheikh al Khadim et de ses enseignements ? Pour cela, nous avons choisi de formuler certaines suggestions :
1- Augmenter le nombre des écoles coraniques pour que chaque quartier puisse en bénéficier.
2- Qu’il puisse avoir un exemplaire du Coran pour chacun, ou du moins dans chaque maison.
3- Réciter au moins trois chapitres (hizb) chaque j

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