11/07/2025
Vices de procédure et favoritisme dans l’octroi des autorisations d’ouverture d’officines et dépôts pharmaceutiques : une crise éthique au cœur du système.
Au Tchad, le secteur pharmaceutique, censé être un pilier de l’accès équitable à la santé, traverse aujourd’hui une crise de confiance profonde. Au cœur de cette tourmente : les conditions d’attribution des autorisations d’ouverture des officines et dépôts pharmaceutiques, où se multiplient les vices de procédure, les dérives corporatistes, le clientélisme, le favoritisme et les passe-droits. Deux institutions censées garantir l’équité et la légalité de ce processus — la Direction de la Pharmacie et l’Ordre National des Pharmaciens du Tchad — se retrouvent accusées d’alimenter, voire de cautionner, un système profondément inégalitaire.
Le secteur pharmaceutique, censé être un pilier de l’accès équitable à la santé, traverse aujourd’hui une crise de confiance profonde. Au cœur de cette tourmente : les conditions d’attribution des autorisations d’ouverture des officines et dépôts pharmaceutiques, où se multiplient les vices de procédure, les dérives corporatistes, le clientélisme, le favoritisme et les passe-droits. Deux institutions censées garantir l’équité et la légalité de ce processus — la Direction de la Pharmacie et l’Ordre National des Pharmaciens — se retrouvent accusées d’alimenter, voire de cautionner, un système profondément inégalitaire.
Une procédure opaque et arbitraire
Théoriquement, l’ouverture d’une officine ou d’un dépôt pharmaceutique devrait répondre à des critères clairs, objectifs et équitables : besoin de couverture sanitaire, profil professionnel, conformité technique et administrative, etc. En réalité, le processus est devenu un véritable parcours du combattant pour les pharmaciens sans réseau ni appui politique ou familial.
De nombreux dossiers déposés restent sans réponse pendant des mois, voire des années, sans aucune notification officielle de rejet ou de suspension. Pendant ce temps, d’autres candidats, moins qualifiés ou sans expérience, obtiennent une autorisation en un temps record. Le dénominateur commun ? Le lien familial ou amical avec un membre influent de la Direction de la Pharmacie ou de l’Ordre des Pharmaciens.
Le rôle ambigu de la Direction de la Pharmacie
La Direction de la Pharmacie, censée être garante de la régulation pharmaceutique nationale, est aujourd’hui pointée du doigt pour sa partialité dans le traitement des dossiers. Plusieurs témoignages font état d’un trafic d’influence au sein même de cette structure. Des documents sont sélectivement validés ou bloqués selon des critères extra-réglementaires, souvent sur la base d’appuis politiques, de recommandations informelles ou de simples affinités personnelles.
Certains fonctionnaires, en violation flagrante de l’éthique administrative, proposent même d’« aider » à faire avancer un dossier moyennant des contreparties financières ou relationnelles. Dans de nombreux cas, les critères techniques sont contournés ou modifiés pour favoriser un candidat prédéfini.
L’Ordre des Pharmaciens : arbitre ou complice silencieux ?
Quant à l’Ordre National des Pharmaciens, son silence et son inaction face à ces dérives soulèvent de sérieuses interrogations. Au lieu d’assurer la défense de l’éthique et des intérêts de tous les pharmaciens, il semble parfois jouer le rôle de filtre ou de verrou d’accès au marché, en fonction des relations internes ou des intérêts de certains membres influents.
Loin d’être un contre-pouvoir, l’Ordre est aujourd’hui perçu par de nombreux jeunes pharmaciens comme un cercle fermé, corporatiste, qui protège ses proches et exclut les voix critiques ou indépendantes. Des candidats ayant osé dénoncer ces injustices se sont même vu menacés, marginalisés ou écartés sous prétexte de «non-conformité » de leurs dossiers.
Des conséquences graves pour la profession et la population
Ce système d’injustice organisée ne nuit pas seulement aux pharmaciens lésés. Il a aussi des répercussions directes sur l’accès aux soins :
- Concentration des officines en zones urbaines déjà saturées, au détriment des zones rurales ou défavorisées, où les besoins sont criants.
- Dépôts pharmaceutiques octroyés à des non-professionnels, mettant en péril la qualité des médicaments vendus et la sécurité des patients.
- Perte de motivation et exode professionnel des jeunes diplômés, découragés par un système injuste et verrouillé.
Appel à la transparence, à la justice et à la réforme
Il est urgent de réformer en profondeur les mécanismes d’attribution des autorisations pharmaceutiques. Cela passe par :
🫧La mise en place d’un comité indépendant de sélection, avec des représentants de la société civile, des syndicats de pharmaciens, et des juristes.
🫧 La publication régulière et publique des critères et décisions d’octroi ou de rejet, avec possibilité de recours équitables.
🫧La lutte contre le népotisme et le clientélisme, avec des sanctions administratives et pénales claires contre tout agent ou membre d’organisme impliqué dans une attribution frauduleuse.
🫧Le renforcement des capacités des jeunes pharmaciens, avec un accompagnement transparent et équitable à l’installation.
La Direction de la Pharmacie et l’Ordre National des Pharmaciens doivent sortir de leur logique de protection de castes et revenir à leur mission première : garantir l’accès équitable à la profession, défendre l’éthique, et protéger la santé publique. Il est temps de rompre avec les pratiques d’un autre âge, où l’amitié, la famille ou l’argent priment sur la compétence et le mérite. L’avenir de la profession pharmaceutique et la confiance des citoyens en dépendent. Cette situation est particulièrement alarmante au Tchad, où le manque de transparence dans la gestion des autorisations pharmaceutiques reflète un climat généralisé de népotisme et d'impunité, affectant gravement la qualité des soins et l’équilibre du système de santé national.
La suite sera explosive. Nous publierons bientôt des éléments irréfutables qui mettent à nu la pourriture qui gangrène l’octroi des autorisations pharmaceutiques au Tchad. C’est un scandale d’État : manipulations, injustices flagrantes et mépris des règles ont transformé ce secteur en repaire de favoritisme et d’impunité.
Ordre National des Pharmaciens du Tchad
Ministère de la Santé Publique du Tchad