18/01/2023
Qui d’entre vous reste scotché, le sourire au lèvres, en écoutant par hasard sur Youtube le son futuriste qui accompagnait la connexion à l’ANCIEN INTERNET ? (Tapez sur Youtube: The sound of dial-up internet). Cette mélodie, digne d’un bruitage de film de science-fiction, était la porte qui nous mène vers la toile. On s’adonnait à des activités variant entre socialisation via les sites de chats, les autobiographies bien rédigées sur les blogs et beaucoup d’autres activités. C’était l’époque du bon vieux 64kbps sans modem. On ne pouvait ni lire des vidéos ni télécharger des fichiers audio faute de connexion rapide. Les téléphones portables commençaient petit à petit à se démocratiser. Avoir son propre “CELLULAIRE”, dont l’écran était capable d’afficher des couleurs, était, chez beaucoup de personnes, un moyen d’assouvir leur envie de se distinguer socialement des autres. Tout ça n'avait pas mis un coup d'arrêt aux soirées familiales ou amicales devant la télévision ou autour d’un album photo qu’on feuilletait pour une énième fois. On voyait apparaître les premiers téléphones munis d’appareils photos presque au même temps que les modems, capables désormais de nous permettre le téléchargement de morceaux de musique ou de gros fichiers vidéo. Il fallait, tout de même, avoir suffisamment de patience à cause du temps fou que prenaient les téléchargements. Les années défilaient les unes après les autres. Les choses évoluent avec une cadence de plus en plus frénétique et exponentielle. La connexion haut débit, permettant la lecture des médias en temps réel se démorcatisait de plus en plus. Les premiers smartphones apparaissaient sur le marché. Les réseaux sociaux avaient fait leur apparition. Au tout début, ces sites et applications étaient dans leur phase embryonnaire et ne permettaient pas les possibilités qui existent aujourd’hui. Il y avait plusieurs sites qui se faisaient la guerre pour attirer un maximum possible d’utilisateurs. À ce moment-là, le fait d’avoir un compte et être actif sur ces sites suffisait à vous rendre “branché” et "intéressant" aux yeux de beaucoup de personnes. Petit à petit, des sites commençaient à cartonner tandis que d’autres subissaient des échecs ou finissaient par disparaître. Nous voilà en décembre 2010. Des vidéos de très mauvaise qualité déferlent sur ces plateformes. Des comptes commençaient à se créer par milliers. Les émeutes de fin 2010 et début 2011 étaient le thème clé dans les réseaux sociaux. Le drapeau de la Tunisie embellit tous les coins dédiés aux photos de profil. Tout le monde partageait, publiait et commentait l’actualité. En Tunisie et dans beaucoup d’autres pays, une page d’histoire était en train de s’écrire. Des personnes étant jusque-là réticentes et sceptiques à l’idée de participer au jeu collectif proposé par les réseaux sociaux, trouvent dans ces derniers une source d’information ainsi qu’un moyen d’expression intéressants. Le flux ininterrompu d’informations, les débats parfois houleux fruits des “nouveaux clivages” et l'atmosphère bouillonnante qui régnait sur les réseaux sociaux commençaient à faire leurs premières victimes. Anxiété, Crises d’angoisse, Frustration due aux débats stériles et le temps monstre passé devant les écrans parfois au détriment du sommeil ne pouvaient pas nous laisser indifférents et nier, de ce fait, les méfaits d’une mauvaise utilisation des réseaux sociaux. Le plaisir que procure un nombre important de “j’aime” ou de ”j’adore” ne devrait absolument pas s’interrompre. Pour cela, presque rien ne comptait. Ce qui laissait beaucoup de personnes gravir l'échelon de la surexposition sur la toile et on voyait de plus en plus de photos et de vidéos de la vie privée qui était, jadis, une forteresse fortement protégée, apparaître sur les réseaux sociaux. C’était pour beaucoup d'entre nous, un passage brutal d’une intimité relativement cloisonnée et opaque vers une extémité parfois sans limites. Plus rien ne nous arrêtait devant la collecte d'interactions. Calomnies, menaces, propos injurieux ou haineux rongeaient de plus en plus les réseaux sociaux. L’afflux d’images choquantes ne s'interrompait pas. Ce qui enracine en beaucoup d’entre nous la certitude de vivre dans une époque dangereuse où l’insécurité, la peur et même le danger d’extinction, pour certains, en sont les étendards. Le syndrome du “Grand méchant monde” décrit par George Gerbner est en passe de devenir le mal du siècle au sein de “l’humanité connectée”. Les problèmes climatiques et sanitaires venaient ensuite pimenter le tableau en attisant l’angoisse et le malaise collectifs…
Je ne suis pas ici pour me permettre de juger les adeptes des réseaux sociaux ou faire le procès de l’outil lui-même. Cette page, dont l’objectif reste purement thérapeutique, n’est pas le terrain pour soutenir les théories de complots ou les thèses peu vérifiables. Après tout, c’est à travers un réseau social que ce texte vous est parvenu. C’est à nous et à nous seuls de placer un tamis qui nous sépare des réseaux sociaux et apprendre, ainsi, à filtrer le flux infini d’informations. C’est bien à nous de détecter les problèmes et les dysfonctionnements qui peuvent évoluer en troubles voire en maladies si on n’intervenait pas à temps. Bon nombre d’entre nous ont franchi le cap de la simple utilisation des réseaux sociaux et ont développé une forme d’addiction qui nuit beaucoup à leur santé mentale. En biaisant le système et les circuits de récompenses, l’utilisation abusive des réseaux sociaux peuvent nous faire éloigner des activités qui contribuaient, jadis, à notre bonheur. Ce chemin des abîmes mène directement vers la tendance à l’isolement social, la comparaison aux autres, l’anxiété, différentes formes d’angoisse ainsi qu’une panoplie de problèmes et troubles liés à la santé mentale. De mon point de vue, couper court, du jour au lendemain avec les réseaux sociaux pourrait être une solution idéale pour beaucoup de personnes. Cela dit, cette dernière est loin d'être LA SOLUTION. Il faut partir du principe que toute substance ou pratique addictogène, en l'occurrence, l’utilisation abusive des réseaux sociaux, doit être accompagnée par un maximum de modération. Pour finir, je vous propose quelques attitudes à adopter au quotidien qui peuvent vous aider à vous affranchir de cette addiction:
-1- Limiter progressivement le temps passé à scroller sur le fil d’actualité des différents réseaux sociaux pour atteindre un objectif de 10 minutes par jour.
-2- Suivre une bonne hygiène de vie (sommeil, activités physiques) parallèlement à la réduction progressive du temps passé sur les réseaux sociaux (Surtout au début du processus).
- 3 - Accéder aux réseaux sociaux uniquement avec un objectif et un temps définis au préalable.
-4- Ne jamais rater une occasion de socialiser, et ce, en privilégiant les contacts directs.
-5- Multiplier les activités surtout celles qui requièrent le partage
-6- Apprendre à respecter les règles qu’on se fixent vis à vis des réseaux sociaux et ne pas hésiter à s’auto-récompenser si on réussissait à les suivre.