Elle se réunissait tous les mois au sein même de la Citadelle où elle s'y développa jusqu'à occuper plusieurs bâtiments (bibliothèque, musée, salle de réunion, etc.). L'Empereur Khai-Dinh en était l'un des présidents d'honneur. Dix-sept personnes assistèrent à la première réunion durant laquelle L. Dumoutier, administrateur des services civils et délégué auprès des ministères de la cour, fut élu Président de l'Association, A. Sallet, savant médecin des troupes coloniales, premier secrétaire et le père Leopold Cadière (1 869-1955), rédacteur du bulletin, poste qu'il occupa jusqu'en 1944. Les Amis du Vieux Hué n'ont jamais été bien nombreux: 429 membres en 1925, année où l'Association atteint son développement maximum. Elle regroupait essentiellement des fonctionnaires français et l'élite cultivée de la société vietnamienne d'alors (avec un pic à40 % en 1920): neuf membres vietnamiens sur dix appartenaient au mandarinat de la cour. Ces quelques lignes de présentation suffisent à mettre en évidence les liens étroits entre les Amis du Vieux Hué et la Cour impériale vietnamienne. L'Association était une petite association savante locale. En effet, il y avait autant de bulletins diffusés à l'extérieur qu'à l'intérieur même de la ville. De plus, sur un total d'environ 540 articles et notices, 93 % sont consacrés à Hué. Mais contrairement au rayonnement de l'association et à la faible diffusion de son bulletin (le maximum se situant autour de 600 exemplaires en 1925), il convient ici de louer la richesse et la diversité de ses centres d'intérêts. De janvier 1913 à juin 1944, l'on compte 123 volumes (121 livres) totalisant 12000 pages de texte, 3200 planches hors-texte et 800 gravures dans les textes. Le Bulletin des Amis du Vieux Hué visait un large public, désireux de s'informer sur les récentes découvertes scientifiques, les données du folklore, la vie quotidienne, les monuments, la religion, l'histoire, la géographie... aucun domaine n'échappe à la curiosité des auteurs. Citons le rédacteur du Bulletin, L. Cadière, qui qualifiant sa publication, ajoutait : "Le Bulletin n'est pas une publication de haute critique, mais plutôt un organe de vulgarisation".