29/07/2025
On ne parle pas assez du fait que nos capacités évoluent.
Et quand on est autiste, c’est encore plus vrai… et encore moins reconnu.
Il y a des choses que je faisais “sans problème” plus jeune,
que je ne peux tout simplement plus faire aujourd’hui.
Pas parce que j’ai perdu de l’intérêt.
Pas parce que je ne fais plus d’efforts.
Mais parce que mon corps et mon cerveau n’ont plus les mêmes réponses.
Avant, passer des heures avec un groupe d’amis, c’était naturel.
Aujourd’hui, même entouré de gens que j’aime, c’est un marathon invisible.
Je ressens tout. J’analyse tout. J’absorbe tout.
Et ça m’épuise, même si je voudrais rester.
J’ai déjà été capable de faire du soutien psychosocial en anglais.
Maintenant, juste m’enregistrer pour un TikTok dans cette langue me vide l’énergie d’une journée.
Mais en parallèle… j’ai développé de nouvelles forces.
Des choses qui me semblaient impossibles avant sont devenues naturelles.
Avant, j’étais dépassé dès qu’il y avait plus d’un projet.
Aujourd’hui, j’en mène cinq de front, avec des systèmes que j’ai bâtis à ma mesure.
J’ai appris à m’écouter, à structurer, à prioriser.
C’est ça, la réalité.
Les capacités ne sont pas linéaires.
Elles ne sont pas fixes. Elles dansent avec notre contexte, notre fatigue, nos apprentissages.
Le vrai problème, ce n’est pas qu’on change.
C’est qu’on nous juge pour ça.
On nous enferme dans des attentes rigides :
« T’étais capable avant, pourquoi plus maintenant? »
« Tu fais ça, donc t’es capable de tout. »
Et on finit par se les imposer à nous-mêmes, ces exigences absurdes.
Mais la vérité, c’est que nos capacités sont vivantes.
Elles montent, elles descendent.
Elles mutent. Elles s’adaptent.
Et si on arrêtait de les voir comme un barème de valeur personnelle,
et qu’on les voyait plutôt comme un reflet de notre humanité en mouvement?
Changer, ce n’est pas régresser.
C’est vivre.