Au centre de la Personne

Au centre de la Personne Service de psychothérapie individuelle
Anxiété, dépression, perfectinnisme, deuil/séparation
Approches: Gestalt; Tcc, thérapie des schémas
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10/13/2020

Deuxième vague: prendre soin de soi et des autres.

Les quelques moments de répit accordés cet été aux plus chanceux d’entre nous ont été beaucoup trop brefs entre les deux vagues de cette crise pandémique. Alors que des milliers de Québécois parvenaient enfin à sortir la tête de l’eau et reprenaient peu à peu leur souffle, cette deuxième vague est revenue frapper la province de plein fouet, ramenant avec elle de bien mauvais souvenirs.

Plus fatigués

La deuxième vague ressemblera-t-elle à la première qui nous a tous pris par surprise au début de cette pandémie ?

En mars dernier, il s’agissait d’un phénomène nouveau et inattendu. Il a fallu se serrer les coudes, se mobiliser, afficher sa solidarité, et quelques arcs-en-ciel !

Si notre stress était grand, notre réserve d’énergie l’était aussi tout au début de cette crise.

Or, après plusieurs semaines de confinement, la fatigue s’accumulait et notre niveau d’énergie diminuait.

Plusieurs recherches démontrent que ce premier épisode ne fut pas sans conséquence : anxiété, dépression, troubles du sommeil, épuisement, consommation plus grande d’alcool, augmentation des douleurs chroniques, etc.

Le retour en force de cette pandémie survient alors que nos connaissances sur le virus sont plus grandes... mais notre fatigue de vigilance et de restrictions l’est également.

Les défis et particularités de cette deuxième vague

En plus de cette fatigue, les effets collatéraux de cette pandémie ont été plus que nombreux : les deuils douloureux, les insécurités financières, les pertes d’emploi, la promiscuité ou l’isolement, sans compter le stress de la rentrée scolaire. Trop vite passée, la saison estivale ne nous a pas permis de recharger pleinement nos batteries après une période aussi éprouvante.

Dans ce contexte, un « reconfinement », même partiel, nous rend forcément moins tolérants, plus irritables, et dans certains cas, agressifs. C’est une chose d’être critique à l’égard des politiciens ou des autorités médicales, mais sur les réseaux sociaux, nous assistons en ce moment à une avalanche de propos haineux, violents, qui démontrent un épuisement généralisé. Et si nous ne prêtons pas attention à cette détresse, ses conséquences risquent de s’aggraver davantage.

S’occuper de soi... et des autres

Ces manifestations de colère et d’impatience doivent nous servir de rappel, et surtout d’invitation à prendre soin de soi. En prenant soin de vous-même, vous contribuerez non seulement à votre bien-être, vous serez aussi plus attentif et à l’écoute de l’autre. Il vous sera alors plus facile de prendre soin de vos proches, et plus particulièrement de ceux qui souffrent encore plus que vous en ces temps difficiles.

Prendre soin de soi signifie notamment de rester actif physiquement et de bouger, surtout à l’extérieur, puis de se détendre, en s’éloignant des sources d’anxiété ou des scénarios catastrophes. Ce qui ne veut pas dire cesser de s’informer, mais de le faire avec modération. Il faut éviter de nourrir notre colère : à péter les plombs pour un rien ou à se battre contre tout le monde. La situation actuelle s’avère suffisamment pénible pour chacun. Alors, pourquoi s’accabler les uns les autres ?

Il ne faut jamais perdre de vue les bienfaits de l’empathie : comprendre l’autre, c’est aussi comprendre qu’il ou elle ne réagira pas nécessairement de la même façon que nous devant un même événement, ou une même directive contraignante.

Changer les choses

À défaut de pouvoir tout contrôler durant cette crise, il faut justement cerner clairement ce sur quoi nous avons du contrôle.

Premièrement, il est possible d’avoir un certain contrôle sur soi et de prendre du recul, et souvent par des gestes simples : se retirer dans sa chambre, aller faire une marche, vivre dans le moment présent et éviter l’anticipation, prendre le temps de respirer, lire, dépenser de l’énergie, avoir une saine hygiène de vie, et surtout se détendre.

Ensuite, on peut aussi avoir du contrôle sur nos actions et se demander, compte tenu du contexte, quels sont les gestes concrets que l’on peut poser pour favoriser notre bien-être, celui de notre entourage, et pour que cela se passe mieux.

Tout cela ne fera pas disparaître la COVID-19, mais nous permettra de cicatriser, lentement mais sûrement, ces blessures ravivées par le souvenir du premier confinement.

Nous avons tiré quelques leçons de cette expérience, qui fut longue et pénible pour plusieurs d’entre nous, mais il ne faut jamais perdre de vue que la suivante aura elle aussi une fin. Et elle sera moins douloureuse à traverser si chacun d’entre nous laisse place au courage et à la bonne humeur plutôt qu’à la mauvaise humeur.

Dre Christine Grou
Présidente de l

10/13/2020

SOCIÉTÉ
LE DÉFICIT DE L’ATTENTION, VU DE L’INTÉRIEUR

MARIE ALLARD
LA PRESSE

Vincent Gagnon, dit Vigg, est un illustrateur au talent reconnu. Il a remporté des prix comme l’American Illustration Award et il a été publié dans le Boston Globe, le New York Times, etc. Dans Ma maison-tête, un album coup de poing publié chez Fonfon, il fait entrer le lecteur dans la vie tumultueuse du petit Vincent. Un garçon qui voit tout ce qui l’entoure – objets, pensées, bruits, odeurs, paroles – comme autant de points colorés, qui l’étourdissent.

Né en 1972 à Ottawa, Vincent Gagnon est fils de diplomate. Il a grandi au Pakistan, en France, au Maroc, en Côte d’Ivoire, en Haïti, etc. « Dans les années 70 et 80, le déficit de l’attention, ce n’est pas quelque chose qui existe, indique-t-il. T’es juste un cancre à l’école. T’es un paresseux, qui ne fait pas suffisamment d’efforts. » Une condamnation sans appel, qui fragilise les enfants comme Vincent.

« Les gens avec un trouble de déficit de l’attention [TDA] sont les moins paresseux du monde, affirme l’illustrateur. Ils travaillent, ils travaillent, on ne voit juste pas les résultats. C’est ce qui est troublant. »

DIAGNOSTIC TARDIF

C’est à 34 ans que Vincent Gagnon a eu un diagnostic de trouble de déficit de l’attention, « après une fin de vingtaine et un début de trentaine vraiment hors de contrôle, relate-t-il. Je me disais : “Je ne peux pas continuer à vivre comme ça, ça ne marchera pas.” Ensuite, je suis passé à travers des phases, comme pour tous les gros évènements de la vie. Le déni, le deuil, la colère… Je suis allé chercher de l’aide et ma vie a basculé de façon positive, après ça. »

La prévalence du TDA chez l’adulte serait d’environ 4 %, comme le rapporte la spécialiste Annick Vincent. C’est utile d’avoir un diagnostic si t**d ? « Oui, répond Vincent Gagnon. Un enfant qui a traîné cette balafre sur l’estime de soi toute son enfance, il n’est pas réparé une fois adulte. »

« Avoir un diagnostic, c’est quelqu’un qui te dit : “T’es pas paresseux, t’as une différence physique dans ton cerveau.” Ce n’est pas de ta faute. Et tu peux encore aller chercher de l’aide. »

— Vincent Gagnon

HYPERFOCUS

Quelle aide est offerte aux adultes ? « Tu peux apprendre l’organisation, la gestion des émotions, la perception du temps, répond Vincent Gagnon. Chez la personne avec un TDA, il y a souvent un revers, qui est l’hyperfocus. Tu peux t’asseoir et faire ce que tu aimes pendant huit heures, sans aller faire p**i. C’est pas pire ! Mais il faut trouver ce que tu aimes. Si tu ne trouves pas, parce que tu es tout désorganisé et que tu n’as aucune aide, cette énergie risque d’aller vers des choses inutiles ou destructrices. »

« C’est dans les extrêmes, poursuit Vigg. Souvent, je suis plein de bonne foi, mais je n’arrive pas à trouver la porte d’entrée organisationnelle pour faire quelque chose. Je vais gosser de huit à dix heures et ça ne donne absolument rien. Exemple : on vient de déménager avec ma famille. C’est l’enfer, je peux passer une journée à faire une boîte ! S’organiser dans la vie, c’est aussi avoir une conjointe qui dit : “T’es bon dans plein d’affaires, on va te mettre là-dessus, et moi, je vais m’occuper des affaires dans lesquelles t’es moins bon.” »

Les atouts de Vincent Gagnon ? « Je suis fort pour conceptualiser, simplifier les idées, vulgariser, répond-il. J’aime beaucoup la science. Je suis aussi fort pour construire des choses avec mes mains. On n’est pas obligés d’être bons dans tout, dans la vie. C’est le fun, si t’es bon dans une ou deux affaires, de leur donner du temps et de l’énergie, pour essayer d’exceller. »

OUVRIR LES YEUX

Ma maison-tête, un album de 71 pages, fait comprendre comme jamais la vie d’un enfant avec un déficit de l’attention. « C’est tellement sensible et visuel comme approche », décrit Véronique Fontaine, éditrice chez Fonfon, qui a accepté le projet très personnel de Vigg.

On saisit comment le personnage peut être à la fois hyper vigilant et perdu dans son monde, ce qui semble contradictoire.

« Imagine-toi que tout dans la pièce où nous sommes en ce moment t’arrive au même plan. Il n’y a aucune hiérarchisation. Ça va finir par t’engourdir, forcément, parce que c’est comme un continuum d’information qui va vers toi. Un mouvement concentrique. »

— Vincent Gagnon

Ma maison-tête « va ouvrir les yeux à plein de monde, souhaite l’illustrateur. Si on peut ouvrir les yeux aux parents d’enfants avec un déficit d’attention et aux adultes qui l’ont et qui ne le savent pas… »

Le but n’est pas de les changer – ni de les guérir – par magie. « C’est juste une prise de conscience », fait valoir Vincent Gagnon, qui est la preuve inspirante que l’accomplissement de soi est possible avec un déficit de l’attention. « Je dis au petit bonhomme : “T’es pas obligé d’être comme tout le monde. T’as le droit d’exister, faut juste t’aimer un peu, pour trouver ta voie à toi.” »

Touchante pagaille

En classe, Vincent doit réciter Le corbeau et le renard. Il est incapable de dire un mot de cette fable, qu’il connaît pourtant. « Il y a tellement d’élèves, de meubles et d’objets… Tant de choses qui tournent autour de moi… C’est la pagaille », décrit le garçon. Émouvant, cet album autobiographique fait entrer dans la tête d’un enfant qui vit avec un trouble du déficit de l’attention (TDA). À lire, pour ressentir ce qu’est la vie avec le TDA – et mieux accompagner tous les Vincent.

04/05/2020

« Trouve le verbe de ta vie, pas le métier mais le verbe »
De Sarah Roubato
Salut,
Je te rassure, si je t’écris, ce n’est pas pour te faire la leçon. En fait, j’aimerais plutôt m’asseoir sur un banc avec toi et t’écouter. Mais je sais que tu as beaucoup à faire. Mais si tu as quelques minutes pour la lire, peut-être qu’elle t’aidera. Du moins je l’espère. D’abord je voudrais m’excuser de t’appeler ado. Je déteste les catégories, en particulier celles des générations. Ce n’est pas parce que tu es ado que tu n’es pas une personne à part entière, un citoyen, un consommateur, et qu’à ce titre, tu devrais avoir toute ta place dans les débats publics et dans les discussions “d’adultes”.
Trouve le verbe de ta vie
Qu’est-ce que vous voulez faire plus t**d ? Voilà des années qu’on te pose cette question. Et pour celui qui te la pose, cela ne se réduit qu’à une seule chose : ton métier. On te demande quel métier tu veux faire sans même t’avoir présenté toutes les possibilités, puisque voilà dix ans qu’on t’enseigne les mêmes matières à l’école. Moi j’aurais une autre question à te poser.
Quel est le verbe de ta vie ? Pas le métier, non, le verbe. C’est lui qui va tracer les chemins de ta vie. Oui je dis bien les chemins, car dans le monde de demain, avoir plusieurs chemins de vie, de carrière, de métier, ne sera pas réservé aux atypiques. J’en rencontre tous les jours : des ingénieurs qui deviennent boulanger, des comédiens qui deviennent pilote, des avocats qui deviennent activiste dans une association.
À toi qui changes d’avis, qui n’es pas sûr d’être un littéraire ou un scientifique – comme si les deux étaient incompatibles ! – on te dira que tu devrais te décider. Et si on regardait ça autrement, en se disant que ceux qui s’intéressent à des domaines différents, qui sont capables d’aller de l’un à l’autre, qui savent s’adapter à de nouveaux contextes, à d’autres manières de faire, sont des multi-potentialistes. Des gens qui amèneront le savoir qu’ils ont acquis dans un domaine dans un autre. Des gens qui ouvrent les horizons, qui fabriquent de nouveaux potentiels. Mais il y a quelque chose qui rend logique leurs bifurcations : leur verbe.
Bertrand Piccard est un psychiatre et aviateur suisse. Il a inventé le premier avion qui vole avec énergie solaire. Cet homme a soif d’innovation et d’aventure, il aime scruter les domaines inexplorés et il respecte la nature. S’il n’avait pas rencontré un avion un jour, il aurait pu être spéléologue, photographe sous-marin, sauveteur d’animaux sauvage. Dans ce qu’il aurait fait, il aurait cherché l’innovation et l’aventure. Ton métier est au service de ton rêve.

Saïd Bennajem a été champion de France de boxe, vice-champion d’Europe de boxe et sélectionné aux JO de Barcelone.
Il a créé la boxe féminine française et enseigne aux enfants, en leur proposant un soutien scolaire dans une salle au-dessus du ring à Aubervilliers. Si Saïd n’avait pas rencontré la boxe, il n’aurait pas raté sa vocation. Non, il aurait simplement fait ce qu’il veut faire – se dépasser, se battre dans le respect, transmettre – dans un autre domaine, avec la même rage, la même discipline, la même sueur, le même courage d’inventer quelque chose qui ne se fait pas.

Kiran Bedi est une femme indienne qui a introduit la méditation dans les prisons. Cette femme cherche à changer les systèmes. À y amener de l’écoute, de soi et des autres. Si ça n’avait pas été les prisons, elle aurait pu changer les écoles ou bien les hôpitaux. Les contextes dans lesquels tu fais ce que tu as à faire sont le fruit des accidents de la vie, des rencontres, du hasard, des circonstances. Peu importe que ce soit dans une entreprise, une association, une forêt, une école ou une scène, tu feras toujours ce qui te correspond, si tu trouves ton verbe.

Si le verbe de ta vie c’est aider, tu pourras autant être avocat, médecin urgentiste ou travailler dans une ONG. Si c’est transmettre, tu pourras être enseignant aussi bien que journaliste ou comédien. Veux-tu découvrir des choses (archéologue, historien, chimiste, biologiste) veux-tu en inventer (ingénieur, magicien) veux-tu les exprimer (écrivain, musicien, artiste), les analyser (éditorialiste, analyste politique, sociologue) ? Veux-tu soigner, guérir, protéger, défendre ? Bien sûr, après, il faut affiner. Trouver la matière dans laquelle ton verbe va agir : les mots, le corps, l’image, la nourriture, les animaux. Chacun est plus ou moins sensible à une matière. Tu peux être un inventeur génial de jeux vidéo ou de pâtisseries. Tu peux combiner tes savoir-faire : créer des jeux vidéo et en faire la musique, sculpter tes pâtisseries en œuvres d’art. Et puis il faut se poser aussi la question de ton mode de vie : veux-tu des horaires fixes ou irrégulières, veux-tu rester au même endroit ou bouger, travailler à l’extérieur ou dedans ? Et enfin, mais peut-être surtout, savoir au service de quoi tu mets ton verbe : du système capitaliste de production de richesse qui met en compétition les individus, qui détruit la terre et ses êtres vivants, ou bien d’un autre système basé sur le respect du vivant et l’entraide ? Dans les deux, tu pourras te faire valoir, te dépasser, innover. Tu peux exercer le même métier pour servir deux visions du monde totalement opposées. Demain, le métier ne sera pas nécessairement le centre de nos vies. Il faut trouver un métier qui te fasse vivre et qui te laisse vivre.
Un métier qui nous laisse le temps d’apprendre, de découvrir, de nous émerveiller, de vivre avec les autres. Qui nous permette d’habiter le temps au lieu de lui courir après.
Prends le temps de te tromper !
Oui je sais, j’avais dit que je ne donnerais pas de conseils, j’avoue que j’abuse un peu. Mais laisse-moi t’en donner un qui va peut-être te surprendre : prends ton temps de te tromper. Tu as le droit de te tromper. Si tu ne le fais pas avant trente ans, tu le feras quand ? Mais il y a une chose que tu n’as pas le droit de faire: tricher avec ton rêve. Un jour j’ai rencontré un homme qui était musicien, il avait du succès, et puis une nuit – tu sais, une de ces nuits où les objets qui nous entourent ont l’air de nous demander ce qu’on fait là – une nuit il a quitté une vie qui ne lui ressemblait plus. Il a vendu sa maison, fermé ses comptes en banque, et il est parti vagabonder le pays. Cet homme pose une question, qu’il a mis des années à trouver : Qu’est-ce que j’ai fait pour mon rêve aujourd’hui, et en quoi s’occupe-t-il de la beauté du monde ? Pose-toi cette question tous les jours !
Et surtout ne vas pas croire que certains rêves valent mieux que d’autres, sous prétexte que les chemins sont déjà tracés à l’école. On voudrait te faire croire que les sciences, les maths, le français, la philo, l’histoire, sont plus importants que la musique, le sport, l’art, le théâtre, la couture, le bricolage, la cuisine, et tous les autres domaines qui n’ont pas leur place à l’école, ou une si petite place. N’as-tu jamais regretté que ces domaines soient considérés comme des loisirs ou des passe-temps ? Regarde autour de toi : l’art, le sport sont considérés comme des divertissements, des loisirs à consommer le weekend. Dans d’autres sociétés, ils sont le centre même de l’apprentissage et du développement de chaque personne. Toi et moi savons très bien que le système éducatif ne te propose qu’un éventail très restreint de toutes les possibilités qui s’offrent à toi.
Si tu crois qu’un diplôme suffira à atteindre un métier… mais je suis sûre que tu ne crois déjà plus à ce mythe. Tu sais bien qu’il faut du réseau, des connaissances dans le milieu, bien se présenter, la chance, le carnet d’adresses. Bien sûr dans certains domaines, tu vas galérer un peu plus pour trouver une place. Parce que justement le système ne t’aura pas tracé un chemin. Tu devras te le tracer toi-même. Tant mieux ! Il sera plus beau. Bien sûr ça te demandera encore plus de travail, de peine et de discipline, mais au moins, tu n’auras pas triché avec ton rêve.
Si les études t’offrent un chemin direct vers ce que tu veux faire, vas-y. Mais n’oublie pas d’aller voir comment ça marche dans le monde, dans le concret. Va voir les gens qui pratiquent ce métier, parle avec eux, demande-leur de venir visiter leurs locaux, leur bureau, propose ton aide. Prends une année au milieu de tes études pour connaître comment ça marche, ici et dans d’autres pays. Je t’ai dit que je n’aimais pas les catégories d’âge. Toi non plus, peut-être. Alors fréquente des gens plus âgés que toi. Quand un expert voit un p’tit jeune débarquer et dire je veux apprendre ce que vous faites, montrez-moi, s’il voit dans tes yeux assez de confiance et d’envie, s’il voit que tu t’obstines et que tu es prêt à travailler, je te garantis que ce qu’il va partager avec toi vaudra tous les cours du monde. Quand tu reviendras en classe après, tu en sauras beaucoup plus que ceux qui n’auront fait que suivre des cours pour avoir des notes pour avoir un diplôme. N’oublie pas aussi que tu as le droit de bifurquer, de prendre d’autres chemins, à trente ans, à quarante ans, quand tu veux ! Ce n’est pas à toi de plier tes envies pour qu’elles rentrent dans les cases du système. C’est à toi d’utiliser ce que la société t’offre pour réaliser ton rêve. Un rêve qui, je l’espère, s’occupera de la beauté du monde. Tu te demandes peut-être ce que j’ai fait pour parler comme ça. Tu t’imagines que j’étais une de ces élèves qui ne savaient pas ce qu’ils voulaient faire. En fait c’est le contraire. J’ai toujours su ce que je voulais faire – écrire, exprimer les puissances endormies que les gens gardent en eux – et j’étais très bonne élève. Les voies m’étaient donc toutes tracées, les voies royales.
Seulement à chaque fois j’ai bifurqué, car je n’ai jamais fait de compromis avec mon rêve. Je voulais aller voir derrière l’école, la formation, le diplôme, vers quoi on m’emmenait. Alors je ne te dis pas de ne pas faire d’études, je te dis simplement que tu auras le droit de changer, d’explorer d’autres horizons, d’apprendre et de te former autrement. Et l’un des meilleurs outils pour ça, ce sont les langues.
Offre-toi tous les horizons !
Tu vas peut-être me dire que tu n’aimes pas l’anglais, que tu es nul en espagnol, que c’est trop dur l’allemand. Ça te saoule les listes de vocabulaire à apprendre et les phrases à remplir. Comme je te comprends ! Mais que ça ne te décourage pas d’apprendre une langue ! On peut ne pas aimer les cours de langue. On ne peut pas ne pas aimer parler et comprendre une autre langue. Pouvoir regarder des films avec tes acteurs préférés et entendre vraiment comment ils parlent, comprendre les paroles des chansons que tu aimes, pouvoir utiliser des logiciels en anglais, écouter les infos d’autres pays, et ne pas se sentir con quand on voyage et qu’on demande son chemin ! Une langue, c’est une porte ouverte sur une autre manière de penser, c’est comme si d’un coup tu doublais la surface de ton horizon. Tu verras alors ta société, ton pays avec un œil nouveau.
Toi consommateur, tu as un pouvoir immense
Je sais que tu es bien plus sensible que la génération de tes parents à la destruction de la planète. Je ne sais pas si dans ton quotidien tu y participes, ou si tu fais déjà des choix pour limiter ton impact. Sache que tu as un pouvoir immense : tu es consommateur. C’est pour toi que de grandes industries pillent les ressources, détruisent des forêts, rendent des enfants malades, exploitent des travailleurs, maltraitent des animaux. C’est pour ton bon plaisir. Oui, tu es aussi responsable. Il suffirait que les gens arrêtent d’acheter pour que ça ne se fabrique plus. Bien sûr on se sent minuscule.
Tu peux ne plus consommer du Nutella, en mettant dans la balance le plaisir que tu en tires et les horreurs que ça crée. Mais le rayon du magasin en sera toujours plein. D’accord. Mais sans ton premier geste, il n’y en aura pas d’autres qui suivront ton exemple. Et si on mettait bout à bout tous les pots de Nutella que tu auras avalé, combien de palmiers, combien de cris d’orang-outans et d’hommes et d’enfants dont les villages sont brûlés cela représente ? Tu es assez grand pour avoir une conscience et pour être fier de ce à quoi tu participes. Tu as la chance de vivre à une époque où des milliers de chercheurs, d’ingénieurs, d’inventeurs, trouvent d’autres manières de faire, d’autres produits qui respectent le vivant. Le changement de société se fait dans le minuscule et dans le grandiose. Dans le geste dérisoire d’un homme au Pays Bas qui se met à nettoyer la berge d’une rivière où il passe tous les matins, et dans le projet démentiel d’un ingénieur de dix-neuf ans qui invente un filtre pour nettoyer les océans.
À ton tour, écris une lettre
Ce que tu as en toi est immense, parce qu’il n’est pas encore dessiné. Tu es un bouquet de potentiels. Ne laisse jamais rien ni personne l’écraser. Je regrette qu’on ne te demande pas plus souvent ton avis pour exprimer ce que tu ressens par rapport au monde et à demain. Alors, si tu as le temps, si tu en as envie, je te propose une expérience. D’écrire à ton tour une lettre, une lettre à un destinataire qui ne peut pas te répondre. Lettre à quelque chose que tu as en toi, à ce qui t’est extérieur, à un animal, un objet, une personne disparue. Qu’on leur dise que tu es autre chose qu’une boîte qu’on gave de savoir. Quelqu’un qui pense le monde, qui le rêve, qui le dit et qui fera le monde de demain.
Choisi le verbe….

02/25/2020

ET SI LA CRISE DE LA QUARANTAINE PERMETTAIT DE DEVENIR SOI-MÊME ?

Bien vivre la crise de la quarantaine
Judith Petitpas
Éditions de l’Homme
192 pages

CATHERINE HANDFIELD
LA PRESSE

Tout a commencé en septembre 2018, quand Judith Petitpas a appris que son poste, au travail, changerait. Elle passerait d’employée à travailleuse autonome.

Judith Petitpas allait bien, elle était en harmonie avec ses choix professionnels et comblée par son nouveau rôle de mère. Qui plus est, ce changement de poste n’aurait pas un grand impact sur son quotidien. Et pourtant…

« Ça m’a vraiment propulsée dans une espèce de remise en question beaucoup plus large », raconte Judith Petitpas, qui s’est mise à réévaluer toutes les sphères de sa vie. Elle avait 42 ans. « Je me suis dis : ben voyons donc, c’est donc bien fort, qu’est-ce qui se passe ? Est-ce que ça existe, la crise de la quarantaine ? »

Ses recherches lui ont permis de conclure que oui, il s’opère bel et bien une transition en milieu de vie, entre la trentaine et la cinquantaine. Et que cette période – une crise pour certains, une transition plus en douceur pour d’autres – s’avère souvent positive.

« L’objectif, entre guillemets, de passer à travers ça, c’est qu’il y a quelque chose de très beau qui en ressort en fin de compte, assure Judith Petitpas, dont le livre Bien vivre la crise de la quarantaine vient d’être publié. Ça devient moins forçant de vivre, d’être au travail, d’être en relation. On devient beaucoup plus près de qui on est réellement. »

Judith Petitpas, qui détient une maîtrise en travail social et un baccalauréat en anthropologie, a mis un mot sur le processus qui lui semble central dans la transition vécue au milieu de la vie : l’individuation, un concept défini il y a plus de 100 ans en psychanalyse. On a passé la première moitié de sa vie à se construire en fonction du regard des autres pour faire partie de groupes d’appartenance ; on a maintenant assez de maturité pour faire les choix pour nous.

Jocelyne Bounader, psychologue clinique et psychothérapeute, voit elle aussi cette période de la vie comme une « chance » de prendre conscience des choix qu’on a faits, des rôles qu’on a joués. Rôles qui, parfois, ne nous conviennent plus.

« Pour qu’il y ait un changement quand la situation ne nous plaît pas, il faut qu’il y ait un inconfort, un déséquilibre. Et certaines personnes sont prêtes à essayer de comprendre ce qui se passe. »

— Jocelyne Bounader

Le mitan de la vie n’est pas un long fleuve tranquille, rappelle Judith Petitpas. Le corps vieillit, la ménopause et l’andropause pointent à l’horizon, les enfants gagnent de l’autonomie, les parents en perdent. Des proches tombent malades, d’autres meurent…

« On a toujours su qu’on est mortels, mais là, ça devient une évidence, résume Jocelyne Bounader. Et ça devient une évidence que, si on ne veut pas que la deuxième moitié de sa vie ressemble à la première, c’est le moment ou jamais. »

VIVE LE BASEBALL !

C’est souvent un événement qui provoque la transition de milieu de vie. Pour Patrice Derome, qui l’a vécue en douceur, ç’a été d’écouter à la télévision le match des Blue Jays de Toronto qui marquait le retour ponctuel du baseball au Stade olympique de Montréal, en mars 2014.

Une cascade de souvenirs et d’émotions l’a emporté, laissant sur leur sillage l’envie irrépressible de retrouver cette passion oubliée quelque part dans le tourbillon de la vie. Patrice Derome allait jouer au baseball.

« J’étais quand même bon en sport en général, dit l’homme de 51 ans. Et je me disais qu’à l’âge où j’étais rendu, je pouvais encore me permettre d’apprendre de nouveaux sports et de me dépasser en les pratiquant. C’était maintenant ou jamais. Je n’attendrais pas encore cinq ou dix ans. »

Sa femme était « un peu sous le choc », convient-il. « Ça arrivait du champ gauche ! »

Patrice Derome s’est inscrit à des cours (« avec des jeunes de 10 à 16 ans », précise-t-il en riant) et a mis sur pied une équipe, qui entame cet été sa sixième saison.

« Ça me permet d’être dans un milieu plus masculin, parce que je suis constamment dans un milieu féminin avec mes trois filles, ma femme et ma famille. » Le baseball lui procure aussi un sentiment de fierté.

TOLÉRER L’INCONFORT

Si certaines personnes sont prêtes à essayer de comprendre ce qui se passe en elles, d’autres croiront que les autres sont responsables de leur mal-être, constate Jocelyne Bounader.

« “Si je change de conjoint ou de conjointe, j’irai mieux.” “C’est à cause de mon travail.” Parfois, c’est le cas, mais pas toujours, rappelle la Dre Bounader. C’est pour ça qu’il est important de prendre le temps de bien comprendre ce qui se passe avant de décider quels changements faire. »

Bref, il faut tolérer l’inconfort pour mieux le comprendre, l’accueillir, sans prendre de décisions de façon impulsive.

Certains finiront par prendre des décisions majeures. D’autres feront de petits changements imperceptibles aux yeux des autres, mais significatifs, note Judith Petitpas : intégrer une activité qui donne du sens à leur vie, laisser tomber certaines habitudes, mieux s’affirmer, faire la paix avec des aspects de soi, pardonner.

Ou même « renouveler ses vœux » envers son travail, son conjoint, sa famille et ses amis, comme l’a fait Judith Petitpas au terme de sa transition de milieu de vie.

01/08/2020

Les séquelles de l’exploitation sexuelle

Marie-Pier participe à un groupe de soutien offert par la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle, un organisme montréalais qui vient en aide aux femmes ayant vécu un lien avec la prostitution.

« J’assumais pleinement ce que je faisais, mon entourage le savait… mais je ne mesurais pas les conséquences que ça aurait sur moi aujourd’hui », laisse tomber Marie-Pier d’une voix douce, presque effacée. L’intervenante Barbara Rondiat l’écoute, le regard rempli de compassion.

CATHERINE HANDFIELD
LA PRESSE

Nous sommes dans les locaux de la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES), un organisme montréalais qui vient en aide aux femmes ayant vécu un lien avec la prostitution. Marie-Pier fait chaque semaine l’aller-retour Sherbrooke-Montréal en autocar pour participer à un groupe de soutien offert par la CLES.

Lundi, TVA diffusera le premier épisode de la deuxième saison de Fugueuse. Quatre ans se sont écoulés depuis que F***y a dénoncé Damien, son proxénète. « Même si, aux yeux de ses parents et de ses proches, F***y a réussi à tourner la page, bien des fantômes la hantent encore », écrit la production dans le synopsis. Jean-François Ruel (Damien) et Ludivine Reding (F***y) dans Fugueuse

Des fantômes, Marie-Pier, 27 ans, en a elle aussi.

Issue d’une famille dysfonctionnelle, Marie-Pier a abouti en centre jeunesse à l’âge de 14 ans. Des filles, au centre, faisaient des fugues.

Vers 16, 17 ans, j’ai commencé à faire des fugues moi aussi, et je me suis embarquée dans des histoires de prostitution avec ces filles-là. Pour avoir un lieu où dormir, manger. Survivre, au fond.

Marie-Pier

Une fois adulte, Marie-Pier s’est tenue à l’écart du milieu pendant cinq bonnes années, mais à l’aube de ses 24 ans, lassée de devoir toujours emprunter de l’argent à ses proches pour boucler ses fins de mois (son état de santé précaire l’empêchait d’occuper un emploi à temps plein), Marie-Pier est descendue à Montréal pour s’informer auprès d’une agence d’escortes.

Elle venait de remettre le pied dans un engrenage qui la mènera, deux ans plus t**d, au plus bas.

Les conséquences de la prostitution
Nadine Lanctôt, professeure titulaire en psychoéducation à l’Université de Sherbrooke, a suivi, jusqu’à l’âge adulte, quelque 125 filles placées en centre jeunesse. Elle voulait entre autres savoir si les filles impliquées dans des activités de prostitution à l’adolescence (pas moins de 56 % de son échantillon) rencontraient plus de difficultés à l’âge adulte.

La réponse est sans équivoque. « Il n’y a probablement aucune autre variable dans ma base de données qui donne des effets aussi négatifs, résume la professeure. La prostitution ajoute une couche de souffrance sur à peu près tous les symptômes qu’on évaluait à l’âge de 20 ans. » Les résultats ont été publiés en 2018 dans le rapport La face cachée de la prostitution. Nadine Lanctôt les a récemment présentés devant la Commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineurs.

9 % : Proportion des femmes de l’étude qui avaient un diplôme d’études secondaires au début de l’âge adulte parmi celles qui avaient vécu une forme de prostitution à l’adolescence.

Les symptômes traumatiques (anxiété, évitement de lieux ou de personnes, dissociation) font partie des séquelles. Nadine Lanctôt souligne que des femmes lui ont raconté une violence inimaginable — viols, séquestrations, gang bang. « Ces conséquences-là ne disparaissent pas par magie quand les filles quittent le milieu de la prostitution, dit-elle. Elles vont persister dans le temps et faire boule de neige, parce que ça va affecter à peu près toutes les sphères de leur vie. » L’estime de soi, les relations interpersonnelles et le développement identitaire sont aussi touchés.

Marie-Pier connaît trop bien ces conséquences.

J’ai un diagnostic de choc post-traumatique depuis que je suis jeune, mais les mauvaises expériences avec les clients ont fait revenir des souvenirs de mon enfance. Certains événements ont créé d’autres traumas.

Marie-Pier

L’hiver dernier, elle a perdu le contrôle de sa santé mentale. Anxiété, automutilation, trouble alimentaire, idées suicidaires ; Marie-Pier a dû être hospitalisée pendant deux mois.

Si elle va mieux aujourd’hui, loin de ce milieu, elle ne sort pratiquement pas de chez elle, de peur de croiser d’anciens clients qui l’ont violentée et menacée. Elle sort uniquement pour participer aux groupes de soutien. Elle a aussi créé un groupe d’entraide sur Facebook, nommé Survivantes de l’exploitation sexuelle du Québec.

Lors de notre rencontre, Marie-Pier a refusé de voir un aperçu des photos que La Presse a prises d’elle. Elle nous a confié qu’elle déteste se regarder.

Reconstruction

Ginette Massé, directrice générale de la Maison de Marthe, souligne à quel point des femmes peuvent être perdues quand elles veulent sortir de la prostitution. « Elles ne savent plus où aller, elles n’ont souvent plus de liens familiaux, elles sont traquées par les proxénètes. Elles sont mal en point physiquement, psychologiquement. Et elles sont polytraumatisées. »

Leur besoin principal : se reconstruire. Il existe des services d’aide, comme les organismes communautaires spécialisés (dont la CLES et la Maison de Marthe), le projet Sphère, à Montréal, et celui des Survivantes, du Service de police de la Ville de Montréal.

Sur le terrain, il y a beaucoup d’efforts déployés, et à bout de bras, parce qu’il n’y a malheureusement pas assez de ressources et de financement.

Nadine Lanctôt, professeure titulaire en psychoéducation à l’Université de Sherbrooke

Sa recherche conclut qu’il n’existe pas de service spécialisé capable de prendre en charge l’ensemble des problématiques auxquelles ces femmes peuvent être confrontées, à commencer par un service d’hébergement spécialisé. La Maison de Marthe, à Québec, travaille sur un projet qui devrait lui permettre d’héberger des femmes dès l’automne 2021.

S’il reste du travail à faire, Nadine Lanctôt se réjouit néanmoins du « vent de changement » au Québec. Les initiatives qui visent la reconnaissance de l’exploitation sexuelle se multiplient. Et l’émission Fugueuse, dans un sens, participe à cette évolution. « Comme citoyenne, je peux être témoin que cette fiction-là a permis d’en parler, constate la professeure. Combien de jeunes ont pu avoir une discussion avec leurs parents ou avec leurs amis à ce sujet-là ? Ça, à mon sens, c’est déjà beaucoup. »

Capsules vidéo

Tous les lundis soir après les épisodes de Fugueuse, l’Université de Sherbrooke diffusera sur sa page Facebook et sur sa chaîne YouTube des capsules vidéo pour vulgariser les conséquences de l’exploitation sexuelle. L’équipe de Nadine Lanctôt a produit un total de 10 capsules d’environ deux minutes chacune.

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Saint-Jean-sur-Richelieu, QC
J3B2Y7

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