
22/09/2022
Je porte en moi ce sentiment de profonde solitude.
L'impression d'avoir été brutalement arrachée au monde des vivants.
Bloquée dans une sorte d'entre deux, enfermée derrière mes yeux.
Mes yeux comme un miroir sans tain.
Je regarde le monde suivre son cours avec l'impression d'en être séparée, exclue.
Dans l'ombre, irrésistiblement attirée par ce qui se passe de l'autre côté.
Je me sens comme la lune qui ne fait que réfléchir la lumière du soleil.
J'ai appris que l'effet du miroir sans tain ne fonctionne que si les personnes voulant observer sans être vues se trouvent dans une pièce sombre par rapport à une autre pièce mieux éclairée.
Ne serait-ce donc qu'une question de lumière ?
Je tâtonne dans le noir à la recherche d'un interrupteur, une allumette... quelque chose qui puisse m'éclairer.
Je me prends les pieds dans le tap*s. Mes mains se heurtent à des objets tranchants. Il y a par ci par là de jolies surprises, un objet plus doux, plus enveloppant.
Mais toujours rien pour éclairer la pièce.
En moi, le désespoir grandit mais aussi une colère gronde... comment font ils donc ?
Pourquoi je n'y arrive pas ?
Cette colère, j'en ai peur.
La violence qu'elle contient.
Celle là même qui m'a éjectée hors du monde.
Je l'étouffe en moi. Je bloque les cris dans ma gorge.
Je m'épuise.
Mon corps n'a plus la force.
Je m'effondre.
Collée au sol, mon oreille perçoit une vibration, un battement régulier.
Les larmes jaillissent et inondent mes joues.
Un fil s'illumine. Il part de mon ventre et il me relie au monde.
Ce fil traverse le miroir, comme s'il n'existait pas.
Je ne comprends pas.
Il y a un crépitement, une étincelle comme un feu qui cherche à se rallumer.
J'inspire profondément après une si longue apnée. Le souffle gonfle mon ventre.
L'air attise les braises.
Et là je réalise que je suis ma propre lanterne.
Art : fluegelchen